Algérie

Amalgame benbelliste


On savait l?ancien président Ahmed Ben Bella démagogue, instable, mais on ne pouvait imaginer qu?il travaillerait ouvertement contre les intérêts de l?Algérie. Dans une déclaration à Radio-Tlemcen, il a prétendu que « le conflit qui s?éternise entre les deux pays frères (l?Algérie et le Maroc) est un héritage du colonialisme français ». C?est une grave et impardonnable dérive, venant surtout d?un ancien chef d?Etat. L?Algérie ne manque jamais de réaffirmer que les problèmes actuels du Maghreb ont pour origine l?invasion du Sahara-Occidental par le Maroc qui s?est découvert sur le tard une vocation colonialiste et que, par conséquent, elle n?a aucun conflit avec le voisin marocain. Le président de la République ne rate pas l?occasion de le rappeler avec fermeté et, pour cela, il a tout le peuple avec lui. La communauté internationale, à travers l?ONU et le Conseil de sécurité notamment, abonde dans le même sens en affirmant qu?il y a un conflit entre le peuple sahraoui et le Maroc et son règlement ne peut intervenir qu?après des négociations entre le Front Polisario et Rabat. Seul ce dernier prétend qu?il a des problèmes avec les Algériens, mais prend langue de temps en temps avec les dirigeants sahraouis. Quelle mouche a donc piqué M. Ben Bella ? Pourquoi épouse-t-il les thèses marocaines, rejoignant en cela Abassi Madani, l?homme qui a mis l?Algérie à feu et à sang ? Et pourquoi affirme-t-il qu?il militera de toutes ses forces pour « la réouverture des frontières entre l?Algérie et le Maroc », alors que les dirigeants algériens soutiennent que c?est une question qui fait partie d?un contentieux plus large ? Apparemment, il n?a pas réellement à c?ur les intérêts de l?Algérie auxquels il préfère apparemment ceux d?une monarchie médiévale. Mais le personnage est fidèle à lui-même. Il est connu pour faire dans l?amalgame, et son âge avancé semble ne pas l?avoir assagi. Ses propos, qui relèvent de l?irresponsabilité, ne peuvent plaire qu?aux Marocains qui trouvent désormais en lui un allié sûr, mais heureusement de peu de poids. De toute évidence, il ne contribue pas à calmer les esprits de ceux-là pour lesquels il s?est érigé en avocat, c?est-à-dire les apprentis colonialistes marocains. Il vient de leur donner une occasion de plus pour jaser et chercher à culpabiliser l?Algérie devant l?étendue de leurs problèmes internes.
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