La section algérienne d'Amnesty International a présenté hier, en visioconférence, le rapport annuel 2020/2021 sur «La situation des droits de l'Homme dans le monde». Une partie de la conférence virtuelle, animée par Mme Hassina Oussedik, directrice d'Amnesty International Algérie, a été consacrée à la situation des droits de l'Homme en Algérie durant cette période de pandémie de Covid-19.Le rapport de l'ONG constate que sur les 149 pays concernés par le rapport, de très nombreux gouvernements se sont servis de la pandémie pour attaquer les droits humains, «préférant la répression» que les réponses aux «préoccupations, sanitaires et sociales, des plus démunis». La période de la crise sanitaire a été marquée mondialement, indique le document, par «l'aggravation des inégalités», notamment en matière de prise en charge médicale et de protection sociale, «qui a touché les catégories les plus défavorisées».
Le rapport fait état de 270 millions de personnes dans le monde qui ont été «confrontées à l'insécurité alimentaire», un chiffre «qui a doublé en une année», ajoute Mme Oussedik. Le confinement et le couvre-feu ont eu pour conséquences d'aggraver aussi les «violences contre les femmes, notamment des violences domestiques, des viols, des homicides et des féminicides», dans le monde.
Dans le chapitre de la répression, le rapport note que la «grande majorité des gouvernements ont continué à ne pas respecter les droits de l'Homme», en réprimant «militants de la société civile, journalistes et avocats», mais également de «sanctionner les critiques de la gestion de la crise sanitaire Covid-19», parfois en «ciblant le personnel médical».
Les «tendancesmondiales» constatées en Algérie
Dans la partie consacrée à l'Algérie, le rapport d'Amnesty International note que «les tendances mondiales se retrouvent en grande partie en Algérie». Selon la directrice de la section algérienne de l'ONG, «les violations des droits humains en Algérie ont été aggravées par la pandémie de Covid-19». «En 2020, les autorités ont continué à arrêter et à poursuivre en justice des manifestants, des journalistes et des militants ou de simples citoyens pour avoir exercé pacifiquement leur droit à la liberté d'expression. Certains ont été placés en détention les exposant au risque de contracter le Covid-19», affirme le document d'Amnesty et fait état d'informations «concernant les cas d'au moins trois militants arrêtés et placés en détention qui auraient été torturés ou subi des mauvais traitements».
L'ONG affirme que «les autorités ont adopté de nouvelles lois qui limitent encore davantage les libertés fondamentales des Algériennes et des Algériens», ont «également continué à bloquer l'accès à plusieurs sites d'information ayant publié des articles sur la pandémie de Covid-19 et les manifestations pacifiques».
Le rapport constate aussi «l'augmentation des cas de violences contre les femmes» en Algérie, citant plusieurs sources dont le site «Féminicides Algérie», qui «a recensé au moins 54 féminicides, en 2020 et 14 depuis le début de l'année 2021», et des «chiffres de la police judiciaire» faisant état d'«au moins 6.782 femmes victimes de violences en 2020».
Recommandations
Le rapport d'Amnesty International contient des recommandations à l'ensemble des pays cités dans le document. Pour le cas de l'Algérie, l'ONG demande que «toutes les personnes détenues simplement pour avoir exprimé leurs opinions pacifiquement doivent être libérées immédiatement et sans condition». Les autorités sont également appelées à «veiller à ce que des enquêtes impartiales, indépendantes soient menées sur toutes les allégations de torture et d'autres mauvais traitements», et que les conclusions de ces enquêtes «soient rendues publiques et les auteurs présumés traduits en justice». Sur le même sujet, Amnesty rappelle que «les autorités avaient annoncé l'ouverture d'enquêtes sur les circonstances de la mort de Mohamed Tamalt, Kamel Eddine Fekhar et Ramzi Yettou». «A notre connaissance, à ce jour, aucune conclusion n'a été rendue publique», a déclaré Hassina Oussedik.
Pour ces qui est de la liberté de la presse, Amnesty affirme que les «autorités doivent permettre aux journalistes de faire leur travail de façon indépendante, sans aucune entrave ou intimidation».
Concernant la violence faite aux femmes, la directrice d'Amnesty International Algérie estime que «le gouvernement doit agir de toute urgence pour renforcer les services d'aide aux femmes victimes de violences et mener des campagnes de sensibilisation des citoyennes et citoyens contre les violences liées au genre, en collaboration avec les organisations de défense des droits des femmes». Mme Oussedik a appelé à «modifier le Code de la famille pour le mettre en conformité avec les normes internationales», estimant que la «violence conjugale est la conséquence de l'inégalité instituée par le code de la famille».
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Posté Le : 08/04/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : M Mehdi
Source : www.lequotidien-oran.com