«Lorsque le
lévrier poursuit plusieurs lièvres, il n'attraperait aucun»Maxime des gens de
la steppe (1)
Après le
discours, du président de la République, annonçant l'amendement de la Constitution, le pays
va se confronter aux anciens débats qui ont eu lieu après la révolte des jeunes
du 5 octobre 1988, avec cette fois-ci, d'après le niveau actuel du désintérêt
affiché par la majorité du peuple Algérien, moins de foisonnement d'idées
malgré l'évolution de la société algérienne Pourquoi ? Parce qu'actuellement,
nous semble-t-il, on est à la traîne voire en marge de l'actualité en cours,
dans le monde arabe, alors qu'avant c'était le peuple Algérien qui créer
l'événement. Ainsi, il est canalisé autour de son quotidien alourdi par tant de
préoccupations sociales et incertitudes existentielles Pris par les choses de
la vie, il est devenu perplexe voire las pour qu'il puisse entreprendre les
grands élans émancipateurs a cause justement de cet essoufflement mental. A ce
sujet, en milieu rupestre, des ruraux avouent leur résignation devant les
taches itératives et disent : liyardjaâ trig yataâb. « Rebrousser chemin,
c'est fatigant ».
Cela est
observable quand nous regardons derrière nous et qu'on médite le long trajet,
jalonné de bonnes et mauvaises choses, traversé pour qu'a la fin nous
aboutissons a ce résultat : se retrouver à nouveau qu'on soit obligé de
remodeler la Constitution
du pays d'autant plus qu'on pouvait le faire, a l'aise, avant et non après les
événements en cours dans le monde arabe. Comme il n'est jamais tard de faire
les bonnes actions, alors allons droit au but. Puisque le coup d'envoi est
lancé, et a Dieu vat, la priorité serait de se
concentrer autour des principes essentiels de la Loi fondamentale du pays Vu l'importance de ce
sujet d'actualité et d'avenir, a plus d'un titre, pour chaque citoyen et
citoyennes, nous estimons que deux amendements fondamentaux, suscitant déjà des
controverses, s'imposent en premier lieu au vu de leurs impacts multiples,
immédiats et d'avenir, sur le processus d'édification institutionnelle de la
gouvernance :
D'abord, quel
système de gouvernance serait-il adéquat aux aspirations du peuple dans toutes
ses composantes selon leurs ambitions profondes affichées. Et celui, lié à la
limitation des mandats présidentiels. Une rapide rétrospective, de notre
Histoire notamment après le congrès de Tripoli en 1962, nous a semblé utile
d'esquisser avant de traiter les deux points mentionnes ci dessus.
PUISQUE LE
CONGRES DE TRIPOLI EST RESTE NON CLOTURE DEPUIS PRES D'UN DEMI-SIECLE
CLOTURONS-LE ENFIN
Durant la
première crise dite de l'été 1962, inaugurant les luttes intestines, couvées
depuis la naissance du nationalisme algérien, entre délégations internes et
externes ( une des survivances du fameux congrès de la Soummam en 1956 et des
bleuîtes des années de la « paix des braves » ) qui ont assisté au congrès de
Tripoli (Libye), le peuple Algérien s'était retrouvé encore une fois en face a
des périls, qu'il croyait avoir surmonter grâce a l'obtention de sa
souveraineté acquise, après plus de 7 ans de combats acharnés, par referendum
du 4 juillet 1962.
La charte dite de
Tripoli, enfantée dans la discorde et les médisances entre combattants de la
première heure et du dernière minute - une autre malédiction vivace a ce jour
-, est un conglomérat de principes doctrinaires, a la mode de l'époque, issus
de la guerre froide : panarabisme nasséro-baarhiste,
non-alignement, socialisme, anti-impérialisme etc. En un mot cela s'apparente à
un défilé des jeux de hasard et de concepts vagues, voire du trompe-l'Å“il,
puisque du copier coller des manigances perfidement effectuées, anciennement, par
les politiques des ex protectorats et colonialismes.
