Algérie

Alors que le phénomène de la harga prend des proportions alarmantes: Un débat s'impose au parlement



Une tragédie devenue un phénomène de société devrait faire l'objet de moult réflexions et réactions de la part notamment de nos chers élus à l'Assemblée nationale.Des élus qui devraient porter les appréhensions, le mal, et les problèmes des citoyens, à l'hémicycle de Zighoud Youcef, ne se soucient au final que de leurs indemnités. Alors que des dizaines de jeunes Algériens disparaissent chaque semaine en mer, après avoir tenté de rejoindre l'autre rive de la Méditerranée, les représentants du peuple trouvent plutôt inadmissible d'être sanctionnés pour absentéisme injustifié aux plénières et à la commission des affaires juridiques de l'APN. Ce phénomène complexe représente «le symptôme criant d'un mal-être général dans une société bloquée, qui n'offre que peu de perspectives d'intégration sociale et de réalisation de soi», selon Noureddine Khaled, enseignant-chercheur en psychologie au siège de l'Association pour l'aide, la recherche et le perfectionnement en psychologie (Sarp). Et pour l'endiguer, il y va sans compter sur les «élus du peuple» pour trouver les réponses aux espérances de cette jeunesse. Aucun débat n'a été ouvert à l'APN pour discuter de ce fait qui a pris des proportions alarmantes ces derniers mois. Des femmes, des bébés et des enfants prennent part à cette aventure, quand bien même dangereuse et comportant des risques de mort. Les députés préfèrent se concentrer sur les ponctions sur salaires pour absentéisme non justifié, ayant fait l'objet de discussions préliminaires sur le projet de règlement intérieur, retiré lors de la session précédente faute d'un consensus. A chacun ses préoccupations et que chacun vaque à ses occupations. Les harraga ont choisi de «brûler» les frontières maritimes dans des embarcations de fortune pour améliorer leurs conditions économiques. Les députés, eux, ont opté pour contester les ponctions sur leur salaire, pour éviter de nuire à leurs «conditions économiques». La seule qui a fait exception n'est autre que la très controversée Naima Salhi, secrétaire générale du parti de l'équité et la proclamation. Certes, cette dernière n'a pas convoqué un débat sur ce phénomène, au niveau de l'APN, mais elle a pris Facebook comme tribune pour parler de ces jeunes désespérés ayant choisi la route maritime pour se sauver de leur réalité. Commentant des vidéos des harraga décédés en mer ou celles des parents des disparus postées sur sa page, Salhi a accusé les autorités d'être les responsables de cette tragédie nationale. Selon elle, les principales causes de l'émigration illégale restent les conditions de vie, la misère économique et le mal-être social (chômage, insuffisance du revenu familial, manque de loisirs, manque de liberté, manque de perspectives?). Il n'y pas que les députés qui ont tourné le dos à cette jeunesse, mais c'est le cas notamment de nos politiques. Aucune formation politique qu'elle soit de l'alliance ou de l'opposition n'a soufflé un mot sur ce saignement qui a fait endeuiller de nombreuses familles algériennes. Le temps pour eux est de se focaliser sur la présidentielle prévue dans quelques mois. Et aucun autre sujet ne devrait interférer à leurs ambitions. Croire que la harga est un acte de désespoir est très réducteur, surtout qu'il ne s'agit pas là d'un mouvement destructeur, mais plutôt d'une tentative extrême et ultime de réalisation de soi, comme l'a si bien expliqué l'enseignant-chercheur Noureddine Khaled.


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