PUBLIÉ LE 17-12-2022 dans le Quotidien Le Soir d’Algérie
Par Yazid Yahiaoui
Afin de dresser un état des lieux précis de la filière oléicole, et pour mieux saisir les contraintes qui ralentissent son essor, des ateliers de réflexion ont été organisés au niveau de la wilaya de Bouira, pendant une vingtaine de jours, regroupant les cadres de la DSA, ceux de la Chambre d’agriculture, les Instituts supérieurs de la formation professionnelle de Lakhdaria, l’Institut national de la vulgarisation agricole, l’INVA, des cadres de l’Institut supérieur des arbres fruitiers de Sidi Aïch, l’Institut méditerranéen de Tizi-Ouzou, le Parc national du Djurdjura, la Direction des forêts, et bien entendu des agriculteurs et les coopératives agricoles.
Ce jeudi, et à l’issue de ces ateliers de formation et de réflexion, les présents ont dressé un état des lieux et sont sortis avec des recommandations lues devant un parterre de professionnels en présence du wali, au niveau de la salle des conférences de la Chambre d’agriculture.
Ainsi, et c’est parce que l’objectif de ces ateliers de réflexion était axé sur les voix et moyens d’obtenir une huile de meilleure qualité capable d’être exportée en rivalisant avec les autres huiles d’olive du pourtour méditerranéen ; l’organisation des oléiculteurs et oléifacteurs en coopératives et enfin une formation continue à l’endroit des oléiculteurs et des oléifacteurs pour être toujours au diapason avec ce qui se fait de mieux à travers le monde dans le domaine de l’oléiculture. Ce jeudi, les cadres qui se sont penchés sur ce travail de réflexion, ont insisté sur deux volets : le premier est d’ordre technique avec dans un premier temps, en aval, c’est-à-dire au niveau des vergers, entre autres, la protection phytosanitaire des vergers oléicoles pour mieux contrôler les fléaux qui les guettent dont, rappelons-le, la mouche de l’olivier qui fait des ravages dans certaines régions notamment dans la région de M’chedallah et El Esnam, surtout durant les années de faible production – l’olivier ayant par définition une production alternée avec une année de forte production et où la mouche n’est pas vraiment très influente, et l’année où la production est faible et où la mouche de l’olivier se fait vraiment sentir —.
D’autres recommandations concernant la protection et l’entretien des vergers oléicoles ont été énoncées. On citera entre autres, le respect des périodes de récolte, avec si possible, une récolte assez précoce pour garantir une huile de qualité, l'extra vierge. Là, les experts ont démontré que tout retard dans la récolte, induit une réduction des polyphénols ; ces antioxydants qui déterminent la qualité de l’huile. Il y a également l’interdiction de l’utilisation des gaules qui provoquent la cassure des jeunes rameaux, mais surtout des blessures sur l’olive ; ce qui représente des foyers pour les champignons et une détérioration des caractéristiques organoleptiques de l’huile, en saveur et en goût. Enfin, le stockage des olives récoltées dans des sacs en plastique pour une longue durée, provoque la fermentation des olives et là aussi, la détérioration de la qualité organoleptique de l’huile.
Le deuxième volet de ces recommandations se situe en amont et concerne les huileries. Sur ce point, les experts ont insisté sur le respect des règles d’hygiène et de sécurité au niveau des huileries ; le stockage de l’olive à l’abri des aléas climatiques quand la trituration immédiate n'est pas possible — l'idéal étant la trituration le jour même de la récolte ; le respect des normes relatives au processus d’extraction ; le stockage des huiles dans des fûts inoxydables ou dans des bouteilles de couleur opaque à l’abri de la lumière et enfin éviter le mélange des huiles provenant de localités très lointaines et donc, aux qualités physico-chimiques et organoleptiques différentes. D’un autre côté, et parmi ces recommandations, il y a bien entendu la nécessité de voir les oléiculteurs et les oléifacteurs travailler sous forme de coopératives afin de coordonner les efforts dans le but d’améliorer la qualité de l’huile d’olive et faciliter sa commercialisation tant à l’échelle nationale qu’internationale.
Tout cela doit être suivi par une formation continue envers ces professionnels de l’oléiculture.
Les recommandations ont été remises au wali de Bouira afin de les transmettre au plus haut niveau de l’État où l'agriculture en général et l'oléiculture en particulier, bénéficient d'une attention particulière, surtout que dans le cadre de ces formations, il y a lieu de rappeler que la filière oléicole a déjà bénéficié d’un programme d’appui de la part de l’Union européenne dans le cadre du programme Pasa qui a touché les wilayas de Tizi-Ouzou, Bouira et Béjaïa, et qui a vu plusieurs oléiculteurs et même des oléifacteurs, bénéficier d’un soutien financier pour la création des vergers oléicoles ou pour l'acquisition d’une huilerie moderne. Le programme Pasa a également permis à certains techniciens de la DSA de bénéficier, dans le cadre d'une formation de formateurs, de vibreurs électriques pour une récolte moderne d'olives à la place des gaules traditionnelles ; les filets de récolte ainsi que les caisses en plastique où les olives récoltées sont bien aérées alors que dans les sacs en plastique, celles-ci étouffent et fermentent rapidement.
Plus de 5 millions de litres d’huile attendus, mais…
Cela étant, rappelons qu’au niveau de la wilaya de Bouira et selon les chiffres rendus publics par la DSA de Bouira, le verger oléicole en production est estimé à quelque 28 117,33 hectares, avec une production attendue de 348 608,61 quintaux d’olives dont 20 200 quintaux destinés à l’olive de table et 346 588,61 quintaux destinés à la trituration. Avec un rendement de 16 litres par quintal, la production globale attendue est estimée à plus de 5 537 572 litres.
Cependant, vu le prix du litre d’huile d’olive qui est proposé à 750 dinars au niveau des huileries et 800 dinars chez les particuliers, et d’après les oléifacteurs que nous avons rencontrés, et même le président de l’association des oléiculteurs de la wilaya de Bouira, la production sera très en deçà de ces prévisions et cela, à cause des sécheresses successives et un déficit en apport hydrique durant la période hivernale, la période durant laquelle l’olivier a besoin d’une grande quantité d’eau.
L’irrigation pour sauver la filière oléicole
Raison pour laquelle, le président de l'association des oléiculteurs de la wilaya de Bouira insiste sur le lancement du périmètre d’irrigation de la vallée du Sahel dans la région de M’chedallah, la région qui est considérée comme le fief de l’oléiculture au niveau de la wilaya de Bouira en obtenant chaque année, depuis les années 1930 du temps de la colonisation, jusqu’à nos jours, des médailles de la meilleure qualité d’huile d’olive, à l’échelle des foires internationales. Dans cette région, et depuis les années 1930, l’olivier est toujours irrigué grâce à un canal d’irrigation réalisé par les colons depuis les sources de montagne pour leurs vergers, puis exploité après l'indépendance et pendant deux décennies, par les Algériens avant de disparaître à cause de la sécheresse des années 1980.
Aujourd’hui, avec l’interconnexion des barrages de Tilesdit à Bechloul et Tichy-Haf à Akbou, les agriculteurs depuis plus de trois ans, exploitent ce réseau pour l'irrigation des périmètres situés dans les vallées du Sahel et de la Soummam, sur plus 6 000 hectares d'oliveraies.
Y. Y.
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Posté Le : 18/12/2022
Posté par : rachids