Trois millions de mines antipersonnel le long des frontières «Ces engins de la mort (mines antipersonnel, ndlr) ont été laissés par la France avant de quitter notre pays en 1962 et personne n’a exigé d’elle leur destruction. Aujourd’hui, il n’y a même pas de cartographie pour les localiser». C’est ce qu’ont affirmé des spécialistes, interrogés lors du premier colloque international, sur la formation et la prise en charge des victimes des mines antipersonnel, organisé à Alger. Et de préciser qu’il est de plus en plus difficile de les localiser. «Ce colloque doit être suivi par d’autres, notamment en direction des habitants exposés à ce genre d’engins qu’on distingue difficilement du fait de la rouille. Nous avons surtout besoin d’une campagne de sensibilisation à grande échelle», fait-on remarquer. Certains experts ont même demandé une condamnation de la France à ce sujet. Et même s’il est difficile de donner un nombre exact de ces engins, «aujourd’hui, il nous est tout de même permis d’avancer le chiffre de 11 millions de mines antipersonnel enfouies par l’armée coloniale, trois millions se trouvant toujours le long des frontières et représentent un danger quotidien». C’est ce qu’a affirmé pour sa part le ministre de l’Emploi et de la Solidarité nationale, Djamel Ould Abbès. Dans un discours prononcé à l’ouverture de cette rencontre, organisée jeudi dernier, et à laquelle ont pris part notamment l’ONG handicap international, le ministre du Travail et de la Sécurité sociale ainsi que celui de la Formation professionnelle, Ould Abbès a indiqué que cette rencontre «marque le début de la mise en œuvre d’un programme de sensibilisation et de formation, visant tout particulièrement les populations vivant dans les zones encore polluées par les mines et les associations des handicapés». Les mines antipersonnel «continuent à faire des victimes. Des morts mais aussi des handicapés qu’il faut prendre en charge», a expliqué le ministre pour qui «l’assistance aux victimes nécessite la mobilisation d’importants moyens humains, financiers et matériels». Il fera savoir que notre pays a consenti d’énormes efforts pour la mise en place et le développement de structures de soin, de réadaptation fonctionnelle et de réinsertion socioprofessionnelle. «Plus de 3.000 victimes des engins explosifs bénéficient des avantages d’une ordonnance promulguée le 16 janvier 1974, portant attribution de pensions aux victimes d’engins explosifs qui ont été posés pendant la guerre de libération nationale». Pour sa part, l’ambassadeur du Canada en Algérie, Robert Peck, dont le pays est leader dans la lutte contre ce genre d’engins, a rappelé le rôle de notre pays dans la destruction de ces «engins de la mort» en adhérant à la convention d’Ottawa. Selon lui, il est important de prendre en charge les victimes matériellement et moralement. A rappeler que l’Algérie a procédé ses dernières années à la destruction d’une grande partie de son arsenal. Selon une spécialiste de Handicap international, «s’il faut par exemple deux dollars pour produire une mine, sa destruction revient à plusieurs milliers de dollars». C’est dire le coût des opérations de destruction entamées depuis des années, suite à l’adhésion de l’Algérie le 3 décembre 1997 à la convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction ratifiée en octobre 2001. En marge de ce colloque, le ministre de la Solidarité a révélé que 15 milliards de dinars seront consacrés à l’augmentation de la pension des personnes handicapées. «La pension des personnes handicapées passera à 6.000 DA par mois, ce qui représente une augmentation de 100%».
Posté Le : 20/01/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com