Algérie

Alors que l'union européenne recherche de nouveaux fournisseurs de pétrole : Sonatrach en manque de perspectives


Alors que l'union européenne recherche de nouveaux fournisseurs de pétrole : Sonatrach en manque de perspectives
"Les opportunistes ont sauvé les peuples ; les héros les ont ruinés". Emil Michel Cioran, philosophe et écrivain roumain. Cette citation trouve tout son sens dans la crise libyenne.

Si le séisme qui secoue actuellement ce producteur de pétrole a ébranlé les marchés et suscité un vent de panique au sein des compagnies pétrolières, particulièrement européennes, il a le mérite d'avoir ouvert l'appétit à de nombreux grands producteurs d'or noir. Plus une goutte de brut ne sort de Libye qui exporte 80 % de sa ressource vers l'Europe. Ce pays détient les plus grosses réserves de pétrole d'Afrique et est l'un des quatre principaux producteurs du continent.

L'ensemble des terminaux pétroliers du pays sont bloqués depuis mercredi. Les majors chinoise CNPC, japonaise Inpex, française Total, britannique BP, néerlando-britannique Royal Dutch Shell, norvégienne Statoil indienne Oil & Natural Gas, espagnole Repsol et la compagnie italienne Eni font partie de la liste des sociétés qui ont suspendu l'exploitation pétrolière partiellement ou intégralement en Libye. Une situation qui inquiète le vieux continent qui craint une prolongation du conflit susceptible de compliquer sensiblement l'approvisionnement des pays d'Europe de l'Ouest en ressources énergétiques.

Les analystes estiment que la réduction des quantités de pétrole exportées de Libye ne conduira pas à une pénurie énergétique en Europe de l'Ouest, mais génère de sérieux problèmes quant aux délais d'approvisionnement en ressources. Aussi, de nombreux pays producteurs se replacent pour remplacer le pétrole libyen et saisir l'opportunité de prendre des parts de marché.

L'Azerbaïdjan et l'Iran se disent prêts à augmenter les fournitures à l'Europe occidentale. L'Arabie Saoudite, qui met en avant l'argument de la stabilisation du marché, a d'ores et déjà augmenté sa production de 700 000 barils par jour pour atteindre une production journalière de 9 millions de barils. Néanmoins, l'ensemble de ces pays doivent faire face à l'obstacle de l'éloignement géographique, ce qui est susceptible de créer bien des complications sur le plan logistique.

Une problématique qui se pose dans une moindre mesure pour le premier producteur mondial de pétrole, la Russie, qui ne semble pas avoir de scrupules à saisir cette opportunité, ni à la Norvège. Pour l'approvisionnement de l'Europe occidentale, la meilleure solution serait l'option algérienne qui aurait pu bien récupérer le marché du fait de sa grande proximité.

Néanmoins, le manque de capacités pénalise l'Algérie qui rate ainsi une belle occasion de se repositionner en leader régional. Les analystes de Reuters ont écarté, il y a quelques jours, la possibilité de recours à une augmentation des fournitures en pétrole algérien vu que celle-ci a déjà dépassé son quota.

Aussi, l'expert algérien, Abderrahmane Mebtoul, a récemment relevé l'incapacité de l'Algérie de profiter de telles occasions pour prendre des parts de marché. Il faut rappeler, dans ce contexte, que les exportations algériennes ont inscrit cette année une baisse de 22 %.Les différents rapports de la compagnie nationale des hydrocarbures (Sonatrach) font ressortir une baisse continue de la production d'hydrocarbures.

Celle-ci a atteint 222,5 millions Tep, contre 231,9 millions de Tep en 2008, selon des chiffres du groupe. En 2010 la production a continué de baisser pour atteindre 214 millions de tonnes équivalent pétrole et pourrait baisser en 2011, selon les propos même du P-DG du groupe pétrolier, M. Nordine Cherouati.

Pour cette année, les prévisions de la Sonatrach tablent sur une production à peine supérieure à 207 Mtep dans l'hypothèse du maintien du quota Opep de l'Algérie à 1,2 million de barils par jour. Il aura fallu donc qu'il y ait péril en la demeure pour que l'on initie un plan d'investissements ambitieux, et penser à relancer l'exploration pétrolière afin de remplacer la production des puits en déclin.

Une situation qui reflète un manque de vision stratégique et une incapacité de s'inscrire dans une perspective régionale et à préparer les capacités suffisantes pour s'accaparer le marché régional, et faire de la Méditerranée occidentale une chasse gardée. Un défi que ne semblent pas prédisposés à relever les acteurs du secteur algérien de l'énergie.


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