Algérie

"Amirouche : une vie, deux morts, un testament" de Saïd SadiLa quatrième édition sur les étals depuis hier




S'il y a une magie du chiffre 4, elle ne vaut pas seulement pour ce mandat présidentiel que les courtisans appellent de leurs v'ux et pour le Mondial de football des Verts, mais aussi pour la restitution de l'histoire : une quatrième édition du livre de Saïd Sadi intitulé Amirouche : une vie, deux morts, un testament est sur les étals depuis hier. Cette version toute fraîche de l'ouvrage a été rendue nécessaire pour deux raisons : l'épuisement de la précédente depuis huit mois et la disponibilité de témoignages nouveaux et de révélations inédites, notamment sur l'épisode de l'exhumation secrète des restes d'Amirouche et de Haouès.Passée la vive polémique suscitée par la publication de la première édition du livre, une polémique qui avait tenu le public en haleine durant toute l'année 2010, des langues ont fini par se délier pour rapporter de nouveaux éléments à ce "dossier noir" parmi d'autres de l'histoire récente de l'Algérie. Disons-le tout de suite : outre la qualité littéraire de l'ouvrage qui lui a valu, notamment, d'être édité par le prestigieux L'harmattan (France), le livre a aussi ce mérite d'avoir amené des acteurs de la guerre de Libération à sortir de leur mutisme pour apporter de nouvelles révélations confirmant les thèses avancées par l'auteur sur la base d'une première série de témoignages et de résultats de ses propres investigations.Les nouvelles révélations contenues dans cette dernière édition du livre (éditée à compte d'auteur) portent sur le plan machiavélique que Boumediène avait mijoté et mis à exécution pour rendre les restes d'Amirouche et de Haouès introuvables à jamais.On apprend ainsi que qu'il avait ordonné, fin 1962, à Abdelhamid Djouadi, aujourd'hui général à la retraite, et Cherif Mehdi, alors responsable de la sécurité de l'Armée, de déterrer les restes d'Amirouche et de Haoues de leur tombe déjà "clandestines" de Boussaâda pour les (ré) enterrer au cimetière d'El-Alia. Mais pas dans le Carré des martyrs. Plutôt dans des tombes anonymes, portant juste des numéros. Des tombes tout aussi "clandestines" que celles de Boussaâda. Après avoir pris soin d'éloigner Djouadi et Mehdi en les envoyant respectivement en URSS et en Amérique latine, en leur enjoignant d'observer un silence de... tombe sous peines de représailles, Boumediène charge Bencherif de déterrer à nouveau les restes des deux héros de la guerre de Libération. Ils seront cachés dans la cave de l'état-major de la Gendarmerie nationale. Commentaire de Nordine Aït Hamouda, lorsqu'il a été informé, tout récemment de ces nouvelles révélations : "Saïd Sadi a dû se tromper de calcul, car au total ce sont donc trois morts et non pas deux qui ont été infligées à Amirouche, Bousaâda par l'armée française, El-Alia et enfin la cave de la gendarmerie par Boumediène."Autre nouveau témoignage rapporté dans la quatrième édition du livre : feu Abdelkrim Hassani, responsable des communications au Malg de Boussouf, qui avait refusé de témoigner lorsqu'il avait été sollicité par Saïd Sadi, assure qu'il se tenait à la disposition d'une éventuelle commission du ministère de la Défense ou de la Présidence pour dire ce qu'il savait sur cette affaire. Après avoir tenté de battre en brèche la thèse défendue par l'auteur du livre, il décide, alors qu'il était rongé par la maladie, "de soulager" sa conscience : Boumediène avait commis cette forfaiture car il ne pouvait pas supporter que l'Algérie célèbre d'autres noms que le sien, avait-il rapporté quelques jours avant sa mort. Cette nouvelle édition de Amirouche : une vie, deux morts, un testament ne contient pas que de nouveaux témoignages sur cette forfaiture. Se basant sur une narration écrite par un ancien officier de la Wilaya V, proche compagnon de Lotfi, elle fait état d'un ordre que cet officier affirme avoir reçu de Boussouf en 1956. Celui-ci lui enjoignait d'"exécuter Lotfi".Si elles sont de nature à disqualifier définitivement les contorsions de cette nuée de soldats du système et de nostalgiques du Malg qui ont tenté, souvent maladroitement, de discréditer l'auteur et son ouvrage, ces nouvelles révélations pourraient toutefois relancer la polémique, non pas seulement sur la mort d'Amirouche et de Haouès, mais aussi sur les circonstances de la disparition du colonel Lotfi.Saïd Sadi affirme disposer d'autres témoignages, mais qu'il n'a publié que "ceux, écrits ou oraux, dont les auteurs acceptent de les assumer publiquement et, au besoin, devant des témoins encore en vie".À noter que les trois éditions précédentes ont totalisé un tirage de plus de 40 000 exemplaires, tous épuisés, pour la seule version en langue française (une traduction en arabe est disponible), plaçant l'ouvrage en tête des ventes depuis l'Indépendance. Avec cette nouvelle édition, le tirage atteint le chiffre de 60 000 exemplaires.S CNomAdresse email




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