Algérie

Analyse du Jeudi



Le terrorisme se fissure Selon un relevé établi à partir de la presse nationale, le terrorisme s’est manifesté dans le pays durant le mois de février qui vient de s’achever dans vingt-six communes à travers dix wilayas où il a été enregistré trente-six actes criminels. La wilaya la plus exposée reste celle de Boumerdes avec treize actes terroristes dans huit communes, suivie de celle de Tizi Ouzou qui en a connu onze dans neuf localités. Toutes les autres wilayas touchées, deux au centre du pays (Aïn Defla et Blida), trois à l’est (Jijel, Batna et Tebessa) et une à l’ouest (Sidi Bel-Abbès) n’ont pas connu plus d’un acte et dans une seule commune pour chacune d’elle sauf pour la dernière citée où ont été enregistrés deux crimes dans deux localités. Si tous les crimes terroristes sont ignobles, rien ne peut suffisamment condamner ceux qui ont ciblé des citoyens parmi les plus fragiles de la société: un vieux berger (retrouvé égorgé) qui faisait paître un troupeau de moutons qui sera d’ailleurs volé et une femme qui collectait du bois pour des besoins de chauffage domestique en cet hiver rigoureux dans la région et qui a été blessée par une bombe artisanale.Parmi les actes criminels enregistrés durant ce mois, certains, comme dans la commune de Bouarfa (Blida) ou Aïn Zaouia (Tizi Ouzou), n’ont été que des tentatives ratées mises en échec par les forces de sécurité et étouffées dans l’œuf, avant qu’elles n’aient pu connaître un début d’exécution. Le premier s’est soldé par l’arrestation d’un groupe terroriste qui était en cours de planification d’attentats dans la ville de Blida et, dans le second, on envisageait une attaque du cantonnement de la garde communale qui, grâce à sa riposte, a fait fuir les assaillants. La plupart des autres actions se résument à des bombes artisanales qui ont explosé dans des zones forestières au cours de ratissages alors que d’autres ont été désamorcées et, évidemment, ces crimes abjects contribuent à décrédibiliser le discours pompeusement «justicier» du GSPC aux yeux mêmes de ces sympathisants et parrains, comme cette bombe artisanale dans les vestiaires d’un stade à Beni Choud ou l’assassinat d’un ancien élu communal qui n’est plus en fonction depuis 2000 dans la même commune. Il reste, néanmoins, que ce mois de février a été marqué par la série d’attentats de Tizi Ouzou et Boumerdes, revendiquée le jour même par Al-Qaïda qui venait de signer, par l’intermédiaire de l’ex-GSPC, son premier acte d’agression contre l’Algérie. Mais comme à quelque chose malheur est bon, ces attentats ont été directement ou indirectement à l’origine de la sortie du groupe des «Hoummat ed-Da’âwa es-Salafiyya» (HDS) dirigé par Mohamed Ben Slim qui s’est démarqué du GSPC. Il a déclaré, à travers des tracts placardés à l’ouest de la wilaya de Tipaza, n’avoir jamais rallié aucune autre organisation (entendre ni le GSPC ni Al-Qaïda) depuis sa scission avec le GIA (en 1995). Il a ainsi mis fin aux supputations des uns et des autres soutenant qu’il a intégré le GSPC. Cette déclaration, qui est passée inaperçue, est une perte de taille pour la filiale algérienne d’Al-Qaïda qui voit son espoir de s’adjoindre l’ex-El-Ahoual se fissurer et perdre sa prétention de devenir l’unique organisation terroriste présente sur le terrain en Algérie. Mais cette même sortie de Mohamed Ben Slim dit Abou Djaâfar El-Afghani qui, pour l’occasion, s’est «rebaptisé» Abou Djaâfar Es-Salafi, et qui, rappelons-le, date de la semaine qui a suivi les attentats du 13 février de Tizi Ouzou et Boumerdes, signifie qu’il revendique que la «salafiyya» n’est pas un monopole de l’ex-GSPC et son tuteur qaïdiste. Elle est également un message aux éléments du GSPC qui ne voient pas d’un bon œil l’assujettissement de leur organisation à Al-Qaïda dans l’éventualité de les récupérer. Le même tract des HDS a revendiqué tous les actes terroristes commis cette dernière période dans les wilayas de Tipaza et Aïn Defla, se limitant ainsi un territoire où le GSPC qui, Al-Qaïda aidant, se veut désormais «maghrébin», n’est pas le bienvenu. Mine de rien, la situation se présente sous forme d’une guéguerre qui semble se préparer et qui ne dit pas encore son nom.


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