Il y a d’un côté une langue naturelle bien vivante, en
l’occurrence ici le berbère, propriété collective de ses différents et
divers usagers. Il y a de l’autre, l’aménagement linguistique, objectif
partagé par différents et divers aménageurs… et il y en a ! Et puis il y
a la linguistique portée et menée par des linguistes berbérisants
d’obédience théorique différente. Que faire alors ?
Les locuteurs berbérophones continuent à pratiquer leur langue
dans des interactions verbales réelles lors des énonciations effectives.
Les aménageurs tentent d’intervenir sur la langue en usage par des
propositions de changement relatives à toutes les composantes de la
langue et les linguistes ne cessent de réaliser des travaux sur les
usages de la langue telle qu’elle se manifeste dans le réel discursif. Le
berbère est ainsi bien cerné de toutes parts. Il y a cependant un ordre à
rétablir dans tout ça. Une langue n’existe que par l’usage qu’en font
ses locuteurs. Et c’est l’usage, ou les usages, qui constitue la matière
brute et les observables que le linguiste essaie de décrire et d’analyser
en dégageant les règles et les lois qui régissent l’usage et en mettant
en évidence les régularités et les irrégularités des emplois.
L’aménageur donc, (sérieux, s’il s’en trouve !), faute d’être
linguiste lui-même (certains le sont) ne peut aménager une langue à
quelque niveau que ce soit que s’il fonde ses propositions sur les
acquis des descriptions et des analyses linguistiques. Car l’intuition et
même une excellente compétence en langue d’un aménageur ou d’un
collectif d’aménageurs ne suffisent pas. Elles peuvent même induire
en erreur.
Avant d’évaluer la situation actuelle du berbère quant aux
diverses options d’aménagement, il me semble utile, dans un prime
abord, de clarifier les aspects sémantiques du concept même
d’aménagement, puisque c’est de cela qu’il s’agit.
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Posté Le : 18/03/2024
Posté par : einstein
Ecrit par : - Taifi Miloud
Source : Iles d Imesli Volume 4, Numéro 1, Pages 15-24 2012-12-31