Algérie

Amnistie des députés politiques : Les robes noires en parlent


Tunis
De notre envoyé spécial

Le véhicule devait en effet traverser une foule compacte composée d'au moins 2000 manifestants venus réclamer la chute du gouvernement de transition et le départ des dinosaures du RCD. Depuis la constitution de ce gouvernement, pas un jour ne passe sans que des manifestants, toutes tendances confondues, ne viennent occuper la rue. Jeudi, c'est le siège du RCD, la tour en verre, située sur le boulevard du 7 Novembre qui a été attaqué. Hier, c'était au tour du Premier ministère d'être la cible des manifestants qui, opérant un véritable siège, répétaient le même mot d'ordre, le départ pur et simple du gouvernement et de tous les symboles de l'ancien système. Mais l'actualité c'est aussi le projet de loi approuvé par le gouvernement jeudi, relatif à  l'amnistie générale des détenus politiques. Qu'en est-il de ce projet de loi et qui sont concernés par l'amnistie ' Slim, habillé de sa robe noire d'avocat et l'un des meneurs du rassemblement, reconnaît ne pas détenir de détails sur le texte. «Le bâtonnat n'a pas été informé du contenu de ce projet», regrette-t-il, en soulignant tout de même qu'a priori tout les détenus politiques sont concernés par l'amnistie. Maître Fakher Gafsi confirme les propos de son confrère, éloignant la possibilité d'une exception qui pourrait toucher une ou plusieurs catégories. Il s'agit surtout de détenus islamistes, emprisonnés par Ben Ali dans le cadre de la loi sur le terrorisme de 2003, et le coup de filet opéré suite au démantèlement d'un réseau de djihadistes salafistes à  Hammam Lif, en 2008, qui préparait des attentats contre les grandes surfaces. Au milieu des manifestants, des familles de détenus (un groupe) qualifiés d'islamistes, étaient venues réclamer la libération de leurs enfants. Le couple Temmimi, dont le fils Selim est incarcéré dans la prison de Baja, fait partie de ces familles. Le père arborait une pancarte sur laquelle était écrit : «Mon fils a commis un seul crime : il a appris le Coran.» Une mère, la photo agrandie de son fils entre les mains, répète à  tue-tête que la loi sur le terrorisme est injuste et anticonstitutionnelle. Le pouvoir se cachait-il derrière la menace terroriste pour justifier ces arrestations qualifiées d'arbitraires ' Jeudi en tout cas, une quarantaine de détenus essentiellement d'obédience islamiste ont été effectivement libérés, dans le cadre des mesures de redressement prises par le gouvernement. Combien en reste-t-il ' Personne ne peut donner un chiffre précis, mais certainement pas beaucoup, affirme maître Gafsi. Selon lui, Ben Ali en a libéré beaucoup, voici environ une année, cherchant à  apaiser les critiques de l'intérieur et de l'extérieur du pays, au nom des droits de l'homme. Jusqu'à hier en fin d'après-midi, des membres du gouvernement n'ont pas pu quitter le palais de la place de La Casbah à  cause du siège des manifestants.Leur décision d'amnistie devra passer d'abord par la Chambre des députés avant d'être promulguée. Une étape qui doit intervenir dans l'immédiat, selon la volonté du gouvernement.
 
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