Algérie

Analyse - 1993-2006



La France du GIA au GSPC Le 4 novembre 1993, il y a treize ans, les autorités françaises ont lancé l’opération à laquelle ils ont donné le nom de code de «Chrysanthème» contre les milieux islamistes algériens, dans la région parisienne, soupçonnés d’accointances avec le GIA. Jusqu’à cette date, l’Algérie, désespérément seule et isolée, faisait face à un terrorisme qui s’est répandu comme une traînée de poudre d’un bout à l’autre du pays. La communauté internationale n’avait d’oreille que pour les propagandistes du FIS qui se lamentaient sur leur sort du fait de l’interruption du processus électoral en janvier 1991 par la «junte militaire» qui leur avait barré la route et empêché leur ascension vers la prise du pouvoir et l’instauration d’un «Etat islamique». Mitterrand, alors président de la République française, avait considéré cette action salutaire comme un «acte pour le moins anormal ». Mais la France et le reste du monde n’allaient pas tarder à prendre quelque peu conscience de ce qu’est réellement l’intégrisme islamiste. En effet, le terrorisme qui sévissait en Algérie a commencé, dès l’automne 1993, à cibler les ressortissants étrangers résidant dans le pays. Tout au long de la décennie, près d’une centaine sera assassinée dont une trentaine de Français.Les premiers assassinats ont visé des Français, deux géomètres, qui travaillaient dans la wilaya de Sidi Bel-Abbès (le 21 septembre). Ils sont suivis par un enlèvement de trois agents consulaires français le 24 octobre 1993. A cette époque, et même plus tard, la propagande islamiste relayée par des milieux naïfs ou mal intentionnés, aussi bien à Paris qu’ailleurs, ont accusé l’Etat algérien d’être derrière ces actes criminels «pour faire pression» sur Paris pour l’obliger à ne plus le soutenir. Il se trouvera même des militaires félons déserteurs et «exilés» dans des capitales occidentales qui donneront même des noms d’officiers algériens qui, selon eux, étaient derrière l’enlèvement des agents consulaires. Mais, comme la vérité finit toujours par triompher, ce sera un «émir» appartenant d’ailleurs au FIS, (Ali Benhadjar), s’étant retiré du GIA pour fonder sa propre organisation terroriste (LIDD), au début de 1997, et, en l’annonçant dans un document-communiqué, qui est revenu sur cet épisode pour le revendiquer au nom de celui qui fut son auteur et qui a été, entre temps, abattu par les forces de sécurité: Tadjine Mahfoud dit Abou Khalil, un des hommes de main les plus cruels de la djaz’ara qui a fait une formation et un entraînement chez le Hezbollah libanais. Et beaucoup plus tard, en juillet 2005, un des mentors et idéologue du GIA, le Syrien Omar Abdelhakim dit Abou Mos’âb Es-Souri, révèlera dans un communiqué où il a béni les attentats du même mois à Londres, qu’il a lui-même, en 1993, recommandé à l’»émir» d’alors du GIA (Cherif Gouasmi dit Abou Abdellah Ahmed) de s’en prendre aux intérêts français de manière à pousser la France à intervenir en Algérie et lui faire subir ce qui est arrivé à l’Union soviétique en Afghanistan. L’opération «Chrysanthème» et son prolongement a fini par dévoiler que le nid de guêpes était bel et bien installé sur le territoire français. La permissivité qui lui a été accordée a fini par exploser avec les attentats parisiens de l’été 1995. Depuis, des groupes, non liés nécessairement au terrorisme en Algérie, sont régulièrement démantelés. Et depuis septembre dernier, avec l’annonce de l’»allégeance» du GSPC à Al-Qaïda qui lui a recommandé de s’en prendre à la France, c’est la menace du GIA d’il y a treize ans qui est réactualisée, comme au temps de Abou Mos’âb es-Souri, qui lui aussi appartenait à Al-Qaïda.


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