Algérie

Amin Zaoui au Salon du livre de Mechtras :«Je suis toujours l’écrivain de ma mère»


S. A. M.

Invité du Salon du livre de Mechtras qui s'est déroulé du 30 mai au 1er juin derniers, le romancier Amin Zaoui a animé une conférence dans laquelle il est revenu sur son parcours d’écrivain, en évoquant ses débuts, son cheminement dans le monde de l'écriture, ses rencontres et les diverses influences qui ont forgé son imaginaire et son destin d'intellectuel et de romancier. «Je suis toujours l'écrivain de ma mère», a-t-il confessé devant son auditoire de la bibliothèque communale de Mechtras.
L'auteur de Festin de mensonges évoque ainsi comment les contes que racontait sa mère à l'enfant qu'il était ont fécondé son imaginaire et aidé à tracer les premiers sillons dans le domaine de l'écriture jusqu'à être l'écrivain prolifique et reconnu qu'il est aujourd'hui.

Amin Zaoui parlera aussi des influences qui lui viendront de ses diverses lectures, celles notamment des romanciers algériens d'expression française, à l’instar de Mouloud Mammeri, Mohammed Dib, Tahar Djaout, Malek Haddad, Rachid Mimouni et d'autres qui ont irrigué sa vision du monde et contribué à forger son identité et sa conscience littéraire. «Chacun avec son genre et son style, ces écrivains ont contribué à ma construction d’écrivain, le long de toute ma carrière», a confié Amin Zaoui qui évoquera en des termes élogieux Mouloud Mammeri en qui il voit «une figure emblématique qui m’a beaucoup fasciné et influencé dans ma carrière».

Il en dira autant de Mohammed Dib, «ce grand écrivain (qui) a provoqué une révolution esthétique dans la littérature maghrébine».

Agrémentant son exposé de plusieurs anecdotes croustillantes sur son parcours de romancier en devenir, l'auteur du roman Le Dernier Juif de Tamentit racontera comment Malek Haddad l'a encouragé à persévérer dans l'écriture en répondant à la correspondance que le jeune collégien qu'il était a envoyée à l'auteur de la Grande maison qui était alors directeur de Promesse (El Amal), la revue littéraire bilingue éditée par le ministère de la Culture.

Partant de l'interrogation sur la philosophie de la littérature et de la culture, de la mission et du rôle que doit s'assigner un intellectuel dans la société, l'ex-directeur de la Bibliothèque nationale a illustré son propos par la figure de l'intellectuel et de l'écrivain incarné par Mouloud Mammeri.

«Dda LMouloud (formule empreinte de respect et de déférence pour évoquer le père de La colline oubliée) est un militant de la culture, un intellectuel immergé dans la société qui refuse de se cloîtrer dans sa tour d'ivoire. Il était un intellectuel de terrain qui va à la rencontre des petites gens», dira A. Zaoui qui dit faire sienne et partager cette vision de l'intellectuel et du romancier qui doit aller à la rencontre des citoyens pour discuter et débattre avec eux. «Toute littérature est l'émanation de la société ; il n'y a pas de littérature qui tombe du ciel», clame l'invité du Salon du livre de Mechtras qui a procédé à une vente-dédicace de ses ouvrages.
S.A.M.