Amor Bouzid (chercheur et musicologue) : «Nous avons la chance d'avoir plusieurs références historiques»

Amor Bouzid est originaire des Aurès. Ancien employé de la Radio algérienne, il s'intéresse de près  à  la culture musicale du Maghreb. Il a déjà publié de nombreux écrits chez El Djahidia et au Maroc.  Quelle signification accorder à  la célébration de Yennayer devenue plus visible ces dernières  années ' J'y vois d'abord une réconciliation de l'Algérie avec elle-même car cette fête sous certes des noms différents réunit les Algériens, voire les Maghrébins.  On attribue à  Bourguiba cette boutade selon laquelle le Maghreb s'arrête là où s'arrête le couscous. Je pourrais le paraphraser en disant que sa frontière est aussi tracée par Yennayer qui est un élément sans doute le plus ancien que nous possédons encore. Comment faire de cette date un motif de ressourcement de la nation ' Il faut d'abord la rendre plus visible. Nous avons la chance d'avoir plusieurs références historiques qui nous ancrent à  la fois dans la modernité et la grande famille de l'Islam. Une réhabilitation de nos coutumes antiques à  l'instar de ce que font les Iraniens, les Indonésiens ne nuit en rien au message de la religion et la diversité bien assumée et comprise, cimente davantage la société. Les Algériens ont adopté, aujourd'hui, les trois calendriers : Julien pour la vie quotidienne et économique, hégirien pour les fêtes religieuses et spirituelles et Yennayer pour les traditions et l'agriculture. C'est à  mon avis une bonne chose. Que peut nous apporter la célébration de Yennayer ' C'est d'abord un moment festif pour  la famille qui, ces dernières années, est déstabilisée par l'intrusion de nouveaux modèles culturels. Elle  peut se retrouver et ses membres peuvent partager un moment de joie et de complicité. Une célébration est aussi une occasion de faire revivre la culture qui doit àªtre connue dans  ses multiples dimensions historiques et mémorielles. La vocation de nos fêtes religieuses et autres doit àªtre de valoriser les repères de notre société qui en fin de compte sont complémentaires.