«Allô, président» de Mohamed Mihoubi au TRO

Le cri de détresse d’un SDF La formation du Théâtre Technologique d’Oran, affiliée à l’association culturelle Amel, a donné, jeudi après-midi, une énième représentation du one man show «Allô, président!», écrit, mis en scène et interprété par Mohamed Mihoubi. En dépit de son ancienneté, le spectacle ne semble pas avoir pris de rides et continue toujours à drainer un nombreux public. La salle du TRO était presque à son comble ce jeudi. Pièce de théâtre conçue en 2002, dans le cadre du onzième centenaire de la ville d’Oran, «Allô, président!» s’est mue, au fil des représentations, en un spectacle de one man show. Le remuant comédien a le don magique d’apporter une dose de fraîcheur à toutes ses reprises et de parvenir à chaque fois à capter l’intérêt de son fidèle public. Pour Mihoubi, le texte ne saurait être une donnée définitive et peut être à chaque fois remodelé au gré des circonstances. Il réussit ainsi à faire du neuf avec du vieux. Sa recette est toute simple. Il dépoussière ses anciens spectacles en instillant, avec beaucoup d’humour et grâce à son aisance sur scène et son remarquable don d’improvisation, des éléments d’actualité et truffer son texte d’anecdotes croustillantes ou en apportant quelques trouvailles techniques qui vont conférer à son produit une couleur tout à fait inédite. Tel un illusionniste, Mohamed Mihoubi réussira le tour à chaque fois et tous ses spectacles pourront être joués autant de fois sans jamais lasser le public. «Allô, président!» relate les péripéties d’El Hamel, devenu SDF suite à une expulsion arbitraire de son logement pour un motif d’utilité publique, le logement se trouvant sur le tracé d’une future autoroute. Le malheureux sera contraint de squatter une cabine téléphonique. Il décidera de porter de vive voix son affaire auprès du président de la République pour un recours et dénoncer toutes les injustices. Le one man show est un cri contre l’arbitraire où Mihoubi Mohamed saisira l’occasion pour fustiger bien des travers de la société et, notamment, faire une cinglante caricature de la classe politique pour fustiger son inanité et son incapacité à envisager des solutions aux problèmes que vivent les citoyens. Le one man show sera un instant de pur divertissement où l’époustouflant Mihoubi saura dérider son public en déployant, comme de coutume, ses aptitudes d’improvisation sur la moindre apostrophe du public. G. Morad