Algérie

Ambiance atténuée et transports urbains perturbés L'Aïd El Fitr à Batna



La ville de Batna est loin de l'ambiance des fêtes de l'Aïd d'antan. «Ce n'est pas avec la même frénésie, la même douceur, la même joie et la même ambiance avec lesquelles se déroulait la fête de l'Aïd El Fitr», se recoupent tous les témoignages.
Les coutumes et les traditions tant honorées dans le temps se sont comme évaporées. La vie moderne semble être pour quelque chose dans l'abrogation des us et des traditions tant respectées dans le passé.
Il est difficile de comprendre pourquoi les choses ont changé à 90 degrés et quelles sont les raisons de ce changement. La ville de Batna essaie de retrouver son âme, même si l'ambition de joie et de solidarité n'arrive pas à occuper cette place particulière d'autrefois.
De bon matin, habillés de leurs costumes traditionnels, de leurs gandouras blanches et bien parfumés, les nombreux fidèles hommes, femmes, enfants, ont rejoint les mosquées.
Ils s'y sont rendus pour la prière de l'Aïd El Fitr qui marque la fin du mois de Ramadhan. Leurs déplacements ont créé une ambiance festive dans les rues de la ville.
A la sortie des mosquées, les croyants ont échangé des poignées de main, des accolades et des embrassades. D'autres se sont rendus aux cimetières pour se recueillir sur les tombes de leurs proches.
La prière accomplie, la visite achevée au cimetière, ce sont les retrouvailles familiales. Les formules de politesse échangées, à savoir «Aïd Moubarak saïd, Taqabbel Allah Minna wa Minkoum» ont rempli l'atmosphère et créé une grande liesse. Même l'hospitalité était au rendez-vous, des citoyens ont invité leurs proches et amis à partager le déjeuner, selon les traditions et les familles.
Chez certains, c'est le couscous garni de bons morceaux de viande, chez d'autres c'est la chekhchoukha ou les crêpes préparées par des mains de femmes expertes dans l'art culinaire. A peine les fidèles rentrés chez eux que l'ambiance dans les rues a chuté. Mis à part quelques banderoles accrochées à travers les artères souhaitant bonne fête à la population, le climat s'est vite altéré.
Ce n'est pas la même ambiance festive d'il y a quelques années. La plupart des commerces sont fermés, mis à part quelques cafés. Ce n'est pas la même activité, le même empressement, la même vivacité des fêtes d'autrefois. Plutôt une platitude caparaçonne la ville de Batna et pèse de tout son poids pour l'étouffer. Après quelques randonnées en ville, le citoyen est contraint d'abandonner et de rentrer chez lui, parce qu'il n'y a rien à voir et que tout est fermé. Une ou deux tables qui vendent des pétards aux enfants et c'est tout.
La ville a perdu de sa gaieté d'autrefois. Quelques bambins, joliment vêtus, ont beau tenté de mettre de l'ambiance dans les rues de la ville de Batna, par leurs courses folles, leurs interpellations et par leurs coups de pétard qui, de temps en temps, ont rompu la monotonie. Les pétards qu'ils ont fait exploser ce jour de fête nous ont rappelé même d'une manière très brève l'ambiance d'autrefois. Mais chassés par la canicule,
ils sont rentrés chez eux. «Qui peut sortir par un temps pareil ' Si tu sors, tu brûleras», nous a fait observer notre invité et voisin Ammi Boudjellal qui, malgré ses 70 ans, tenait à rendre visite à ses voisins en ce jour de l'Aïd El Fitr. Pendant tout le reste de la journée, on passera de famille en famille pour se congratuler. Rares sont les familles qui sont restées attachées aux traditions en cette occasion et qui vivent la fête de l'Aïd dans la joie et les rassemblements familiaux. Presque tout au long de la journée, les rues étaient désertes, pas de bruit à Batna. Quelques voitures qui circulaient. Ni sifflet de policier, ni les cris des revendeurs.
