Algérie

Alors que la Libye post-Kadhafi peine à s'organiser



Alors que la Libye post-Kadhafi peine à s'organiser
Une perche pour le CNT qui essaye de reprendre le jeu dans un puzzle livré au tribalisme et aux appétits de puissances étrangères ou une initiative pour compliquer la situation au bord du chaos '
Le moment est pour le moins mal choisi par la Cour pénal internationale pour enquêter sur les viols commis durant les années Kadhafi. Non pas qu'il faille absoudre ces crimes mais le sujet est en soi très délicat dans une société très conservatrice. Le procureur de la CPI a lui-même fait état de cette réalité sociale en présentant son projet de faire toute la lumière sur des viols qui auraient été commandités par Kadhafi en personne pendant ses offensives contre les populations en révolte contre son régime. Luis Moreno-Ocampo a indiqué que ses enquêteurs respecteront les traditions d'une société 'ultraconservatrice.'
Les enquêtes, selon lui, seront menées d'une manière différente ; le dossier sera construit sans présenter aucune victime de viol, ni leurs visages, pas même leurs noms! De l'inédit pour un procès de ce genre : les accusations seront basées sur les témoignages des médecins qui ont reçu des centaines de victimes, des dossiers des hôpitaux, des vidéos et des aveux de soldats et de gens dans l'armée qui ont raconté ce qui s'est passé. Ocampo, qui s'était rendu vendredi à Misrata, à 200 km à l'est de Tripoli, devait examiner avec les responsables locaux comment collecter des preuves sans exposer les victimes dans un pays où parler de viol est un tabou. Pour convaincre ses interlocuteurs, Ocampo leur a dit : 'De la même manière que la Libye considère comme des martyrs ceux qui sont morts et comme des héros ceux qui ont perdu une jambe, les jeunes femmes violées sont aussi des héroïnes, pour exhorter les familles et les nouvelles autorités à en parler, sinon les femmes violées auront deux problèmes : elles ont été violées, et maintenant elles sont marginalisées.' Misrata a accusé Kadhafi et les siens d'avoir utilisé le viol comme une arme contre les habitants de la ville durant les semaines de combat, qui furent parmi les plus sanglantes du soulèvement libyen contre leur régime.
Ocampo a expliqué que la CPI voulait poursuivre des hauts responsables accusés d'avoir commandité des viols et qui se trouvent à l'étranger, donc difficile pour le système judiciaire libyen de les atteindre. En juin, le même Ocampo avait déclaré que les enquêteurs de la CPI disposaient de preuves que Mouammar Kadhafi avait ordonné des viols en série durant le conflit libyen et fait distribuer pour cela des stimulants à ses soldats. Cela dit, la CPI cherche également à redorer son blason après son échec de traduire en justice Kadhafi, le père assassiné, et le fils de l'autocrate, Seif al-Islam, en détention dans son pays et qui exige aujourd'hui à être jugé par les siens. 'J'espère être jugé ici dans mon pays, qu'ils m'exécutent ou pas', a-t-il indiqué au greffe de la CPI.
Arrêté le 19 novembre 2011 dans le Sud libyen, Seif al-Islam est visé par un mandat d'arrêt de la CPI pour des crimes contre l'humanité commis à partir du 15 février 2011 lors de la répression de la révolte populaire qui s'est transformée en guerre civile. L'ex-dauphin de Kadhafi sera transféré à Tripoli cette semaine, à la prison de Tajoura, à 22 km au sud de la capitale, dont la construction vient d'être achevée.
D. B.




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