Algérie - Revue de Presse

Alors que la popularité des verts reste intacte : La fièvre de la Coupe du monde s'empare des Algériens


Alors que la popularité des verts reste intacte : La fièvre de la Coupe du  monde s'empare des Algériens
Toutes les villes du pays se sont mises aux couleurs de l'équipe nationale. A J-3 du coup d'envoi de la Coupe du monde au pays de Mandela, l'ambiance à Alger en ce mardi 8 est plutôt tiède. Mais seulement en apparence. Il suffit de tendre l'oreille et d'aiguiser l''il pour voir que le Mondial est déjà sur toutes les lèvres. Dans les cafés, dans les discussions de quartier, au bureau, dans les gares et les aéroports, ça ne parle que de ça à longueur de journée : la forme rassurante de Ziani, la méforme inquiétante de Bougherra, les images fortes d'Omdurman, la tactique de Saâdane. Et les pronostics qui vont bon train, à se croire dans une antenne du Pari sportif. Sur la Toile, ça s'agite et ça s'active encore davantage, comme en témoigne ce groupe créé sur facebook pour soutenir notre cher capitaine Yazid Mansouri, injustement conspué par des supporters incléments lors du dernier match amical de notre EN (taper « Pour dire merci à Yazid Mansouri » sur facebook). Citons aussi ce groupe de supportrices inconditionnelles des Fennecs : « Nous sommes toutes avec les Verts », avec à la clé, cette belle devise : « Je n'ai pas choisi d'être algérienne. J'ai juste eu de la chance. » Voilà. La couleur est annoncée, la mayonnaise prend, monte, l'ambiance chauffe et va crescendo, la presse sportive s'arrache, les supporters s'organisent, les premiers départs vers l'Afrique du Sud prennent leur envol. Bref, les Algériens sont en plein dans le Mondial. Et l'événement planétaire s'insinue de jour en jour, d'heure en heure un peu plus, dans notre quotidien par le truchement de mille et un détails jusqu'à devenir une hantise collective. En témoigne l'ampleur prise par le marketing des Verts et la pléthore de produits dérivés à l'effigie des Ziani and Co. qui saturent nos rues, nos souks et nos espaces publics. Les logos en l'honneur de « El Khadra » rivalisent de créativité. Les vendeurs de maillots aux couleurs de l'EN pullulent. Un business qui n'a eu de cesse de prospérer depuis voilà une année. Sans compter le commerce des objets fétiches « Made in Saâdane » qui se nourrit lui aussi, de cette passion des Verts.« Matmour va marquer' »Salim, conducteur d'engin de son état, que nous avons rencontré à Belcourt, porte un maillot de l'équipe nationale, frappé du numéro 13, sur le dos est floqué le nom de « Matmour ». « Pensez-vous que Matmour va marquer à la Coupe du monde ' », le taquinons-nous. Salim est confiant : « Bien sûr, je l'espère en tout cas », dit-il. Pour lui, comme pour toutes les personnes que nous avons sondées, il ne fait aucun doute que les Verts ne vont pas en touristes à Johannesburg. « Une victoire contre la Slovénie est largement dans nos cordes. On n'a toutes les chances de gagner ! », argue-t-il. Quid de l'Angleterre et sa redoutable arme fatale, Wayne Rooney ' « Ah ! Là, c'est plus compliqué », s'esclaffe-t-il en exhortant Saâdane à imaginer très vite un plan anti-Rooney. Car, pour lui, le vrai danger, c'est lui. Et de lancer, cinglant : « Il faut que Saâdane vire Saïfi et Abdelkader » 'Mazal' qui nous fait toujours languir. »Un pote à lui, attifé d'un maillot aux couleurs du CRB et assis derrière une petite table où il vend des téléphones portables, renchérit : « Nous avons une belle équipe qui peut faire un parcours honorable, mais il faut changer d'entraîneur. » Le jeune homme se plaint de la cherté de la carte Al Jazeera Sport et implore Bouteflika pour que l'ENTV acquiert les droits de retransmission de tous les matchs de la Coupe du monde : « Qu'est-ce que ça leur aurait coûté d'acheter tous les matchs ' Le pauvre zawali n'a que ça pour se défouler. Quand ils ont eu besoin des jeunes, ils les ont envoyés au casse-pipe à Khartoum alors qu'ils auraient pu y laisser leur peau ! » Salim prévient que dimanche (match décisif contre la Slovénie) il n'ira pas travailler. « Si on perd, on n'aura pas le moral pour travailler, et si on gagne, on fera la fête. Dans les deux cas je n'aurai pas la tête au boulot », dit-il. Les deux compères sont persuadés que la chance va sourire aux Verts : « Inchallah on va gagner et on va se défouler comme des fous ! », promettent-ils. Un optimisme décidément contagieux qui gonfle la poitrine de tous les supporters interrogés.