Les rues étaient silencieuses. Chacun est resté chez lui pour célébrer cette fête. Aïd El Fitr, malgré la vie moderne, reste une importante fête religieuse pour les habitants de la capitale des Aurès. Célébrée chaque année dans une ambiance conviviale, elle représente également un événement spécial pour les enfants. En effet, pendant cette journée, les plus jeunes étaient gâtés. Ils portaient de nouveaux vêtements, les adultes leur donnaient de l'argent de poche' et c'était aussi une journée différente durant laquelle ils vont rencontrer les autres enfants de la famille et jouer avec eux.
Concernant les «obligations» financières et familiales de l'Aïd El Fitr, ce sont plutôt des habitudes ancrées chez les gens des Aurès depuis plusieurs années. Il s'agit de traditions transmises de génération en génération, mais avec l'évolution de la société et le rythme de vie actuelle, il est de plus en plus difficile de suivre les coutumes. Malgré cette difficulté, les habitants de Batna font tout ce qui est en leur pouvoir pour ne pas être exclus du cycle dans lequel ils sont inscrits. Chacun se débrouille comme il peut.
Toutefois, il ne faut pas oublier de rappeler que l'on constate une nouvelle tendance, essentiellement chez les jeunes couples, qui décident de se détacher de toutes ces traditions. Par ailleurs, il est important de signaler que nous sommes en train de vivre une véritable transformation en ce qui concerne la fête du rupture du jeûne. Cette journée n'a plus le même goût qu'elle avait il y a une vingtaine d'années, elle n'est plus attendue comme avant. En effet, il y a quelque chose de changé par rapport à autrefois dans la mentalité, les habitudes, les coutumes, les us des gens et de leurs familles.
Constat, cette journée spéciale commence à perdre de sa valeur au fil des années et peu de Batnéens restent attachés aux traditions en cette occasion. Que les consciences se réveillent pour ne pas priver les générations à venir de la bonne ambiance qu'on a vécue.
Transport urbain ankylosé
Une autre entrave qui a beaucoup pesé et a altéré la fête est le transport urbain à Batna, en ce jour de l'Aïd, qui mérite sincèrement le carton rouge. Beaucoup de perturbations et de désorganisation dans les dessertes entre les cités nous ont été signalées et que nous avons constatées de visu lors de notre tournée dans les quartiers. Les citoyens des quartiers périphériques ont le plus souffert des perturbations du transport urbain et de cette politique imposée par les transporteurs.
Certains confrères nous ont signalé la rareté des bus qui assuraient la liaison Batna-Lambèse. Certaines lignes étaient perturbées ou mal desservies, d'autres n'étaient pas du tout assurées. Pour se déplacer d'une cité à une autre, certains citoyens ont attendu des heures, d'autres étaient obligés de rebrousser chemin ou prendre un taxi clandestin à des prix exorbitants.
«Les taxis passent devant toi et refusent de s'arrêter. Pourquoi ' Seul Dieu le sait», fulmine une personne âgée de la cité 500 Logements que nous avons transportée jusqu'au centre-ville. A Batna, les citoyens sont livrés à eux-mêmes. Tout le monde vous conseille d'appliquer le système «D».
«A Batna, compte sur Dieu et sur ton bras. Personne ne s'intéresse à toi», nous fait observer la même personne lors de la discussion engagée avec elle. Durant des kilomètres de traversée dans les rues de Batna, nous n'avons rencontré ou dépassé aucun bus. Même les taxis étaient rares. Les habitants des cités périphériques se plaignent du manque de moyens de transport.
De longues attentes et des chaînes interminables meublent les arrêts de bus. Malheureusement, les transports n'ont pas assuré leur activité convenablement par manque de professionnalisme et le non-respect de la réglementation régissant ce service. Là où nous sommes passé, tous les rideaux des magasins, des restaurants, des boulangeries étaient baissés.
Quelques cafés seulement avaient ouvert. Les rues larges et mal nettoyées, jonchées d'ordures en ce jour de fête, sont vides. De véritables épouvantails ! Des adolescents flânaient. La tradition veut que le premier jour de l'Aïd, les gens se regroupent chez eux en famille autour de plats bien garnis.


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