Algérie

Aminatu Haider raconte son agression par la police marocaine Rencontre des indépendantistes sahraouis avec Christopher Ross à El Ayoune


L'indépendantiste sahraouie, Aminatu Haider, a confirmé hier avoir été violemment agressée par un «groupe de policiers marocains» dès son retour chez elle, après sa rencontre avec Christopher Ross, jeudi à El Ayoune. Vendredi, des journaux espagnols avaient évoqué cette agression sans pouvoir donner plus de détails, la presse étrangère étant interdite d'accès au Sahara occidental.
«A l'aide de gourdins et d'armes blanches !»
«J'ai été d'abord bastonnée par des auxiliaires de la police marocaine (des activistes colons marocains) qui étaient munis de gourdins et dont l'un d'eux m'a planté un couteau au niveau du rein» en menaçant de «tuer la traîtresse», a-t-elle dit dans une série de déclarations téléphoniques recueillies par l'agence espagnole Efe et El Mundo. C'est son avocate espagnole, Iñes Miranda, qui était en conversation téléphonique avec elle au moment des faits qui lui avait conseillé de rentrer immédiatement chez elle.
Rentrée aussitôt par voiture, elle sera prise à partie cette fois par des policiers qui s'employaient à disperser violemment les dizaines de jeunes Sahraouis qui s'étaient rassemblés devant sa demeure. Des policiers ont tenté de forcer la porte de sa maison où elle s'était réfugiée en compagnie d'une vingtaine d'autres activistes et de membres de sa famille.
Son avocate canarienne qui entend porter cette affaire devant les instances judiciaires européennes et l'opinion internationale, notamment les organisations humanitaires et les médias, lui demanda si elle était sûre que ses agresseurs étaient des policiers. «Oui, ils portaient des uniformes !», a répondu Mme Haider qui a affirmé «devoir son salut grâce à l'interposition musclée des membres de l'association civile qu'elle préside, le Collectif sahraoui de défense des droits de l'homme (Codesa).

Des manifestants violemment dispersés
En fait, ces dizaines de Sahraouis n'étaient pas là par hasard. Au moment où Christopher Ross recevait Aminatu Haider et quatre autres indépendantistes parmi les plus actifs et les plus connus à l'étranger, l'avocat Mohamed Lahbib Erguibi, Ali Salem Tamak, Mohamed el Moutawakel et Larbi Messaoud, un rassemblement populaire avait été convoqué au centre- ville.
Il fut violemment dispersé par les forces anti-émeute qui avaient quadrillé la ville en prévision de toute manifestation populaire sahraouie à l'occasion de l'arrivée du représentant de l'Onu. «Notre objectif était de démontrer à l'envoyé de l'Onu qu'il est impossible de manifester librement au Sahara occidental», a déclaré pour sa part, toujours par téléphone au quotidien ABC, Brahim D'ahane, président de l'association ASVDH qui a connu de longs séjours et la torture dans les prisons.
Les questions soulevées avec M. Ross
Des sources proches de la délégation des indépendantistes ont rapporté que les entretiens avec M. Ross avaient porté sur le droit à l'autodétermination et à l'indépendance du peuple sahraoui ainsi que sur la protection des droits de l'homme au Sahara occidental.
Certains experts du dossier sahraoui ont laissé entendre que le diplomate américain est convaincu du caractère incontournable de ces deux questions dans le règlement du conflit sahraoui.
Les Nations unies seraient plus motivées que jamais pour élargir la mission de la Minurso à la surveillance des droits de l'homme au Sahara occidental. La lecture que font ces experts de ce début de la visite de M. Ross au Sahara occidental est que c'est la première fois qu'un représentant personnel du SG de l'Onu se réunit avec les indépendantistes, ce qu'aucun de ses prédécesseurs à ces fonctions n'avait fait avant lui.
C'est là où réside tout le succès pour le Front Polisario de cette tournée, intervenue à quelques jours seulement de l'anniversaire de la Marche verte de novembre 1975, lancée par le défunt roi Hassan II, que le Maroc veut mettre en avant pour faire l'impasse sur ce problème de décolonisation.
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