Algérie

Amar Bellahcène : Une plume facile et coulante



Amar Bellahcène : Une plume facile et coulante


L’originalité d’Amar Bellahcène (1), c’est d’avoir saisi les virtualités tragiques des lieux déshérités. Son récit le plus célèbre est La mer (Prix national de la meilleure nouvelle).

Il y évoque une petite ville (du temps du colonialisme) où tout est désolant : le climat excessif, les cultures ingrates, la stérilité de tout effort, la mesquinerie des hommes, la bigoterie religieuse et… la rébellion des déshérités avec à leur tête Inal, héros bien connu dans le mouvement national algérien. Avec Amar Bellahcène, loin de l’optimisme de la romance, le paysage urbain prend une couleur tragique. L’œuvre d’Amar Bellahcène : une trentaine de nouvelles, une ample production d’articles critiques (dont les plus remarquables ont été réunis en volume), de nombreuses pages d’autobiographie constitue, ne fût-ce que par la qualité soutenue de la facture et par l’unité du propos central, un ensemble assez imposant. Beaucoup de critiques ont étudié l’œuvre de Bellahcène et ont insisté sur l’importance capitale de sa prise de conscience algérienne. La vaste culture qu’il acquiert par ses lectures personnelles, résolument littéraire mais moderne, est celle d’un universitaire compétent. Comme tant d’autres écrivains algériens, il débutera par le journalisme et par la nouvelle. Aux environs de la vingt-cinquième année, il possède déjà de l’entregent et cet abord avenant qui le fera apprécier à l’université d’Oran. Au début des années 1980, il sera associé à la rédaction du supplément hebdomadaire culturel du journal El Djoumhouria (ex-La République). Sa plume facile et coulante convient au journalisme littéraire : nouvelles, critiques, commentaires innombrables vont en tomber inépuisablement pendant une décennie. Dans les nouvelles de Bellahcène, l’amour joue un rôle immense, mais compte tenu des silences obligés, l’écrivain ne peut décrire pleinement et en fonction de sa propre esthétique que les premiers émois de cœurs virginaux. Les hommes et les femmes sont nécessairement plus timides que d’habitude. Dans les écrits de notre auteur, l’étude des fiançailles, du mariage, de la maternité, de la mésintelligence conjugale et enfin du divorce, est d’une reconstitution foncièrement honnête assez poussée dans le sens de l’analyse psychologique, mais fondée sur un large tableau social. Les usages de l’Algérie sont cernés d’un trait net qui n’exclut pas l’administration. La vitalité truculente du héros de Bellahcène tend, cependant, à demeurer à fleur de peau ; le portrait étant plus ressemblant en surface que vrai en profondeur. Le dernier ouvrage d’Amar Bellahcène, publié à titre posthume Journal de la douleur, raconte son combat avec le cancer. Cependant, cela ne l’empêche pas d’être « le champion du réalisme ». Il prône l’observation minutieuse, détaillée, fidèle tout en écrivant son combat quotidien contre cette maladie incurable qu’est le cancer.

 

(1) Né à M’sirda (Tlemcen) en 1953, Amar Bellahcène est décédé à Oran en 1991. Il était professeur de littérature à l’université d’Oran.




Une petite erreur; Amar Beelahcène était professeur de sociologie et non de littérature. Cordialement
Racha - Enseignante - Lyon, Algérie

12/04/2012 - 30393

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