Algérie

Analyse d?impact de l?accord d?association



Une baisse des prix pour celui qui ne sera pas... chômeur Ce mois-ci marquera l?entrée en vigueur de l?accord d?association. Les appréhensions faites autour de cet accord démontrent, dans une large mesure, le degré de son impact sur les différents agents économiques. En effet, si on prend les chefs d?entreprises, leurs appréhensions sont fondées sur la concurrence à laquelle ils auront affaire face aux produits importés. Ces importations, déjà concurrentielles du fait de leur qualité, verront leur attractivité s?améliorer par la baisse de leurs prix. En effet, la suppression ou la réduction des droits de douanes perçus sur ces produits pourraient « gommer » le différentiel de prix qui existait - avant cette date - entre le produit local et le produit importé. Le corollaire de cette concurrence est la disparition de certaines activités et de ce fait un perte d?emplois pour les ménages. Si ces nouveaux chômeurs ne trouvent pas rapidement un créneau d?activité dans lequel ils pourraient se reconvertir, on verra certainement une augmentation du chômage, déjà assez élevé. D?un autre côté, le ménage algérien pourrait profiter de cet accord du fait de la baisse des prix qui s?ensuivrait suite à la suppression/réduction des droits de douanes. Cette baisse des prix viendrait de deux directions : une baisse directe du prix du produit importé et une baisse indirecte du prix du produit local suite à la baisse du coût de la matière première importée. Bien sûr, cette baisse n?est intéressante que pour le ménage ayant réussi à sauvegarder son emploi ! Le troisième agent économique qui aura à subir les effets de cet accord est l?Etat. A très court terme, les recettes fiscales se trouveraient réduites. Mais d?un autre côté, l?Etat aura à bénéficier des dispositions contenues dans cet accord du fait que l?administration centrale publique est un gros consommateur de biens importés. Ce qui précède relève de l?intuition. Ce que nous proposons dans cet article est une tentative de mesure de cette « intuition ». Les chiffres qui suivront ne sont que des ordres de grandeur des directions que pourront suivre les coûts de production et les prix à la consommation finale. Malheureusement, notre étude ne donne ni une estimation des pertes fiscales subies par l?Etat ni une estimation directe de l?emploi perdu. Néanmoins et comme on le verra dans la suite de cet article, nous donnerons une indication des secteurs d?activité qui auront à souffrir de cette ouverture. Une dernière précision, notre travail n?a de validité que pour les deux premières années de mise en ?uvre de l?accord, c?est-à-dire la période 2006-2008. Avant d?exposer les résultats de notre travail, il est utile de revenir sur l?accord et sa logique. Le tableau 1 ci-dessous résume les dispositions de l?accord selon la nature des produits et leur poids dans les importations algériennes. L?un des buts de l?accord est de mettre en place progressivement une zone de libre-échange. A travers le tableau 1, il apparaît clairement que cet objectif annoncé est recherché. En effet, dans un premier temps, il est prévu de démanteler en totalité (annexe 2) ou en partie (annexe 3, annexe « Autres... » et protocole 2) les matières premières, les demi-produits et certains produits agricoles transformés. Dans un second temps, ce sont les taxes et droits de douanes perçus sur les produits finis qui s?en trouveraient annulés ou réduits. La première période ne pourra être bénéfique pour les entreprises algériennes que si celles-ci réduisent leurs prix de vente final dans les proportions permises par la réduction induite par la suppression ou la baisse des droits de douanes. A qualité égale, le produit local serait normalement moins cher. Il est utile de noter que près de la moitié des importations algériennes sont détaxées dès la mise en ?uvre de l?accord ! Le droit de douanes, moyen perçu sur l?ensemble des importations algériennes, est d?environ 11%. Ce droit tombera dès la mise en ?uvre de l?accord à 7,4%, soit une baisse de 3,6 points de pourcentage. Cette diminution se poursuivra à un rythme de -0,6 point de pourcentage chaque année avec un pic de -0,7 point de pourcentage pour la période 2011-2013 ( voir graphique ci-contre). Pour ce qui est de l?impact de l?accord, on s?attend - toutes choses égales par ailleurs - à une baisse du coût de la production de l?ordre de 7% pour l?ensemble de l?