Algérie

Analyse du Jeudi



Al-Qaïda en Algérie, 4 mois après Aujourd’hui, Al-Qaïda boucle ses quatre mois, jour pour jour, de présence en Algérie. C’est en effet le 24 janvier dernier que l’organisation terroriste -qui portait le nom de GSPC à sa création le 17 septembre 1998- a annoncé par communiqué, diffusé sur Internet, qu’à compter de ce jour, elle porte le nom de "Organisation Al-Qaïda au Maghreb islamique". Le GSPC avait auparavant noué un lien organique avec Al-Qaïda sans que l’on sache précisément à quelle date. Mais Al-Qaïda, par la voix de Zawahiri, dans un enregistrement vidéo diffusé par la chaîne de télévision satellitaire qatarie, et sur instruction de Ben Laden, selon la déclaration de ce dernier, a annoncé l’adhésion en son sein du GSPC en la qualifiant de "bonne nouvelle". Au cours des quatre mois qui se sont écoulés, entre la date de l’entrée officielle à Al-Qaïda et sa "mutation" en son représentant direct à l’échelle du Maghreb, le GSPC a innové dans son terrorisme par rapport aux pratiques criminelles qui lui sont connues jusque-là. Tout en poursuivant ses actes sanguinaires à travers des embuscades, faux barrages et autres attentats à l’explosif et enlèvement de citoyens avec leur libération contre de fortes rançons, il s’est distingué par deux nouveaux types d’attentats. D’abord l’utilisation de véhicules piégés (Reghaïa et Dergana, en octobre), suivie de l’assassinat ciblant les étrangers (Bouchaoui, en décembre). Pour mémoire, le premier attentat à la voiture piégée du GSPC (ciblant une centrale électrique à Hamma, Alger) remonte à juin 2004, dans la semaine qui a suivi l’élimination de son "émir national" Nabil Sahraoui dit Mustapha Abou Ibrahim. Et le ciblage des ressortissants étrangers était totalement évacué de l’agenda de l’organisation. L’assassinat de quatre citoyens russes en zone forestière à Annaba en janvier 2001 ne semble pas avoir été planifié intentionnellement en les visant en tant que tels et n’aurait épargné quiconque se serait aventuré dans ces lieux à cette époque. D’autant plus qu’en ce moment, la question d’élargir les attentats contre les étrangers n’était pas tranchée au sein du GSPC. En est témoin son recours à un des "oulémas jihadistes" pour lui produire une fetwa, en l’occurrence le Syrien Abou Bassir Et-Tartoussi qui le lui a interdit. Mais, après l’arrivée de Nabil Sahraoui à sa tête, le GSPC s’est lui-même prononcé sur la question par l’intermédiaire de sa "commission légiste" en septembre 2003 dans un document de 27 pages. Et bien que ce même Nabil Sahraoui ait lui-même signé un communiqué en juin 2004 annonçant la "Guerre contre les étrangers" (c’est le titre du communiqué) en Algérie, il s’est retenu de faire le pas qui n’a été franchi par son successeur qu’en décembre dernier, à la suite de l’adhésion du GSPC à Al-Qaïda, contre une entreprise américaine. Il est difficile de se retenir de penser s’il ne s’agissait pas d’un gage qui lui a valu d’être "promu" en branche maghrébine d’Al-Qaïda, dans le mois qui a suivi. Toujours est-il, durant ces quatre mois, l’ex-GSPC a tenté de reproduire les nouveaux types d’attentats qu’il a entamés avec son adhésion à l’organisation terroriste de Ben Laden. C’est-à-dire l’assassinat des étrangers (des ressortissants russes et ukrainiens, en mars dernier) et le recours à la voiture piégée. Et en ce qui concerne cette dernière méthode, il n’hésite pas d’y ajouter une "touche" personnelle comme pour une démonstration de force en osant une synchronisation et une simultanéité des attentats, à la même heure en plusieurs lieux différents. Ce fut le cas pour le double attentat de Reghaïa et Dergana qui a été reproduit le 11 avril dernier à Alger et Bab Ezzouar, précédé par la revendication de six voitures piégées dans six endroits différents, le 13 février. Cette même synchronisation est tentée dans certains actes terroristes contre des barrages et/ou édifices des forces de sécurité comme les dix-huit attaques (selon la revendication) de la nuit du 28 février au 1er mars dernier. Et la dernière innovation a été le recours aux premiers attentats suicides que l’"Organisation Al-Qaïda au Maghreb islamique" a annoncés dans son communiqué de revendication des explosions du 11 avril, en soulignant que c’est le type d’attentat qui sera désormais privilégié. On l’a compris, la principale différence est que, depuis février dernier, tous les attentats sont revendiqués par Al-Qaïda comme étant ses propres crimes contre l’Algérie, les Algériens et leurs hôtes étrangers.


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