Le chef de la diplomatie française Jean-Yves le Drian a salué, hier vendredi, le «civisme» et le «pacifisme» des manifestants algériens, qui revendiquent un changement de gouvernance radical, dans le pays et le départ du système politique actuel. «Nous regardons avec attention tout ce qui se passe en Algérie : la force de ce mouvement démocratique et puis et surtout le civisme de ces manifestations, avec un peu d'admiration», a-t-il souligné à la télévision BFMTV.Par rapport au mouvement des «Gilets jaunes» en France, il a estimé que «je trouve que les Algériens font preuve d'une grande dignité», avant de souligner que «la France sera aux côtés de l'Algérie, mais c'est l'Algérie qui décide de son avenir et ce n'est pas la France». Le ministre français des Affaires étrangères a affirmé, d'autre part, que «c'est le Président Bouteflika», qui gère le pays, avant d'insister sur la question de savoir si ce n'était pas le chef d'état-major de l'ANP le général Ahmed Gaid Salah, Le Drian a répondu : «non, c'est toujours le Président Bouteflika».
Pour autant, il a expliqué que «la France ne s'ingérera pas dans la politique intérieure de l'Algérie : c'est un pays souverain. Nous venons de fêter l'anniversaire des accords d'Evian. Ce pays souverain assume ses responsabilités et la France ne s'ingérera pas. Simplement, la France regarde avec beaucoup d'attention l'ampleur de ces manifestations», a-t-il ajouté. Mercredi, lors d'une audition devant la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale, le chef de la diplomatie française avait expliqué, sur les manifestations à travers le pays pour le départ du système politique algérien, que «notre position a donné lieu à des détournements, des incompréhensions, des raccourcis». «C'est sans doute attendu, a-t-il dit, compte tenu des relations profondes et complexes que nous avons avec ce pays, mais l'importance de notre relation avec ce pays, d'une part, et de nos liens de toute nature avec ce pays, d'autre part, exigent de clarifier les choses et donc je les clarifie si besoin en était.
D'abord, l'Algérie est un pays souverain et je vous rappelle que nous avons marqué hier le 57ème anniversaire des accords d'Evian». «C'est un pays souverain, donc la France n'a pas à s'immiscer dans les affaires intérieures de l'Algérie, elle n'a pas à le faire et elle ne cherche pas à le faire», ajoute Le Drian pour qui ««c'est au peuple algérien, et à lui seul, qu'il revient de décider souverainement de son avenir et il a montré cette posture au cours des dernières semaines, il a montré qu'il était déterminé à faire entendre sa voix». Et puis, explique t-il, «on assiste depuis plusieurs semaines à un mouvement de fond que nous suivons avec beaucoup d'attention, avec aussi un peu d'admiration, parce que le déroulement de ces manifestations se fait avec un civisme, une dignité qui ne peuvent être que salués». «Cette liberté, selon Le Drian, et cette dignité doivent être respectées. La solution appartient aux Algériens, il ne revient pas à la France de se prononcer sur les choix qui devront être faits. C'est aux seuls Algériens d'en décider par le dialogue démocratique». Il suggère cependant que «le souhait de la France c'est qu'une forme de transition puisse s'engager, rapidement, pour répondre aux aspirations profondes qui continuent à s'exprimer», confirmant par ailleurs que «pour accompagner cette dynamique, nous parlons aux autorités algériennes mais nous écoutons aussi la société civile dans son expression forte. L'Algérie doit maintenant tracer son avenir, il prendra la forme qu'auront choisie les Algériens».
Prudence à Moscou
«Pour notre part, nous resterons aux côtés de l'Algérie et des Algériens dans le respect, l'amitié et la fidélité », a encore précisé devant la commission de l'Assemblée française Jean Yves Le Drian. Ces explications interviennent après plusieurs «tweets» du Président Macron, qui ont irrité les Algériens, en particulier les millions de manifestants, ainsi que les partis d'opposition et la société civile, qui y ont vu une sorte de soutien au Président Bouteflika, qui a renoncé au 5ème mandat, mais compte prolonger le 4ème mandat. Le 12 mars, dernier, au lendemain de cette annonce par le Président Bouteflika, qui a proposé aux Algériens une conférence nationale inclusive et l'annonce d'un gouvernement de transition, le président français avait dans un «tweet» enflammé la rue en Algérie : «la jeunesse algérienne a su exprimer son espoir de changement avec dignité. La décision du Président Bouteflika ouvre une nouvelle page pour la démocratie algérienne. Nous serons aux côtés des Algériens dans cette période nouvelle, avec amitié et avec respect».
Par ailleurs, la présidence de la Fédération de Russie a expliqué, jeudi, que l'Algérie «n'a pas sollicité l'aide de Moscou» en ce qui concerne la situation politique en Algérie. Le porte-parole de la Fédération de Russie Dmitri Pescov a déclaré que «dans son message à Vladimir Poutine, le président algérien Abdelaziz Bouteflika n'a demandé aucune aide du Kremlin», lors d'une conférence de presse à Moscou. Selon lui, «la situation politique en Algérie doit être réglée sans ingérence extérieure», avant de souligner que «personne n'a demandé d'aide à la Russie. Alger et Moscou souhaitent le maintien de bonnes relations dans leur coopération». «Nous sommes convaincus que les Algériens doivent décider eux-mêmes de leur sort, sans ingérence de pays tiers et sur la base de leur propre législation et constitution», a ajouté M. Peskov, en réponse à une question de savoir «si le président algérien avait lancé un appel à l'aide dans sa lettre». A la suite du report de l'élection présidentielle, le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra, également vice-Premier ministre, a été envoyé dans plusieurs capitales dont Moscou, Berlin et Rome, pour défendre la feuille de route du président. Serguei Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères avait indiqué, mercredi, lors d'une conférence de presse conjointe avec Ramtane Lamamra que «nous suivons avec intérêt ce qui se passe en Algérie», ajoutant que «nous constatons des tentatives de déstabilisation de la situation sur place ». Il ajoutera que «je suis convaincu que le peuple algérien résoudra, de lui-même, ses problèmes», avant d'appeler «tous les autres pays à respecter strictement le principe de non ingérence». Pour autant, il a affirmé «soutenir» les plans de sortie de crise du gouvernement algérien, via «le dialogue national basé sur la Constitution», selon un compte-rendu de la chaîne russe RT.
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Posté Le : 23/03/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Yazid Alilat
Source : www.lequotidien-oran.com