Algérie

Analyse du jeudi



Un autre jalon pour Al-Qaïda au Maghreb Au moment où la présence de terroristes d’origine libyenne est confirmée parmi des groupes de l’ex-GSPC dans certains maquis frontaliers, notamment dans la wilaya de Tebessa, suite à leur élimination et des arrestations par les forces de sécurité à la fin du mois dernier qui viennent s’ajouter à des cas similaires durant l’année en cours, Al-Qaïda est montée au créneau pour annoncer l’adhésion en son sein de l’organisation terroriste libyenne, jusque-là fantomatique, le «Groupe islamique combattant libyen» (GICL). Par la voix de son numéro deux, Ayman Zawahiri, dans un enregistrement audio diffusé sur Internet, l’organisation de Ben Laden a propagé ce ralliement, confirmé dans le même message par celui qui se présente comme son «émir» sous le nom de Abou Leyth Al-Libi. Cette annonce, diffusée au début de cette semaine (le 3 novembre), est venue confirmer ce qui avait été avancé dans ces mêmes colonnes jeudi dernier (1er novembre), à savoir que la présence de terroristes libyens en Algérie n’était pas le résultat d’initiatives personnelles d’individus ou d’une action d’organisations existantes en Libye, mais relevait d’un agenda arrêté par Al-Qaïda à un niveau central où sont présents des dirigeants terroristes originaires de ce pays. L’annonce de l’adhésion du GICL à Al-Qaïda signifie que cette vieille organisation terroriste, dont il n’est presque rien resté en Libye après son démantèlement entre 1995 et 1997, n’a jamais désespéré de se reconstituer et de reprendre du service. Pour mémoire, le GICL a été créé en 1990 à Peshawar par des «Afghans libyens» et n’a annoncé officiellement son existence qu’en 1995. Mais entre-temps, déjà au début de 1993, il s’est directement impliqué dans le terrorisme en Algérie, avec notamment un membre de son «conseil consultatif» et de sa «commission militaire», connu sous le nom de Abou Miadh, et d’un autre terroriste connu sous le nom de Abou Ouabça qui a rejoint le maquis du MIA de Chebouti et Saïd Makhloufi, avant d’être abattu en 1994 alors que le premier est aussitôt reparti. Mais au cours de cette même année 1994, qui a connu une «unification» de toutes les organisations et groupes armés (sauf l’AIS) sous l’égide du GIA, en coordination avec des représentants de ce dernier à Khartoum (Soudan) où était alors installé Ben Laden, un premier groupe important du GICL est venu prêter main forte pour détruire l’Algérie. Il était dirigé par un de ses fondateurs, Fethi Salah Ben Slimane dit Abderrahmane Hattab (ancien dirigeant d’un camp d’entraînement en Afghanistan, à Jalalabad, qui portait son nom et qui sera abattu en 1997 en Libye) et un autre cadre du nom de Abdellah Omar qui sera abattu presque aussitôt arrivé en Algérie. Deux autres groupes le suivront durant l’année 1994, parmi lesquels des terroristes affiliés directement à Al-Qaïda. Ces groupes étaient souvent constitués de dirigeants du GICL, pour la plupart «Afghans libyens», qui entraient directement d’Afghanistan où ils continuaient à disposer de camps qui leur étaient propres ou via le Soudan où ils disposaient carrément d’une base arrière qu’il ne cachait pas, et parfois via le Maroc. Le glas a commencé à sonner pour la présence du GICL au sein du GIA dans le sillage des dissidences qu’a connues ce dernier en 1995/1996 et de sa déconfiture organique qui a coïncidé avec le retour de Ben Laden en Afghanistan. Nombre de Libyens sont tombés dans les opérations de la lutte antiterroriste des forces de sécurité. Les autres ont été liquidés dans les purges menées par le GIA dans ses rangs et les survivants ont dû fuir surtout vers l’Afghanistan tombé alors entre les mains des Talibans, rejoints de plus en plus par les rescapés de la répression que subissait leur organisation en Libye même jusqu’à son total effacement dans ce pays. L’annonce de son adhésion à Al-Qaïda, le 3 novembre dernier, signifie qu’elle n’a jamais entièrement disparu et que Ben Laden, qui a regroupé autour de lui ses principaux dirigeants, tient plus que jamais à ce qu’elle renoue avec son parcours interrompu en 1996. Avec l’ex-GSPC qui, lui, est déjà acquis, c’est un deuxième jalon qu’il s’offre pour consolider ce qu’il espère être Al-Qaïda au Maghreb. Il s’agit de ne pas se faire d’illusions. Comme il a tenté de le faire dans les années 1990, le GICL sera plus tenté de prêter main forte contre l’Algérie que de sévir dans son pays sous prétexte qu’il ne peut y monter des maquis importants du fait de la configuration géographique. D’autant plus qu’il n’a pas attendu son adhésion à Al-Qaïda pour voir ses terroristes renforcer l’ex-GSPC.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)