Algérie

Analyse du jeudi



L’engrenage infernal La série d’attentats qui a secoué les wilayas de Tizi-Ouzou et Boumerdès sont l’aboutissement logique de la mutation du GSPC depuis son allégeance déclarée à Al-Qaïda à la fin de l’été dernier et de filialisation officielle en tant que branche armée à vocation maghrébine depuis le début de l’année en cours. Cette même logique commande que cette série d’attentats ne peut en aucun cas être un fait isolé de toute une stratégie hégémonique, sans doute prétentieuse mais bien réelle, qui constitue, à la fois les soubassements et les objectifs que s’est fixés Al-Qaïda au moment même où elle s’est constituée en 1989 en intégrant dans son majlis ech-choura un «Afghan» algérien. Il serait mortel de se faire des illusions sur les visées de Ben Laden sur l’Algérie en les minimisant. Surtout qu’aujourd’hui, il a enfin trouvé sur qui s’appuyer à travers les dirigeants du désormais ex-GSPC et de la chair à canon qui leur est restée fidèle. Déjà, tout jeune encore, au début des années 1980, il se nourrissait de la littérature et des prêches de celui qui fut son mentor, le Frère musulman palestinien Abdellah Azzam, sur l’Algérie en qui il voyait la «mécréance» à l’état pur du fait de ses choix politiques. Devenu le principal argentier et patron de la multinationale du crime religieux, il n’a eu de cesse de trouver sur place un relais pour «islamiser» à sa manière et sous ses ordres. Toutes ses tentatives ont connu l’échec avant de se vassaliser le GSPC. Désormais, il va tout faire pour rattraper le temps perdu depuis le début des années 1990, d’autant que depuis cette époque —on le sait aujourd’hui à travers des déclarations d’autres partisans moyen-orientaux d’Al-Qaïda— il voulait faire de l’Algérie une base pour frapper ailleurs.La série d’attentats de mardi dernier n’est pas un fait qu’il s’agit de percevoir à travers l’activité terroriste habituelle du GSPC. Cela amènerait à observer le nouveau contexte à travers une lucarne. La réalité est qu’il s’agit d’un algorithme complexe aux ramifications nombreuses et enchevêtrées qui s’étalent sournoisement à travers le Maghreb et se prolongent vers l’Europe de l’ouest. Les attentats de ce mardi, au-delà de tout alarmisme, sont l’inauguration d’un engrenage infernal qui profitera du moindre interstice dans la vigilance pour provoquer un effet de contagion dans les autres régions du pays, dans la zone maghrébine et au-delà, afin de mettre en exécution les menaces récurrentes d’Al-Qaïda qui, à défaut de rééditer un 11-Septembre, ici ou là, est tentée de multiplier des scénarios à l’irakienne. Autrement dit, si les attentats de ce mardi, comme précédemment ceux de Reghaïa et Dergana, ont délibérément été programmés durant la nuit et éviter ainsi des carnages qui en auraient résulté s’ils avaient été commis de jour, cette tendance risque de ne pas durer. Le qui-vive des forces de sécurité pour prévenir et parer à ce type d’attentats risque fatalement de pousser les sanguinaires à trouver des cibles plus faciles et à moindre frais. Et ce ne sont pas les fetwas de leurs commanditaires pour légitimer les plus horribles carnages qui font défaut. En ciblant un certain nombre de communes, spécifiquement dans deux wilayas où l’ex-GSPC a une présence relativement accentuée, il aurait pu programmer non pas une demi-douzaine d’attentats du même calibre mais beaucoup plus. S’il ne l’a pas fait, il est fort probable qu’il cherche à focaliser les regards sur cette région afin de se donner une relative liberté de mouvement ailleurs où cela serait médiatiquement plus rentable pour lui. Et éventuellement, plus encore. Qu’à Dieu ne plaise.


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