Algérie

Amnistie générale



La CNAG en proie à une crise interne Née quelques jours après le discours prononcé par le président de la République à la veille de la célébration du 50e anniversaire du déclenchement de la Révolution, la Commission nationale de l?amnistie générale (CNAG), dont les membres s?étaient échinés pourtant à donner corps à l?initiative présidentielle et à mener une campagne sur plusieurs fronts, commence à montrer des signes inquiétants de crise. Les membres de sa direction se livrent, depuis quelques jours, à une confrontation à couteaux tirés. Soupçonnés d?entretenir la confusion entre le Parti du renouveau algérien (PRA), dont le siège abrite la permanence nationale de la CNAG, et cette dernière, certains membres ont été exclus et du parti et de la commission. D?autres, en revanche, reprochent au président de l?instance, Abderrezak Smaïl, qui n?est autre que le premier responsable du PRA, d?être au four et au moulin. Ces tiraillements internes, qui se sont fait jour au sein de cette structure organique, trouvent leur origine dans les circonstances même de sa création, que d?aucuns qualifient d?opaques. Réfutant « en bloc les informations faisant état de la naissance d?une crise interne à la CNAG », M. Smaïl explique, toutefois, que « l?idée de la mise en place d?un organisme pour piloter le projet de l?amnistie est née presque spontanément. S?inspirant de la pensée du Président, j?ai rédigé une réflexion publiée par le quotidien arabophone El Massa qui a, aussitôt, intéressé plusieurs personnalités nationales qui ont pris contact avec moi. Les discussions informelles tenues entre nous ont abouti à l?organisation d?un rassemblement le 2 décembre 2004 à l?issue duquel nous avons mis en place cette structure ». La CNAG est-elle une structure officielle ? « Non », répond son président. « C?est un organisme non partisan dans lequel figurent des personnalités de divers horizons politiques », ajoute-t-il. UNE ACTION ET DES INTERROGATIONS La mission de CNAG se résume, par ailleurs, à la « sensibilisation de l?opinion nationale, surtout ceux qui sont directement ou indirectement impliqués dans la tragédie nationale, sur la nécessité de l?application d?une mesure d?amnistie pour éteindre définitivement les feux de la discorde ». Objectif : établir des ponts avec les groupes armés afin de les « amener sur le droit chemin », convaincre les personnalités nationales, les partis politiques et les associations de la société civile à s?impliquer ouvertement dans la démarche du Président et enfin persuader les familles des victimes de la « tragédie nationale » à prendre le train en marche en acceptant de pardonner aux bourreaux. A bien décoder les déclarations de M. Smaïl, on en déduit que l?élaboration du contenu juridique du projet ainsi que sa dimension politique relèvent directement et exclusivement des services de la Présidence. D?où la CNAG tient-elle donc les huit points se rapportant, selon son président, au contenu du projet d?amnistie générale ? « Nous menons une campagne sur le terrain et, à chaque fois, nous enregistrons les doléances des citoyens, notamment celles des gens qui sont directement concernés par la tragédie nationale. Une fois notre mission accomplie, nous transmettons le rapport final au Président », souligne M. Smaïl. Parmi les points dont avaient parlé les animateurs de la CNAG, figurent, entre autres, la levée des poursuites judiciaires à l?encontre de tous ceux qui sont impliqués dans la tragédie nationale, l?annulation des décisions de justice prononcées à l?encontre de ceux qui sont mis en cause dans le cadre de cette tragédie et l?amnistie de tous ceux qui, des deux côtés des affrontements, ont été impliqués. Force est de souligner en ce sens que les membres de la CNAG, qui se sont « emparés » du dossier pour lancer une campagne avant l?heure, ont été tout simplement contredits par le président de la République en personne qui, lors de son récent discours prononcé à l?occasion de la Conférence nationale des cadres de la nation, a adressé une réplique cinglante à ceux qui entretiennent le flou sur la question de l?amnistie. « Impossible de laisser ceux qui ont égorgé, violé et détruit le pays émerger encore une fois sur la scène politique... », a déclaré le chef de l?Etat, à l?évidence outré par les engagements qu?il estimerait excessifs pris par les uns et les autres au nom de l?amnistie générale. Le discours de Bouteflika ne semble pas avoir surpris pour autant le président de la CNAG qui, il faut le dire, ne donne pas l?impression de quelqu?un qui a une idée précise de l?amnistie. « Nous avons rencontré des émirs repentis et nous avons envoyé des émissaires aux maquis, notamment à ceux d?Annaba, pour convaincre les enrôlés de descendre », révèle M. Smaïl. Jugés « trop sévères », les mots « terroristes, égarés... » sont désormais bannis du vocabulaire de la CNAG. Ses membres préfèrent consacrer le terme « enrôlés » ! Le mot « repentis » sera, quant à lui, remplacé par les « réinsérés, el moustadradjoune » ! Comment considérer ceux qui ont mitraillé puis brûlé 14 personnes le week-end dernier à Larbaâ ? Les futures dispositions de l?amnistie générale vont-elles profiter aux « enrôlés », s?ils acceptent de déposer les armes ? M. Smaïl hésite un moment avant de trancher : « Ceux qui refusent la main tendue seront combattus avec tous les moyens de l?Etat dans le cadre de la poursuite de la lutte contre le terrorisme. »


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