Algérie

Analyse du jeudi



Lutte antiterroriste: des succès, mais... Devant la série fructueuse des opéra-tions des forces de sécurité depuis la fin de l’été dernier qui a mis fin à nombre d’»émirs» parmi les dirigeants centraux et régionaux ou locaux de l’ex-GSPC, il y a assurément quelque chose qui semble avoir changé dans la lutte antiterroriste. A quelques exceptions près, les résultats n’ont jamais été aussi féconds, même dans les habituels ratissages de grande envergure, engagés avec des moyens gigantesques en hommes et en matériels, souvent dans des conditions extrêmement pénibles et éprouvantes. Vraisemblablement, cette stratégie opérante dont les conditions de la réalisation n’ont pas été possibles auparavant et qui ont fini par être réunies, va continuer à se maintenir et aboutir encore à des résultats probants pendant quelque temps, le temps que mettra l’ex-GSPC pour se redéployer en tenant compte des exigences de cette nouvelle situation. D’une part, pour mettre fin à la saignée qui le vide de ses dirigeants et, d’autre part, pour revenir à son agenda dont il n’est plus lui-même le concepteur. De cet agenda, l’ex-GSPC n’est que l’exécutant depuis son affiliation officielle à Al-Qaïda en janvier dernier et qui, depuis, s’est déjà traduite par des actions criminelles jusque-là non envisagées. C’est le cas du recours aux attentats kamikazes, aux attentats de masse sous prétexte de cibler des objectifs stratégiques et même un attentat contre le président de la République. Cette orientation nouvelle de l’organisation terroriste s’inscrit, elle-même, dans une perspective qui s’étend à différentes régions dans le monde dont elle reçoit les influences tout en y contribuant par ses propres apports. Par rapport aux années précédentes, l’ex-GSPC peut compter, aujourd’hui, sur l’assistance de tous les partisans du djihadisme à travers le monde qui font de son terrorisme le leur. Ces derniers, beaucoup moins investis dans le soutien au GIA, en son temps, qu’ils ne le sont au profit du GSPC actuellement, ont ressenti sa fin comme la leur propre. Comme un échec de l’idée même de «djihad», voire de tout le «mouvement islamiste» pour certains. Ils ont commencé par adopter pendant longtemps une attitude de «réserve» par rapport au GSPC, plus précisément durant les premières années de sa création, du fait qu’il était issu de ce même GIA. Mais en suivant progressivement son évolution, ils ont graduellement changé d’opinion jusqu’à en devenir partisans. Cela a amené Al-Qaïda de le parrainer avant d’en faire, finalement, sa tête de pont dans cette région du monde qu’elle cherche à embraser à travers les appels publics de Zawahiri, sans compter les messages qui ne le sont pas. Les résultats de la lutte antiterroriste, enregistrés ces derniers mois dans différentes régions du pays, ne sont pas négligeables. Mais aussi importants qu’ils soient, ils ont surtout abouti à élaguer des branches renouvelables, y compris par des greffes amenées d’ailleurs. Depuis son premier «émir national» en titre, désigné en avril 1999, Abdelmadjid Dichou dit Abou Mos’âb, abattu par les forces de sécurité quatre mois après, le GSPC, alors qu’il n’était que lui-même, reposant sur certains réseaux fortement disloqués hérités du GIA, a pu sans grandes difficultés se régénérer malgré les coups douloureux de boutoir et la pression jamais relâchée de la lutte antiterroriste. Aujourd’hui qu’il est devenu une pièce maîtresse pour Al-Qaïda dans la région, la perte de certaines parties de son ossature le gênera considérablement dans son évolution et ne lui sera très probablement pas décisive. A moins de revoir de fond en comble tout ce qui va de travers dans la République. Il n’y a pas une autre solution.


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