Algérie

Alors que le «peuple veut la chute de Camp David»: Le gouvernement égyptien contraint à l'équilibrisme



Le Quartette pour le Proche-Orient, coquille vide créée pour maintenir une «présence» internationale à Tony Blair - et non pour résoudre

le conflit -, s'est soudain réveillé pour mettre en garde contre un risque «d'escalade».

Ce ne sont pas les 18 morts palestiniens tués dans les raids israéliens sur Ghaza qui sortent cette structure bidon de sa léthargie mais les signes que les Egyptiens ne sont plus près d'avaler les couleuvres que l'ex-raïs Moubarak imposait à l'Egypte. Les assassinats de Palestiniens sont une routine, les arrestations - 120 cadres du Hamas arrêtés en Cisjordanie - également. Les civils palestiniens - c'est la politique israélienne qui ne gêne pas le Quartette - sont la cible des représailles à chaque opération de résistance. Ce qui inquiète le plus Israël et ses soutiens occidentaux est l'éventualité d'une dégradation des relations entre l'Etat hébreu et l'Egypte, débarrassée de Moubarak. Dans un pays aspirant à sortir de l'état d'indignité, la mort de cinq policiers égyptiens tués par les Israéliens ne passe pas. Et les signes de colère ne manquent pas en Egypte. A commencer par le statut de héros donné à un jeune Egyptien, Ahmed Echahat, qui a profité du moment de la relève de la garde pour escalader le bâtiment de l'ambassade israélienne au Caire et enlever le drapeau israélien. Des milliers d'Egyptiens qui manifestaient devant l'ambassade ont salué avec enthousiasme le geste. Un candidat à l'élection présidentielle égyptienne, Hamdi Sabahi, a salué «avec fierté le héros qui a brûlé le drapeau sioniste qui polluait l'air égyptien depuis 30 ans».

Colère populaire, équivoque officielle

La colère populaire n'est pas une surprise. Les slogans des manifestants sans équivoque : «le peuple veut la chute de Camp David». Les Egyptiens, en dépit de la politique de Hosni Moubarak, ont empêché de facto que la normalisation aille au-delà des échanges d'ambassades. Ce rejet qui parvenait à s'exprimer était néanmoins contenu, y compris par les moyens de la répression, par le régime de Moubarak. Le gouvernement égyptien obtenait en contrepartie d'une extrême mollesse - pour utiliser un euphémisme - une aide de 1,3 milliard de dollars par an des Etats-Unis. Cette question reste de mise dans une Egypte actuellement dirigée par des militaires qui ont déclaré qu'ils ne comptaient pas remettre en cause les accords de camp David. Un rapport de la Force multinationale et Observateurs (FMO), stationnée dans le Sinaï et chargée de surveiller la paix entre Israéliens et Egyptiens, indique qu'Israël a commis deux violations en pénétrant en Egypte et en tirant côté égyptien. Le gouvernement égyptien doit prendre des mesures suffisamment fortes pour répondre à la colère des Egyptiens sans pour autant rompre avec les engagements pris. Un exercice d'équilibrisme qui risque de durer, au moins, jusqu'à la tenue d'élections et l'avènement d'un gouvernement élu. La question du «retrait de l'ambassadeur» d'Egypte à Tel-Aviv traduit bien cette équivoque. Le Caire a bien fait part samedi de son intention de rappeler son ambassadeur en Israël. Hier, on ne savait pas si cela s'est traduit dans les faits d'autant que le communiqué annonçant le rappel de l'ambassadeur a été retiré du site internet du gouvernement. Ce qui a alimenté les rumeurs d'une rétractation du Caire. Une situation de flou qui traduit parfaitement l'embarras du pouvoir au Caire. Les Américains ont sans doute actionné leurs relais pour amener Le Caire à modérer ses réactions.

Le sang égyptien est cher

Le gouvernement égyptien a publié, après une seconde réunion de crise, un communiqué dans lequel il estime que l'accord d'Israël «sur une enquête conjointe sur les circonstances de l'incident est une étape fondamentale pour empêcher que de tels incidents se reproduisent à l'avenir alors que le sang égyptien est cher et le gouvernement n'acceptera pas que le sang égyptien soit versé pour rien». Mais le gouvernement estime que l'attitude conciliante d'Israël est insuffisante. La «coopération israélienne est positive en surface mais elle n'est pas à la mesure de l'importance de l'incident et de la colère des Egyptiens face aux actions israéliennes», a indiqué le gouvernement. «L'Egypte tient à la paix avec Israël, Tel-Aviv devrait également assumer ses responsabilités pour protéger cette paix.» Le Conseil suprême des forces armées (CSFA) tient une réunion de crise quotidienne depuis vendredi et il continuera à le faire jusqu'à l'annonce des conclusions de l'enquête. Les militaires égyptiens tentent de toute évidence un dosage entre la fermeté qui satisfait l'opinion et la nécessité de ne pas aller trop loin. Hier, une délégation emmenée par un diplomate israélien de haut rang, qui n'a pas été identifié, est arrivée au Caire selon des sources aéroportuaires. Quatre voitures ont récupéré la délégation sur le tarmac lors d'une réception discrète. Les militaires au pouvoir au Caire tentent de calmer le jeu. Il reste qu'une intervention de l'armée israélienne contre Ghaza les mettrait dans une situation embarrassante vis-à-vis d'une opinion qui commence à exister en Egypte. La Ligue arabe a condamné dimanche le bombardement de la bande de Ghaza par l'aviation israélienne et demandé à l'ONU d'intervenir.




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