Tout en indiquant que le gouvernement «a mis en place une stratégie nationale proactive, afin de juguler la fuite des compétences nationales vers l'étranger et inciter au retour de celles présentes en dehors du pays,», le Premier ministre a tenu à rappeler l'impact «relatif» à ce phénomène sur l'Algérie.Précisant que la fuite des cerveaux n'est pas propre à l'Algérie mais touche «d'autres pays plus développés», Ahmed Ouyahia a estimé, toutefois, que les chiffres donnés par les médias étaient «exagérés». Malgré cette minimisation du phénomène, c'est bien la première fois que le gouvernement réagit à cette réalité et engage une réflexion sur la question qui l'a conduit à mettre en place des mécanismes censés résoudre cette problématique. A la question d'une députée MSP sur «la poursuite de l'émigration des compétences nationales vers l'étranger», la réponse du Premier ministre, lue en son nom par le ministre des Relations avec le Parlement, lors d'une plénière de l'APN, consacrée aux questions orales, est revenue sur les mesures prises pour endiguer cette fuite des cerveaux, notamment l'emploi et la promotion de la formation. Evoquant le plan de bataille du gouvernement, il a rappelé la création de maisons d'entrepreneuriat, dans différents établissements universitaires «pour ancrer et promouvoir la culture entrepreneuriale chez les jeunes diplômés universitaires» pour «acquérir les compétences et l'expérience requises afin de monter leurs propres projets» et participer à la création d'emplois. Il a indiqué, également, le recrutement direct dans les administrations et établissements publics pour les diplômés ayant suivi une formation spécialisée auprès d'organismes qualifiés, comme c'est le cas pour les diplômés de l'Ecole nationale d'Administration (ENA), l'Ecole supérieure de la Santé et l'Ecole supérieure de la Sécurité sociale (ESSS). Quant au volet de la Formation professionnelle, Ouyahia a souligné l'action des pouvoirs publics qui ont, notamment, simplifié et facilité les procédures administratives en faveur des jeunes porteurs de projets auprès de l'ANSEJ et de l'ANEM pour une meilleure concrétisation de leurs projets.
A ce propos, il a mis en exergue la création d'un climat de travail encourageant pour les jeunes entrepreneurs, à travers «des prêts non rémunérés, la réduction des taux d'intérêts bancaires, la prise en charge des éventuelles dépenses relatives aux études et aux expertises réalisées et requises par l'ANSEJ, outre l'octroi d'une bonification pour les projets spécifiques à la technologie ». Concernant l'autre aspect de cette équation, le Premier ministre a souligné que le gouvernement a misé sur la formation à l'étranger, en tant que démarche stratégique pour l'Economie nationale. L'Algérie planche, aussi, sur la valorisation du programme national de la Formation à l'étranger qui «a un rôle crucial dans l'approfondissement des connaissances des encadrants et des étudiants », en parallèle à «la création d'une banque de données sur les compétences nationales, à l'étranger à travers un réseau d'identification sous la direction du Centre de Recherche sur l'information scientifique et technique (CERIST)».
Par ailleurs, Ouyahia a rappelé les mesures prises par l'Etat au profit de la Communauté nationale établie à l'étranger pour les encourager à un retour au pays, dont l'affectation à son profit de Logements promotionnels aidés (LPA). L'octroi d'avantages et d'incitations, dans différents domaines, au profit des compétences résidant à l'étranger, à travers les filières des banques algériennes, la Chambre algérienne du commerce et d'industrie, les représentations diplomatiques et consulaires algériennes participent également à cet effort. Rappelons qu'en 2017, Chems-Eddine Chitour, professeur émérite à l'Ecole polytechnique d'Alger, avait affirmé que le pays est en train de se vider de ses cerveaux. « L'Université algérienne est en train de former une élite pour l'étranger », avait déclaré le professeur, soulignant que l'élite du pays est très convoitée, notamment par les universités européennes et américaines. À cet effet, il a affirmé qu'une « ambassade étrangère faisait, chaque année, son marché dans les Universités algériennes en accordant des visas d'études à 20.000 étudiants». Selon un ex-ministre, Smaïl Goumeziane, quelque 500.000 cadres ont fui le pays à la recherche d'un horizon meilleur. Ces départs massifs ayant commencé depuis les années 80, ont causé des pertes financières considérables sur le plan des dépenses de formation et de l'apport, au PIB de l'Algérie. Ainsi, ces 500.000 cadres ont fait perdre 105 milliards de dollars, à l'Algérie, alors qu'ils ont généré une richesse estimée à 465 milliards de dollars pour les pays d'accueil.
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Posté Le : 02/02/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Moncef Wafi
Source : www.lequotidien-oran.com