Pendant que la société publique Sotracov chargée de l'importation des viandes depuis l'Inde s'affaire à apaiser les controverses sur la qualité de cet aliment, nous apprenons que 250 tonnes environ, représentant 10 conteneurs, ont déjà été écoulées sur le marché par un importateur privé.
Des grossistes de l'Oranie et de l'Algérois ont assuré avoir acheté de la viande congelée importée d'Inde. Il semblerait que l'importateur en question ait fait du porte-à-porte afin de pouvoir écouler sa marchandise sur le marché. Nos efforts auprès des Douanes algériennes visant à nous informer si les viandes étaient contrôlées à leur arrivée au port se sont avérés infructueux. Les premiers lots acheminés depuis l'Inde par la société publique Sotracov, estimés à 620 tonnes, sont en rade au port d'Alger, en attendant les résultats des analyses qu'effectuent actuellement les services de l'Institut Pasteur d'Algérie. La commercialisation est prévue à compter du 8 du mois en cours, d'après les explications fournies hier en conférence de presse par le PDG de Sotracov, Djahid Zfizef. Mais si des quantités ont déjà été écoulées sur le marché par un importateur privé, cela signifie éventuellement que ces premiers lots auraient échappé au contrôle des services de l'Institut Pasteur d'Algérie.Une chose est sûre : les marchés négociés avec l'Inde portent sur la vente de 10 000 tonnes de viande bovine à l'Algérie, dont une quantité de 4000 tonnes à la charge de la Sotracov, unique importateur public. C'est-à-dire que les 6000 tonnes qui restent sont à la charge d'opérateurs privés, qui en auraient écoulé déjà 250 tonnes. Le ministère de l'Agriculture a assuré récemment qu'il avait délivré 9 dérogations sanitaires pour l'importation de viande bovine depuis l'Inde, dont quatre autorisations au profit de la Sotracov. Si des vérifications vétérinaires ont été réellement effectuées en aval, le même contrôle a-t-il été effectué pour l'ensemble des importateurs ' Quoi qu'il en soit, la rapidité de commercialisation des premiers lots est telle qu'on se pose de sérieuses interrogations quant à la qualité de cette viande. Nous avons appris aussi que des lignes de crédit étaient ouvertes en France par certains importateurs privés, car on se demandait, jusqu'ici, comment un opérateur privé pouvait procéder au paiement, quand on sait qu'aucune lettre de crédit ne peut être ouverte en l'absence d'une dérogation sanitaire...Le privé aurait échappé à l'Institut PasteurDans nos précédentes éditions, nous avons également évoqué la manière avec laquelle les Indiens se sont emparé du marché. Ils sont arrivés le 6 mai 2010 et, quelques jours plus tard, le 18 mai exactement, le marché était conclu et le certificat signé. Les premières livraisons pour le compte d'importateurs privés devaient être effectuées une dizaine de jours après la date de conclusion de la transaction. Si l'Etat a pris le soin de faire intervenir l'Institut Pasteur d'Algérie pour l'analyse des quantités qu'il a importées par le biais de la Sotracov, des importateurs privés auraient déjà encaissé les gains. L'importation de viande indienne serait une grosse affaire. Le ministère de l'Agriculture n'a soufflé jusqu'ici mot sur les critères de sélection des importateurs ni au sujet de ce changement brusque de fournisseur. Car traditionnellement, l'Algérie importait depuis certains pays d'Europe et d'Amérique latine, à l'instar de l'Argentine et du Brésil. Le flou reste maître des lieux. Hier, lors du point de presse tenu conjointement par la Sotracov et l'Office national de l'aliment de bétail (ONAB), le Pdg de Sotracov a indiqué que « l'objectif étant de diversifier l'offre en viande rouge ». Il a indiqué également que son organisme « importe d'autres pays, mais nous allons continuer d'importer d'Inde du moment que c'est un marché porteur ».Autre bizarrerie : aucun responsable du ministère de l'Agriculture n'est intervenu pour tirer au clair les questions en suspens. Pour ce qui est de la viande rouge, le PDg de l'ONAB a reconnu, hier, qu'il existe bel et bien actuellement une tension sur le marché et une flambée des prix, atteignant, selon lui, 310, 320 et jusqu'à 360 DA le kilo dans certaines régions. Cependant, Bouzid Boukersi, Pdg de l'ONAB, exclut la version selon laquelle l'opération de stockage a créé une pénurie qui serait à l'origine de la tension sur le marché et de la flambée des prix. Le même responsable a confirmé que son organisme a d'ores et déjà stocké 4200 tonnes de poulets congelés. Avec une production de 20 000 tonnes/an, dont 18 000 tonnes se vendent congelées, l'ONAB, avec ses 14 abattoirs, n'assure que 7% de la production nationale en poulets, estimée à 300 000 tonnes/an. Le reste (20%) est assuré par les 500 abattoirs privés et communaux que compte le pays, mais la majorité des poulets vendus, soit plus de 70%, sont originaires d'abattoirs du marché noir, a rappelé M. Boukersi. Le chiffre est effarant et l'Etat semble avoir failli à son obligation de lutter contre l'informel.
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Posté Le : 05/08/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ali Titouche
Source : www.elwatan.com