Un viol divise les plus hauts niveaux de l’Etat Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a vivement rejeté, hier, des accusations sunnites de viol dont les auteurs seraient deux policiers, assurant qu’elles visaient à «semer la confusion» sur le plan de sécurité, avant d’être contesté par un conseiller du vice-président sunnite. L’affaire a éclaté lundi soir, lorsque la Fondation sunnite, char- gée de la gestion des cultes sunnites, a accusé «des membres des forces de maintien de l’ordre», majoritairement chiites en Irak, d’avoir violé Sabrin al-Janabi, à al-Amil (sud-ouest de Bagdad). Face à ces allégations susceptibles d’attiser encore des haines confessionnelles et qui ont déjà coûté la vie à des milliers de chiites et sunnites, le Premier ministre chiite a promptement réagi, annonçant dès lundi soir la création d’une commission d’enquête et assurant que si l’affaire était confirmée, ses auteurs seraient sévèrement punis, le viol étant passible de la peine de mort. Le lendemain, cependant, le Premier ministre a contesté les accusations également réitérées sur la chaîne satellitaire «Al-Jazira» par une femme voilée se présentant comme la victime. «L’enquête médicale a démontré que Sabrin al-Janabi n’a pas du tout été abusée sexuellement», a indiqué un communiqué des services d’Al Maliki. Elle «était sous le coup de trois mandats d’arrêt et après ses fausses accusations, le Premier ministre a ordonné que les honnêtes officiers mis en cause soient félicités», ajoute le texte. Contestation de la version officielle Illustrant l’absence de cohésion au plus haut niveau de l’Etat en Irak, un conseiller du vice-président sunnite Tarek al-Hachémi a contesté la version du chef du gouvernement. Selon Omar al-Jibouri, la victime présumée, arrêtée dimanche matin par des «forces de maintien de l’ordre irakiennes» a été libérée par des soldats américains, avant d’être admise à l’hôpital Ibn Sina, sous contrôle de l’armée américaine, qui a établi «un rapport qui confirme les accusations». M. al-Jibouri a ajouté qu’une commission médicale irakienne, réexaminait hier le dossier. L’armée américaine a refusé de commenter l’affaire sur le fond. «Nous continuons à enquêter», a déclaré à l’AFP le lieutenant-colonel Christopher Garver. Guerre des communiqués «Le but de cette invention (...) est de semer la confusion au sujet du plan de sécurité et de ternir la réputation de nos forces», avait aussi accusé le Premier ministre dans un communiqué. «C’est la preuve de l’échec du plan de sécurité, qui était censé protéger nos femmes», avait pour sa part affirmé, lundi, la Fondation sunnite. L’affaire a éclaté moins d’une semaine après le lancement officiel, le 14 février, de ce plan de sécurité, destiné à apaiser les violences entre chiites et sunnites, notamment grâce au déploiement de milliers de soldats irakiens et américains dans la capitale. Echec du plan de sécurité Des observateurs occidentaux, ainsi que Condoleezza Rice, en visite surprise samedi à Bagdad, ont prévenu que ce plan échouerait faute d’un véritable processus parallèle de réconciliation nationale entre les chiites, majoritaires et dans le pays et au gouvernement et les sunnites, écartés du pouvoir après la chute du régime de Saddam Hussein. Pendant ce temps, les violences se sont poursuivies, après l’euphorie des premiers jours où un haut responsable irakien affirmait que le volume des attentats avait baissé de 80% avec l’application du plan de sécurité annoncé à grands renforts médiatiques.
Posté Le : 21/02/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com