Le 3e appel d'offres lancé par l'Agence
nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (Alnaft) le
jeudi
2 septembre, est édifiant sur les difficultés
de l'heure de l'amont pétro-gazier algérien pour attirer les compagnies
étrangères, mécontentes de la rentabilité de l'exploitation des nouveaux
gisements, à cause d'une fiscalité jugée défavorable.
Alnaft ne peut pas changer la loi.
L'agence propose de négocier largement les dispositions contractuelles. C'est
le «compromis d'attente» qui porte la touche de la nouvelle équipe dirigeante
du secteur de l'énergie autour de Youssef Yousfi, ministre de l'Energie et des
Mines à la place de Chakib Khelil. Les futurs candidats à l'acquisition de
permis de recherche sur les 10 blocs d'hydrocarbures proposés dans ce troisième
appel d'offres national et international pourront suggérer des changements dans
les confections des contrats, au cas par cas. Cette possibilité n'est pas
inédite. Elle semble toutefois occuper une place plus importante dans la
conduite de cet appel d'offres comme le laisse apparaître la communication
autour de son lancement. Une feuille de route a été rendue publique à cet
effet. Elle enchaîne de début octobre 2010 au 10 janvier 2011, séance de data
room techniques sur les blocs proposés, séance de clarifications avec les
compagnies présélectionnées au sujet des dispositions contractuelles et
réglementaire, et délai d'intervention pour les compagnies afin de proposer des
changements dans les documents contractuels. Ce processus de sélection suggère
une part d'influence des candidats dans la production des contrats finaux en
fonction de la spécificité de chacun des blocs convoités. «Cela peut s'avérer
un simple artifice pour ne pas subir une désaffection d'entrée dans cet appel
d'offres. Mais il faut bien noter que nous sommes loin des conditionnalités du
premier appel d'offres de l'Alnaft en 2008. Il était exigé alors aux compagnies
soumissionnaires de proposer d'emmener Sonatrach dans un amont pétrolier à
l'étranger» explique un ancien dirigeant de la compagnie algérienne.
Yousfi et le retour au partage de
production
Les «assouplissements» d'Alnaft
pourraient bien toutefois ne pas suffire pour éviter à ce 3e appel d'offres le
sort des deux premiers. Seuls 4 blocs sur 45 mis en concession dans 16 bassins
ont été attribués au terme du premier appel d'offres, lancé en 2008. Le second
appel d'offres, bouclé en décembre 2009 n'a pas eu plus de succès, trois permis
ont été attribués sur les 10 mis en concurrence. A la source de cette chute de
l'attractivité du domaine minier algérien, le cadré légal et réglementaire de
l'investissement instauré par l'amendement de la loi sur les hydrocarbures à l'automne
2006, puis par l'instauration d'une taxe sur les superprofits, une année plus
tard. Plusieurs grandes compagnies étrangères présentes en Algérie ont fait
parvenir au cabinet de Chakib Khelil des scénarios d'exploitation de leur
gisement «à profits négatifs» en dessous d'un seuil moyen des cours du brut et
du million de Btu de gaz naturel. «Le système fiscal appliqué est totalement
inadapté aux petits gisements épars. Leur exploitation devient non profitable
pour les partenaires de Sonatrach. Or depuis dix ans il ne reste plus que de
petits gisements à découvrir en Algérie» explique Moncef Koudari, géologue
consultant dans le pétrole. La préférence déclarée des partenaires de Sonatrach
serait le retour à la loi antérieure à avril 2005, dite de partage de
production. Ce cadre légal instauré en 1986 pour les découvertes pétrolières et
étendu au domaine du gaz naturel en 1991, a permis de donner un «second âge
pétrolier» à l'Algérie à partir du milieu des années 90. Le ministre de
l'Energie et des Mines Youcef Yousfi, est réputé attaché au partage de
production, pour en être un des inspirateurs. Mais sa marge de manÅ“uvre
politique, quatre mois après son retour à la tête du secteur, paraît encore
trop étroite pour qu'il engage une réforme de la loi Khelil amendée.
Un appel d'offres orienté pétrole
Le 3e appel d'offres d'Alnaft s'engage
donc sur un terrain d'affaire contesté par les partenaires de Sonatrach. Des
gisements gaziers découverts dans le Gourara pourraient voir leur développement
«différé», «tant que le système fiscal actuel n'a pas été revu». Le gaz naturel
semble encore plus sensible à la perte d'attractivité provoquée par la nouvelle
fiscalité appliquée aux partenaires de Sonatrach. C'est probablement pour cela
que les 10 blocs d'hydrocarbures de ce 3e appel d'offres d'Alnaft, répartis sur
5 bassins du Sud algérien, sont orientés pétrole. «Ils présentent un haut
potentiel en ressources pétrolières» affirme l'agence. Ces blocs sont situés
dans les bassins de Rhourde Rouni II, Rhourde Fares, Rhourde El Louh, Zemlet en
naga, Timisit est, Bordj Omar Driss Nord, Isarene Ouest, Hodna Ouest, Guern
Cheih et Belrhazi. La conjoncture des prix du baril, en net redressement depuis
un an, devrait contribuer à éviter à Alnaft un troisième insuccès consécutif.
La relance de la recherche exploration à grande échelle n'est, pour autant,
dans les coulisses de Sonatrach, pas espérée pour cette fois. Ouverture des
plis mars 2011.
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Posté Le : 07/09/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Samy Injar
Source : www.lequotidien-oran.com