Algérie

Ammi Ali, 60 ans, émeutier, retraité et père de 8 enfants : « À mon age, jeter des pierres sur les flics, c'est la honte »



« La porte de ma maison ne s'est jamais fermée. » Ammi Ali vit à Diar Echems depuis 1961. Sa première demande de logement a été introduite en 1973. Fonctionnaire, il a longtemps cru qu'un jour, il aurait accès à un logement de fonction. « Une promesse qui m'a été faite à l'époque. » Sa maison est un F1 « avec un autre compartiment », ironise-t-il. Plus qu'une maison, il s'agit plutôt d'un baraquement construit il y a cinq ans, au pied de l'immeuble où deux de ses fils y habitent avec leurs enfants. « Je n'aurais jamais dû me marier, confesse-t-il, et avoir autant d'enfants. Je ne savais pas, à l'époque, que ma vie allait devenir un enfer. » Et de poursuivre, la voix étouffée : « Je leur demande de me pardonner. A plusieurs reprises, j'ai voulu me suicider et en finir avec cette situation. » Il avoue les larmes aux yeux : « Je n'ai pas touché ma femme depuis vingt ans. Mes enfants, à l'instar des autres jeunes nouveaux mariés de la cité, vivent leurs rapports conjugaux dans les escaliers, dans les voitures, et parfois même dans les bois avoisinants la cité ! Les 1500 familles de ce quartier sont déshonorées ! » Lors des affrontements dont il est l'un des instigateurs, Ammi Ali est, en l'espace de deux jours, devenu un des émeutiers les plus célèbres du quartier. Lui, a un autre avis. « A mon âge, prendre des pierres et les jeter sur les flics, c'est la honte ! Ma dignité est bafouée ! » Comme les autres, Aami Ali ne décolère pas, mais promet de rester déterminé à « arracher un logement décent, même si cela me coûte la vie. De toute façon, je suis un mort-vivant ».


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)