A ce propos, la
plupart des pouvoirs du monde arabe post indépendant, ont été marqués par ces
survivances s‘avérant a l'évidence difficiles de s'en débarrasser, car ils ont
été instaurés a la suite de coups d'Etat sinon des élections truquées ou bien
les deux à la fois. Cela a rendu toutes les républiques arabes perméables au
virus de la dictature aboutissement logique du culte de la personnalité. Notre
pays a subit de plein fouet cette façon de gouverner soi-disant pour l'intérêt
collectif et que seul le peuple jugerait, historiquement, le mal ou le
bien-fondé de ce type de gouvernance mélangeant facéties, apparence de gourou,
et « religiosité tombale »
A titre de
mémoire, nos notons les événements du 8 mai 1945 ou des milliers d'Algériens
ont été massacrés sous la gouvernance du Général de Gaulle sans qu'il le sache
parai-il. Après, les socialistes ont mené une atroce guerre faisant des
centaines de milles de victimes en tous ages, sans compter ceux des manigances
pour faire avorter la révolution novembriste. En
vain. En 1958, ledit Général revient au poivoir se
vengeant des braillards pieds-noirs qui l'avaient sciemment responsabilisé
d'être derrière ce génocide. La suite, tout le monde la connaît.
Pour le prétexte
absurde voire insensé, de ces intrigues du genre laissons à l'Histoire à
l'Histoire ( ?) et le temps au temps, nous ne cessons de fuirent les réalités
et de subirent, toutes générations confondues, les conséquences de ces menées,
non-dits, et autres cachotteries préjudiciables a l'ensemble de la mémoire
collective de la nation. Cependant, il est encore temps de mettre un terme à ce
passage a vide qui dure depuis des décennies. Le présent est plus intéressant
que le passé. Non ! L'avenir est plus important des deux. Alors, que les
nouvelles générations clôturent enfin les chemins tortueux et qu'elles
choisissent sans hésiter ceux menant droit aux buts. Pour ce faire, seule une
deuxième révolution pacifiée, s'inscrivant dans la philosophie de
l'authenticité et la pureté de la première, pourrait enterrer définitivement
les scories d'hier.
SEULE LA REVOLUTION PACIFIQUE
DES MENTALITES POURRAIT ACCOMPLIR LA DEMARCHE D'ALLER DROIT AUX OBjECTIFS
PRINCIPAUX
Ce qui s'est
passé au mois de janvier 2011 en Tunisie, dirigé depuis plus d'un demi-siècle
par un parti soi-disant constitutionnel se rapprochant du socialisme par
nostalgie de l'époque PMF (Pierre Mendés France) requinqué selon la convenance
du pouvoir sans partage, genre stalinien, dénote de cette vogue tiers-mondiste
intervenue après la seconde guerre mondiale. En fait, de l'opportunisme
politico idéologique.
En ce qui
concerne notre pays, ni la nature de l'occupation étrangère, typiquement
coloniale, encore moins le combat mené afin d'acquérir l'indépendance, ne sont
pas du tout identiques aux autres pays notamment maghrébins. En effet, le but
visé par la révolution du 1er novembre 1954 était cristallin car il
correspondait aux désirs du peuple Algérien décidé d'en finir avec cet assujettissement
conjugué au culte de la personnalité en vogue durant des décennies a l'époque
dont les survivances sont honteusement exploitées a ce jour. Le slogan : à bas
le culte de la personnalité qu'il avait écrit, tout juste après l'indépendance,
sur tous les murs des villes et villages, dénote de son ras-le-bol a l'encontre
de cette mystification dégradante.
Aux temps
actuels, ce genre de gouvernance est désuet et, qu'en plus, il provoque des
révolutions sanglantes. Celles de la
Libye (dont son guide a demande ce mercredi l'intervention de
la Russie,
ainsi soudoyée, comme du temps du front de refus et de la résistance dont tout
le monde connaît le triste sort), l'Egypte, du Yémen, de la Syrie (dirigée par des
forces en train de s'entêter et d'affirmer en charabia genre baathiste que les
manifestants s'entretuent et tuent tous les syriens et que les auteurs sont des
étrangers ! ?) etc., dénotent ces raz-de-marée qui vont s'accentuer durant les
prochaines années. Donc, l'essentiel est de prédire afin d'éviter un tant soit
peu la hauteur des vagues La meilleure manière de le faire, c'est cessez de
tourner en rond. A ce propos, chez nous, des langues de bois ne cessent de
tergiverser autour des modes de gouvernance qui conviendraient le mieux au
tempérament du peuple Algérien comme s'il est unique dans son genre.
