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Amer constat d'une semaine de festivités : Oran manque terriblement d'infrastructures culturelles



C'est à un élu, au fait de l'actualité musicale, qu'on doit cette découverte : Oran manque terriblement d'équipements et d'infrastructures culturels et de divertissement. Ce constat vient s'ajouter à un autre plus grave. En voulant répondre à tous les goûts, en diversifiant le programme des festivités, il a, à son insu bien évidemment, participé à la libération et surtout la formulation d'une demande. Désormais, la sortie le soir pour prendre au moins une pizza dehors en couple ou en famille, la vue d'un spectacle…, devient une exigence de la vie ordinaire des Oranais. Oran compte 1,8 million d'habitants, selon une récente déclaration du wali devant un parterre d'architectes, lors de la célébration de leur fête mondiale le 2 juillet dernier, une ville qui, il faut le noter, présente plus d'inconvénients que d'avantages de la cité moderne. En attendant que nos chercheurs descendent de leur tour d'ivoire pour appréhender cette nouvelle réalité, c'est le décryptage le plus approchant de l'affluence remarquée ces derniers jours des populations vers le théâtre de verdure et les places publiques pour assister aux spectacles des festivités du cinquantième anniversaire de l'indépendance nationale. Précisons qu'il n'y a pas que les jeunes, en vacances ou dés'uvrés, qui se sont agglutinés dans cet espace pour voir leur idole, mais aussi des femmes d'âge respectable. Mieux, les jeunes filles font désormais partie intégrante du paysage dans ce genre de manifestation où la foule se retrouve, et disputent âprement leurs places aux garçons, en recourant des fois aux échanges verbaux durs ou même aux mains. Résultat de la mixité dans les établissements scolaires, dira un confrère.
Depuis la première moitié des années quatre-vingt du siècle dernier, plus exactement du premier festival du raï, le théâtre de verdure demeure l'unique adresse des jeunes et moins jeunes pour assister à un spectacle musical ou à un concert. Cette circonscription spatiale est doublée d'une autre, temporelle : ce genre de festivités est organisé uniquement durant la saison estivale. Les capacités d'accueil de ce théâtre n'excédant pas dix mille places au mieux, datant de l'époque coloniale, ne peuvent plus satisfaire toute la demande d'une ville de la taille d'Oran. Désormais, la réalisation d'autres espaces relève de l'urgence. Dans ce sens, un observateur de la vie oranaise regrette que les bâtiments des ex-halles, actuellement en pleine démolition, ne soient pas récupérés et transformés en espace culturel. Parce qu'une nouvelle réalité est désormais là, incontournable: la revendication du droit au divertissement risque d'être étalée sur la voie publique, exactement comme la revendication du droit au logement ou au travail. Rappelons que le passage de Lotfi Double Canon à Oum El-Bouaghi, l'an dernier, s'est terminé par une émeute. Et pas à cause de ses paroles certes virulentes. Interrogé sur ce fait, cette idole des jeunes a eu cette réponse naïve mais tonitruante : «Ce n'est pas de ma faute. Dans cette ville, les jeunes n'ont jamais eu droit à un concert de musique». Signalons que lors de la dernière soirée de Cheb Khaled, un climat d'émeute régnait aux alentours du théâtre de verdure. Les milliers de jeunes qui ont été refoulés se sont livrés au jeu du chat et de la souris avec les forces de l'ordre, ramenées des autres wilayas en renfort.
Constatant ce manque d'infrastructures culturelles de masse, de simples gens proposent que l'espace encore libre en face de l'hôtel Le Méridien soit aménagé en espace de spectacle à ciel ouvert. Par ailleurs, on estime qu'il est temps de passer du ponctuel à une véritable stratégie culturelle, étalée sur le temps et l'espace. En attendant que les opérateurs privés investissent dans le secteur de la culture, on estime qu'il est du devoir des pouvoirs publics de jeter les bases d'une véritable industrie culturelle. Entreprise porteuse et un accompagnement obligatoire à toute ambition de relance du secteur touristique, estime-t-on. La modernité de la ville, un discours très récurrent actuellement dans la bouche de certains responsables, ne peut pas faire l'impasse sur cette donne.


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