économie nationale. Sous l?hypothèse que les chefs d?entreprises répercutent cette baisse dans la structure de leurs coûts, on s?attend à une baisse des prix à la consommation finale des ménages de l?ordre de 8,4%. Ce qui précède est une moyenne pour l?ensemble des branches de l?économie nationale (au nombre de 72). Il existe bien sûr des disparités entre branches. Pour avoir une idée plus détaillée, nous avons reconstitué le tableau 2 ci-dessous. Sous l?hypothèse que les importateurs répercutent la baisse du droit de douanes dans leur prix de vente final, le produit final importé pourrait voir son prix baisser d?un tiers. Le produit final local ne baisserait que de moins d?un dixième (7%). Dans un but d?avoir une idée plus précise sur l?effet de ce démantèlement tarifaire, nous avons calculé - dans la 6e colonne du tableau 2 - le rapport (R) entre la baisse du prix du produit final importé et la baisse du prix du produit final local. A priori, et sous l?hypothèse que le produit local est de qualité égale à celle du produit importé, on aurait trois situations possibles : n le produit local est moins « cher » que le produit importé. La branche productrice de ce bien pourrait « résister » à la concurrence étrangère. n à qualité égale, le consommateur est ballotté entre deux produits. L?arbitrage ne se fera que sur la base d?éléments non économiques (campagne de consommation de production locale, sauvegarde d?emplois nationaux, préférences pour le « made in », etc.). n le produit importé est moins cher que le produit local. La concurrence serait fatale pour les branches produisant ce bien. En se basant sur ce critère et sur les onze secteurs répertoriés dans notre travail, un seul secteur - les industries diverses - présente un rapport inférieur à l?unité ( ). Comme on sait que ce secteur n?est pas stratégique et remplit le rôle d?un « fourre-tout » dans une nomenclature des activités et des produits, les craintes suscitées par la mise en place de la zone de libre-échange (ZLE) sont fondées. Deux secteurs seulement - textiles et cuirs ô présentent une valeur unitaire de ce rapport ( ). Ces deux secteurs pourraient résister à condition de mettre sur le marché local des produits de qualité égale que ceux d?origine importée ; ce qui pourrait constituer une hypothèse assez forte. En effet, l?effet « qualité » pourrait facilement contrebalancer l?effet « prix », surtout pour certains produits de consommation finale comme les chaussures, les produits de la maroquinerie et de l?habillement. La fin de l?accord multifibres (AMF) compliquera encore plus cette situation. Le reste des secteurs - au nombre de huit - présentent des valeurs du rapport largement supérieures à l?unité. Le différentiel le plus prononcé se situe au niveau du secteur « matériaux de construction, verre et céramique » et le secteur « mines et carrières » avec des valeurs respectives de 10,7 et 7,7. Pour le secteur des mines et carrières, la concurrence pourrait être atténuée par le bienfait de certains investissements réalisés ces deux dernières années. En effet, si on prend l?industrie du ciment, l?investissement réalisé par le groupe égyptien Orascom dans la wilaya de M?sila pourrait produire les mêmes externalités positives que celles observées dans la sidérurgie avec l?entrée du groupe indien Ispat. En somme, on remarque qu?il y a certains gains relatifs à la mise en ?uvre de l?accord d?association (baisse des prix). Néanmoins, nos calculs démontrent que le faible taux d?intégration de notre industrie la rend vulnérable à tout choc extérieur. Sur les onze secteurs répertoriés dans le tableau 2, il n?y a qu?un seul secteur qui présente une production locale moins chère que la production étrangère (industries diverses). L?avenir proche nous dira notre si notre mesure est correcte ou pas. J?espère me tromper !


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)