« Algérie Yes, We Can ! »Ammi Achour, 77 ans, tient un kiosque à journaux dans une venelle. Son bureau est décoré aux couleurs de l'EN, avec tout le nécessaire : un drapeau, un poster estampillé « Maâk yal Khadra » et des fanions blanc-vert-rouge avec le slogan : « Algérie : Yes, we can ! ». Ammi Achour est un supporter à vie du Mouloudia d'Alger. Il nous raconte comment, petit, il allait au stade Marcel Cerdan (aujourd'hui Omar Hammadi), à Bologhine, les poches pleines de tomates, il allait défier les équipes adverses « qui étaient françaises ». « On portait un maillot vert et rouge et on ajoutait un collier de jasmin autour du cou pour reconstituer les couleurs de l'emblème national qu'on n'avait pas le droit d'arborer », se souvient-il.Aujourd'hui, il se félicite que le drapeau national soit omniprésent et fièrement arboré par les jeunes. La liesse populaire suscitée par la qualification épique des Verts n'était pas sans lui rappeler la ferveur nationaliste de sa prime jeunesse et l'ambiance psychédélique des fêtes de l'Indépendance. Pour lui, cet esprit de fraternité qui transcende l'étroitesse de l'enjeu sportif, et qui a fédéré tous les Algériens, c'est cela la véritable victoire de l'équipe nationale. « Cela a réconcilié les jeunes avec le drapeau et leur a appris l'amour de la patrie. C'est merveilleux ! Ce sport ''fih hikma'' (comporte une sagesse). Ça a soudé les Algériens et je prie Allah pour qu'Il nous gratifie de nouvelles victoires afin que cet état d'esprit se perpétue », dit-il. Pour lui, « nous avons les moyens d'aller loin ».Ces jeunes ont juste besoin de passer plus de temps ensemble pour mieux travailler leurs automatismes. Pourtant, d'aucuns se plaisent à décrire le foot comme « l'opium du peuple » en jurant de boycotter les joutes qui vont tenir en haleine la planète entière un mois durant. Samia, jeune cadre dans une société étrangère n'irait pas jusque-là. Toutefois, elle estime que « le gouvernement cherche à détourner l'attention des jeunes avec le foot afin qu'ils ne pensent pas aux vrais problèmes du quotidien ». D'ailleurs, Samia avoue n'avoir suivi aucun des matchs amicaux des Verts. « Mais je m'informe » précise-t-elle. « Je sais qu'ils ont gagné le dernier 1-0 ». Et de souligner : « Le seul match que j'aie vu est celui de la revanche contre l'Egypte. » « Si j'ai le temps, je vais regarder les matchs de l'équipe nationale en Coupe du monde. D'après ce que je sais, leurs derniers matchs n'étaient pas très bons. Je ne sais pas si c'est une tactique pour cacher leur jeu à leurs adversaires. Cela dit, j'aimerais bien qu'ils gagnent, franchement. Même si je n'aime pas le gouvernement, j'aime mon pays. »« Nous battrons sa majesté l'Angleterre ! »Kahina, 26 ans, responsable publicitaire dans une agence de communication est fan de foot, elle. « Pour moi, ce n'est pas du tout quelque chose de banal cette Coupe du monde, surtout que l'Algérie y participe », dit-elle d'emblée. « Il est vrai que le fait de savoir que plusieurs de nos meilleurs joueurs sont blessés fait craindre le pire, mais je reste confiante et j'attends cette Coupe du monde de pied ferme ! », ajoute-t-elle. Kahina pense que la Slovénie est paradoxalement plus difficile à jouer que la formation de Fabio Capello. On va battre sa majesté l'Angleterre, gage-t-elle. Comment compte-t-elle s'organiser dimanche pour pouvoir suivre le match en pleines heures ouvrables ' « Ça tombe bien, ça coïncide avec ma pause-déjeuner », confie-t-elle. « Et puis, nous avons une télé au bureau. Sinon, on peut toujours suivre le match sur le Net à travers le site de l'ENTV. »A mesure que le jour J approche, Alger finit de se parer aux couleurs chatoyantes de l'Afrique du Sud et tout le monde d'apprêter son arsenal de supporter, avec le pack nécessaire : un drapeau (grand de préférence), un maillot et une compile des meilleures chansons à la gloire de nos héros. Sans compter un accessoire de taille : leur carte Al Jazeera Sport ou une carte pirate, à défaut. Ainsi, entre la frénésie de la Coupe du monde, le spectre du Ramadhan qui lui emboîte le pas et la canicule qui s'installe, les Algériens sont parés pour un été 2010 qui promet d'être particulièrement épicé. Rien de tel qu'une bonne entame pour chasser le signe indien et prolonger l'illusion que le foot peut sauver l'Algérie. Maâk yal Khadra !...
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