Algérie

Amar Saïd Boulifa revisité à Tizi Ouzou


Amar Saïd Boulifa revisité à Tizi Ouzou
L'agenda culturel de lundi dernier à Tizi Ouzou a été marqué par l'ombre de Amar Saïd Boulifa. La direction de la culture a consacré une journée d'évocation à ce pionnier de l'enseignement de la langue amazighe avec des activités culturelles diverses et des expositions. Cette journée inscrite sous le thème du mérite de Boulifa dans l'enseignement de tamazight sera ainsi l'occasion de zoomer sur des zones non exploitées du travail titanesque fait par ce grand intellectuel. Ce fut le rôle de la table ronde à laquelle ont pris part des spécialistes de la question comme Saïd Chemakh, Mohand Ouamar Oussalem et Hamid Bilek, spécialiste de l'archéologie. La table ronde a été suivie d'une projection d'un film documentaire retraçant la vie de Saïd Boulifa enrichi surtout par des images d'archives de la Télévision nationale.La journée-évocation organisée conjointement par la direction de la culture, la bibliothèque de l'écriture publique et l'association Issegh a été riche de par son programme, mais surtout les qualités de l'oeuvre de l'intellectuel. Une occasion aussi de renouer avec les années où la soif du savoir faisait courir les gens. Boulifa est considéré par beaucoup comme le précurseur de l'enseignement de tamazight et de la revendication amazighe. C'était l'un des premiers à réclamer l'enseignement de cette langue à l'école. On situe sa naissance vers l'année 1863 car personne n'a la date exacte. L'on se base uniquement sur son registre qui se trouve à la mairie d'Irdjen. Ce document porte un repère qui indique que Saïd Boulifa avait 28 ans en 1891. Amar est orphelin à un jeune âge. C'est son oncle qui l'inscrira à la première Ecole ouverte en Kabylie au village Tamazirth plus exactement. Après une formation à Tamazirth, Boulifa partira pour l'Ecole normale de Bouzaréah. Linguiste, sociologue et historien, il s'opposera net aux thèses du général Hanoteau sur la société kabyle. Son oeuvre est monumentale. En précurseur, Amar Boulifa a su imposer l'enseignement de la langue kabyle en particulier et amazighe en général comme une nécessité académique pour tout enseignement sérieux des questions linguistiques algériennes même de l'époque coloniale.
Ce n'est que vers l'indépendance et les orientations idéologiques qu'a prises la question des langues que ses thèses et ses méthodes d'enseignement ont été reléguées à l'arrière-plan. Sans jamais être oubliées pour autant. Ses oeuvres sont encore et demeureront des phares que les linguistes ne perdent jamais des yeux. Une première année de langue kabyle (dialecte zouaoua) à l'usage des candidats à la primaire et au brevet de kabyle paru en 1897 et Méthodes de langue kabyle (cours de deuxième année) paru en 1913 sont des documents précurseurs pour un enseignement académique de la langue kabyle qui n'a rien à envier au Becherelles de langue française.
En fait, cet intérêt continuel pour l'oeuvre de Boulifa apparaît dans ce qu'écrit la directrice de la culture Nabila Goumeziane à l'ouverture de la journée. Les mérites de Si Amar Ou Saïd Boulifa reviennent au fait d'avoir sauvé de la déperdition évidente une partie de notre patrimoine culturel populaire oral, à l'exemple des textes littéraires de grande valeur et des poèmes de Si Mohand qu'il a eu la chance de rencontrer. En même temps, il a entamé des recherches, écrit-elle à l'adresse des présents.
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