A l'instar des
administrations héritées de la période coloniale et qui fonctionnaient jusqu'à
il y a quelques années selon la norme et les usages qu'exige une
administration, les PTT subissent les contrecoups de la démographie galopante,
combinée à la gestion aléatoire des moyens.
Pour le citoyen,
les PTT c'est le guichet. Là où l'on voit la capacité d'une administration à
répondre aux demandes, là où l'on évalue la performance. Les discours officiels
demeurent tout justes bons pour endormir un Parlement qui fait semblant de
rester habillé mais qui roupille à longueur d'année ou une Présidence qui se
réveille chaque Ramadhan au moment où toute l'Algérie dort profondément sans
bâiller. Les chiffres officiels indiquent le succès et le bien-être, c'est leur
rôle dans tous les gouvernements.
Les mauvais chiffres sont destinés au
guichet. Aux files d'attente pour CCpistes budgétivores et autres demandeurs de
services postaux. D'ailleurs, le CCP est la meilleure raison d'être de cette
administration qui toise ses usagers par-delà un comptoir de plus en plus
marbré pour faire défiler à l'indienne, dans le meilleur des cas, une
population variable selon les jours, l'âge et le degré d'indisponibilité des
liquidités. Pour différentes raisons qui n'apparaissent pas dans les discours
officiels, il n'y avait pas d'argent. Tout simplement pas d'argent. Par
exemple, il fallait ces derniers jours voler de bureau en bureau pour pouvoir
payer les frais obligatoires des candidats aux différents examens de
l'Education nationale. Les chaînes démesurées encastrant chacun derrière
l'autre, dans une ambiance digne du HCR, les engueulades envers les
resquilleurs et la lenteur des agents qui prennent tout leur temps pour créer
la panique étaient de mise. Fait nouveau et reflet d'une société, soit
respectueuse du genre, soit perverse, on pouvait compter deux chaînes sexuellement
différentes. Les femmes d'un côté, les hommes de l'autre. L'astuce consistait,
dès les premiers jours, à laisser aux femmes/mamans le soin de s'acquitter des
frais, étant entendu qu'elles étaient moins nombreuses. Mais, dès le troisième
jour, la tendance s'inversa. Les queues des hommes étaient moins longues et
plus rapides. La bousculade n'a de sens que dans cette gestion des files
d'attente encore basée sur le regard du suivant ou de celui qu'on doit suivre.
A l'ère d'Internet et du « tout électronique
», nous continuons, de ce côté-ci de la terre, à nous aligner l'un derrière
l'autre devant un agent de l'Etat, le dernier de la hiérarchie qui porte un
nom, un prénom pour les parents et même une adresse pour les voisins. Et pour
parler de télécommunication qui est l'autre segment important des PTT, il est
rare que l'on règle un problème de téléphone en dérangement ou de connexion
Internet en une seule réclamation. Les bureaux destinés à ce genre d'exercice
fatidique sont tout le temps pleins et on peut y lire trois ou quatre journaux
avant de s'adonner aux mots fléchés pour les initiés ou les mots croisés pour
les amateurs pour se voir enfin arrivé devant le bureau du ou de la
préposé(e)). Là, on peut se féliciter d'avoir eu raison de la raideur d'une
chaîne aussi longue qu'un chagrin. Bien sûr qu'on peut réclamer par les numéros
à deux chiffres, le 12, ce fameux douze qui évoque les travaux d'Hercule et
qu'on passe plusieurs heures à former pour obtenir une opératrice dont on
devine, à ses premières paroles, qu'elle mâche du chewing-gum. Nonchalance
oblige, celle-ci, habituée aux plaintes nombreuses à longueur de journée,
assure l'appelant du règlement prochain de sa ligne. Quand ? La question qu'il
ne faut jamais poser car personne ne sait ce que le temps veut dire.
Cela dépend d'un fourgon et d'une gestion des
priorités selon la générosité de l'abonné et du bon vouloir des opérateurs
volant au secours. Et lorsqu'un ministre des PTT, l'actuel, le précédent ou le
suivant, nous annonce les investissements du secteur au point de nous faire
rougir de honte pour n'avoir pas su patienter, on pourrait bien lui demander
qu'il nous dépanne juste un peu en attendant l'aboutissement de ses objectifs.
C'est-à-dire mettre un peu plus d'ordre dans les fourgons, particulièrement à
chaque approche des fêtes religieuses. Ce qu'il faut comprendre c'est que la
technologie ne s'acquiert pas sous prétexte que nous avons beaucoup d'argent à
distribuer, mais qu'on se l'approprie de la meilleure manière qui soit sans trop
de dépenses. Juste en mettant l'argent de l'acquisition dans la recherche et en
fixant un délai. Un délai.
En attendant que les guichets soient plus
accueillants et moins répulsifs, on pourrait placer des distributeurs de café
et élargir un peu plus les salles d'attente. Il n'y a pas de raison que les
chaînes ne débordent pas dans la rue pour un peuple habitué à faire sa prière
dehors de préférence. La formation demeure ainsi le meilleur remède avant même
de réaliser les infrastructures. Ceux qui ont compris que le guichet est le
premier pas du rétablissement de la confiance en l'Etat et qui ont mis le
paquet là où il faut, la réussite a été garantie. Pour les autres, comme nous,
l'échec demeure le seul résultat attendu. De là à citer à chaque fois le nombre
de connectés à Internet, il y a tout de même un monde de différence. Le drame
c'est qu'il n'y a aucune possibilité de recours.
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Posté Le : 11/11/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ahmed Saifi Benziane
Source : www.lequotidien-oran.com