Algérie

Alors que le monde regarde vers les étoiles...



Alors que le monde regarde vers les étoiles...
Les licences de téléphonie mobile de troisième génération (3G+) ont finalement été attribuées mardi soir aux trois opérateurs nationaux. Le problème n'est sans doute plus à se demander si la mise en service se fera à la mi-décembre, à la fin de l'année ou dans le cours de 2015. On n'en sait rien en vérité et le médium le plus inspiré serait probablement dans l'incapacité de dire quand - si ce n'est pas comment - les autorités (politiques) du pays envisagent le démarrage (effectif) de la 3G+ laquelle n'en finissait pas de jouer à l'Arlésienne. De fait, le lancement de la téléphonie mobile de troisième génération a été marqué par des ordres et des contrordres qui ont banalisé un service qui devait placer le pays dans la trajectoire du développement et de la maîtrise des technologies de pointe. La 3G+ est là, mais nous n'en sommes pas encore à la licence unique permettant aux opérateurs d'offrir plusieurs services en même temps. Toutefois, le contretemps qui a retardé le lancement de ce nouveau service n'a été ni d'ordre technique ou technologique - les trois opérateurs de la téléphonie mobile affirment qu'ils étaient prêts à démarrer à tout moment - ni administratif. Cet empêchement est donc politique! En effet, ne nous cachons pas la vérité, ce ne sont pas les opérateurs de la téléphonie mobile, ni l'administration (Arpt) - qui ont travaillé depuis plusieurs années sur ce projet - qui ne sont pas prêts à ce bond qualitatif dans un secteur-clé qui façonne la citoyenneté, mais bien les politiques ou, plus concrètement, le système politique qui régit le pays. Et c'est cela le fond du problème: le système politique n'est pas prêt, lui, à cet acte politique fondateur: la liberté de l'information et son corollaire, la liberté d'informer. Nous revenons en fait à la case zéro. Comme l'ouverture du champ audiovisuel, la 3G+ (notons en passant que des pays africains qui n'ont pas les moyens dont dispose l'Algérie - techniques, technologiques et financiers - possèdent la 3G comme la Mauritanie, depuis 2007, ou l'Ethiopie qui en est à la 4G) fait peur en Algérie. Alors, on tatillonne pour trouver la bonne formule; comment retarder, à défaut de l'interdire, l'avènement d'un espace multimédia et l'introduction dans le pays des progrès de la communication rapide que permet la téléphonie mobile. Peut-on retarder l'inéluctable ou trouver la parade en ouvrant le champ médiatique sans vraiment l'ouvrir au regard des obstacles qui s'accumulent devant les opérateurs de téléphonie et les investisseurs dans l'audiovisuel et les médias' C'est un peu le dilemme auquel est confronté le pouvoir avec les opérateurs et l'administration en charge de la téléphonie mobile qui ont dû faire marche arrière par le report du lancement de la 3G+ prévu le 1er décembre. En voulant garder la haute main sur l'information - de la source au consommateur - sur ce que le citoyen a le droit ou non de savoir, on finit par s'exposer à ce genre de cafouillage. Pour un pays qui s'enorgueillissait - il y a peu - du fait que l'Algérie ait déjà lancé un satelllite artificiel (Alsat 1) et annonçait la coopération de chercheurs algériens avec des institutions leaders mondiales dans le secteur de la technologie spatiale telle que la Nasa, cela fait à tout le moins désordre. Entendons-nous bien. L'Algérie a la capacité technologique pour réussir dans ce domaine pointu, mais encore faut-il clarifier la donne et surtout avoir la volonté politique pour ce faire. Dans une planète devenue un petit village grâce à l'Internet, il est en fait de plus en plus difficile d'interdire l'expression plurielle et aux citoyens de forger leurs propres opinions. En tout état de cause, le verrouillage du champ médiatique n'est pas le meilleur moyen d'améliorer la visibilité de notre pays dans l'espace de la liberté d'expression et du droit de dire, de filmer et d'écrire. Reste le choix, qui n'a rien de cornélien, de s'intégrer à un monde de plus en plus petit, ou de s'isoler délibérément en restant à l'état sauvage coupé des réalités de ce même monde qui regarde de plus en plus vers les étoiles, quand nous en venons presque à regretter le temps de la communication par la «fumée». Sinon, on ne s'explique pas que l'Algérie soit désormais le rare pays au monde à ne disposer que d'une unique chaîne de télévision, quand le pluralisme politique est une réalité. Comme l'audiovisuel, la 3G et la 4G - dont on nous promet l'avènement pour 2014 - sont l'un des fondements du processus démocratique, toujours annoncé et de même, ajourné à des jours meilleurs.




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