Pour les uns,
attaché aux intérêts verticaux compartimentés, c'est celui présidentiel qui
leur convient ; pour les autres, tentés par la rupture avec ce système opaque,
c'est celui parlementaire ou les rôles sont bien définis par le peuple et
assumés pour le seul intérêt du peuple, qui conviendrait le mieux à la
situation actuelle et celle d'avenir. Par conséquent, ce dernier régime
nécessite d'avance un haut niveau pertinent de connaissance liée aux responsabilités
individuelles et collectives
Avant tout,
cessons de se prendre pour le nombril du monde, et de mépriser voire insulter
par des obscénités, du genre titiller l'ego nationaliste, les gens d'autres
pays d'autant s'ils sont en train de souffrir le martyr a cause des dictatures.
Le mieux et le bon sens commandent la tempérance, des paroles, y compris quand
on est attaqué à tort. Cela dit, il serait pertinent d'être bien placé pour
influencer ses prochains. En principe, l'Algérie a été toujours à la hauteur en
ce sens. Innovons de nouveaux ressorts voire devançant les enjeux et défis liés
à la bonne gouvernance désormais objectif principal des peuples arabes
éveillés. A ce propos, multiplions les commentaires et points de vue autour du
projet de la Constitution
qui, espérons le, ne serait pas pondue hâtivement
Alors, pour le
moment, un régime parlementaire ou celui présidentiel ? Le bon sens plaide pour
le premier choix. Pourquoi ? Selon les déclarations du régime en place
affichant les multiples progrès réalisés dans tous les domaines, il serait
préférable d'opter pour la gouvernance parlementaire. Sinon à quoi auraient
servi ces progrès ? Sauf s'il s'agit que de la poudre aux yeux Avec
l'instauration d'une deuxième république, type parlementaire, le renouvellement
des mandats présidentiels est résolu de facto. Sinon, il y'a une contradiction
flagrante !
NOTE :
1 - Le sloughi
est originaire des steppes d'Asie mineure. Jadis, chez nous, c'était le
compagnon du nomade dont il s'en servait pour chasser lapins et lièvres ainsi
que de l'utiliser comme gardien de cheptel, notamment ovin, menacé par la
présence des chacals qui redoutaient sa présence, la rapidité d'attaque, et ses
crocs acérés. A la fin de la saison printanière, les anciens éleveurs de la steppe
Algérienne, nomadisants avec leurs familles, goûtaient avec plaisir la chair
braisée, notamment celle du lièvre, appréciée pour son arôme et sa succulence.
Majestueux, calme, le sloughi chasse à découvert en pleine vitesse et aisance.
Ce canidé, hors du commun, .est plein d'amabilité à l'encontre de son maître.
Il est aussi connu pour sa patiente, le silence, et la noblesse de l'âme. Le
racé jappe rarement. Il vit discrètement et d'une propreté remarquable
Durant l'époque
coloniale, un concours de chasse au chacal a été organisé par l'administrateur.
Des Caïds et gros propriétaires terriens ont été conviés avec leurs sloughis.
Un cuisinier de l'administrateur est également invité avec son lévrier. Alors
son maître lui dit : Sloughi, c'est ton jour. Le cuisinier racontât que le
sloughi avait dit oui, je suis prêt ! Son ami, interloqué, qui écoutait cette
drôle d'histoire, lui dit : Hein ? il t'a répondu ?
Non, bien sur, mais c'est comme il a parlé puisque il a hoché sa tête de haut
en bas !!!
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 28/04/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ali Brahimi
Source : www.lequotidien-oran.com