Algérie - Revue de Presse

Aménagement «dangereux» du rez-de-chaussée d’un immeuble en locaux commerciaux



Complaisance ou nonchalance dans le traitement du dossier par la SUCH ? L’affaire de l’immeuble, situé au 8 rue Kerras-Aoued, au centre-ville d’Oran, prend l’allure d’un véritable scandale immobilier après que des murs porteurs du rez-de-chaussée ont été démolis pour permettre la création de locaux commerciaux. Une décision de la direction de l’Urbanisme et de la Construction de la wilaya d’Oran, datée du 27 décembre dernier, met d’ailleurs en demeure certains co-propriétaires pour arrêter immédiatement les travaux «afin d’éviter tout effondrement éventuel», et ce, sur la base d’un rapport d’expertise qui confirme que «l’ouverture des murs a réduit sensiblement la stabilité de l’immeuble». Voilà un dossier qui n’en continue pas moins de soulever la polémique depuis le «feu vert» donné par l’ex-délégué du secteur urbain El-Amir, le 2 décembre dernier, autorisant certains occupants parmi les copropriétaires de cet immeuble à procéder à ces ouvertures sur deux rues adjacentes, Kerras Aoued et Mohamed Benabdessalem. «Et dire qu’il s’agit d’un immeuble présenté comme un modèle d’architecture mais aussi comme un édifice fragile», relève Mme N.B., copropriétaire, qui exhibe un rapport d’expertise extrajudiciaire sur son état. Un document certifié sur lequel on peut lire, outre la vétusté de l’immeuble datant de l’époque coloniale (75 à 85 ans d’âge), qu’il a été constaté, dans la cave, «des planchers hauts et voûtant, en briques IPN, présentant des fissurations et retraits». «Pire, les murs sont complètement fissurés tandis que les poutres sont rouillées.» Le rapport d’expertise précise encore que «les coups de massue ont provoqué au niveau des caves et des étages, après la réalisation de travaux sur les façades principales du rez-de-chaussée -des portes aux lieu et place de fenêtres-, des fissurations avec d’importantes dégradations». «D’où le danger existant actuellement, souligne le rapport d’expertise, sur les structures de l’immeuble, alors que la ville d’Oran est située en zone sismique». Toujours est-il, la polémique, qui a suivi l’arrêté de l’APC d’Oran autorisant les occupants du rez-de-chaussée à procéder à des transformations des murs porteurs sur les deux façades, a eu l’effet d’un véritable séisme. C’est ainsi que l’affaire a été portée en justice après que des copropriétaires ont tenté de sauver ce patrimoine immobilier en multipliant les recours à qui de droit… Cela avait été vain, «malgré la notification par l’APC de l’époque de deux rejets, documents officiels ayant force de loi, le premier daté de septembre 2006 dans lequel est mise en exergue la fragilité de l’immeuble et l’autre signé deux mois après, en novembre 2006, portant sur l’intérêt architectural que présente cet immeuble», soutient un cadre des services techniques de la commune d’Oran qui regrettera qu’un délégué n’ait trouvé aucune objection à accorder le 2 décembre 2007 un permis de construire pour engager des travaux. Interrogé à ce propos, l’ex-délégué par intérim, M. Belkheïra, balaye d’un revers de main tous les recours avancés par certains copropriétaires, expliquant que le permis a été délivré avec l’avis de la SUCH. «Le dossier a été instruit auparavant par la SUCH et la DUP», souligne-t-il. Cela dit, fait-on remarquer, «le dossier technique transmis par l’APC ne comportait pas les plans de la cave». Le hic est que même le rapport de la SUCH n’y fait aucune allusion alors que cette donnée est primordiale pour l’instruction de ce dossier de permis d’aménagement. La vérification technique sur les lieux a démontré par la suite que la structure apparente en sous-sol présente des anomalies au niveau des poutres métalliques qui souffrent de corrosion très avancée. Et «il s’est avéré qu’aucune précaution n’a été observée par les services de la SUCH malgré la réserve technique qui obligeait le bureau d’études à engager un ingénieur en génie civil avant d’entamer les travaux d’ouverture. Finalement, le coordinateur de la subdivision de l’Urbanisme et de la Construction avoue que ses services «ont été induits en erreur par le bureau d’études» en ce sens que «le sous-sol n’a pas été porté sur les plans» qui leur ont été présentés. «Pas même la vétusté!» note-t-il. Selon un inspecteur des services de l’Urbanisme et de la Construction, une commission de la SUCH et la DUC s’est rendue la semaine dernière sur place pour un diagnostic des lieux. «L’équipe a constaté que le sous-sol était effectivement dégradé à cause des travaux d’ouverture», ce qui a poussé le DUC à ordonner l’arrêt des travaux pour éviter d’éventuels risques. La direction de l’Urbanisme a exigé, elle, des inspecteurs, un rapport détaillé sur la nature des travaux engagés et les co-propriétaires de l’immeuble ont été mis en demeure de procéder à un diagnostic technique «qui doit être avalisé par le CTC, à plus forte raison que le rez-de-chaussée où sont programmés les locaux commerciaux relève du domaine public». De plus, l’inspection de l’Urbanisme vient de verbaliser, selon une source bien informée, les «intéressés» pour non-conformité des plans présentés avec l’état des lieux». Le secteur urbain El-Amir, qui a reçu la note, a avisé de son côté les services concernés par cette affaire, y compris ceux du commerce, de sorte que les occupants du rez-de-chaussée ne puissent obtenir l’agrément nécessaire à l’ouverture d’une activité en ces lieux qu’à la condition d’obtenir le certificat de conformité. Safi Z.


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