Que s’est-il passé à Tizi Rached ?
La plupart des titres de la presse nationale ont rapporté, cette semaine, des informations sur une incursion terroriste qui a eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche dans la ville de Tizi-Rached (wilaya de Tizi-Ouzou), au cours de laquelle une agence postale et une banque ont été attaquées et un policier assassiné. L’information sur les actes terroristes, devenue depuis bientôt deux décennies quasiment une rubrique permanente dans la presse nationale, et qui n’est que sporadiquement relevée par les médias publics, semble devenue des plus banale. Elle est banalisée à tel point que, souvent, depuis quelques années, ceux qui la collectent et les journaux qui la diffusent ont de plus en plus tendance à ne lui accorder qu’une importance secondaire pour ne pas dire marginale. Il ne peut pas être mieux fait comme total mépris pour le lecteur à qui elle est censée être adressée. Et au-delà, ces journaux font tout comme pour montrer qu’ils n’ont pas conscience qu’ils sont également une source incontournable autant pour les observateurs du phénomène terroriste aujourd’hui que pour les historiens et chercheurs dans le futur. Le souci de vérité et de crédibilité n’est pas uniquement une question de déontologie professionnelle mais également un élément structurant, peut-être le plus déterminant, pour la mémoire d’un peuple. Et sur ce plan, la presse a un devoir qu’elle devrait s’interdire de négliger. L’incursion terroriste de Tizi-Rached de cette semaine présente, pour certains journaux qui l’ont traitée sur le plan de l’information, un cas de figure où ils ne semblent pas s’être inquiétés du risque qu’ils encourent de s’embarrasser vis-à-vis de leurs lecteurs qui se sont intéressés à la «nouvelle». Celle-ci porte sur «un groupe important de terroristes» venus à bord de «plusieurs véhicules» investir le centre-ville de Tizi-Rached d’où ils ont chassé les noctambules pour s’attaquer à une agence bancaire vide qui n’était plus en fonction depuis des années et à une agence postale dans le voisinage immédiat en s’en prenant à son coffre-fort avant de tout faire exploser et déguerpir les mains vides, non sans avoir assassiné d’abord et délesté de son arme un policier qui passait dans la rue. Le tout sans que personne ne les inquiète. Que les faits se soient ainsi déroulés, bien que paraissant peu vraisemblables, pourrait être admis, mais que les journaux, qui en ont fait état, ne cherchent pas, à défaut, d’apporter des réponses aux interrogations que ne manqueraient pas de se poser leurs lecteurs, au moins à s’interroger eux-mêmes sur cette facilité déconcertante de circulation détonante, pétaradante et explosive des terroristes sans inquiétude aucune, c’est cela le problème. L’hypothèse avancée par certains selon laquelle cette incursion aurait été un piège tendu aux forces de sécurité qui l’ont déjoué en se retenant d’intervenir, plus que courte, est maladroite. Pour beaucoup moins, et parfois pour rien, on le voit tous les jours, ces mêmes forces sont réellement et systématiquement présentes, à la moindre alerte, même quand elle est fausse. La question reste toujours posée: Que s’est-il passé à Tizi Rached?
Mohamed Issami
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Posté Le : 06/03/2008
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com