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Allemagne : Une Bad Bank pour les centrales nucléaires '



Allemagne : Une Bad Bank pour les centrales nucléaires '
A Berlin, les milieux de l'énergie et de la finance discutent très sérieusement de la création d'une Fondation qui reprendrait la gestion des centrales nucléaires allemandes afin d'améliorer les capacités d'investissements des grands opérateurs dans le renouvelable.
La révélation de l'existence d'un projet de création d'une « Bad bank » publique pour gérer le crépuscule des 17 centrales nucléaires allemandes provoque une polémique autour du financement de la sortie du nucléaire. Dans son édition du vendredi 7 octobre, le quotidien économique Handelsblatt a confirmé qu'il détenait les plans d'un tel projet. Elaboré par la banque d'investissements Lazard, celui-ci fait actuellement l'objet de discussion entre les milieux gouvernementaux et les grandes entreprises de l'énergie. Selon le journal, cette Bad Bank prendrait la forme d'une fondation à qui l'on transférerait la gestion des centrales appartenant à EON, RWE, Vattenfall et EnBW, les quatre grands exploitants allemands du nucléaire. L'objectif final serait de déléguer la charge du démantèlement à cette fondation afin de rétablir la crédibilité financière de leurs propriétaires et ainsi d'augmenter leurs capacités d'investissement dans les énergies renouvelables. Ce plan, qui est encore qualifié de « secret », pose la problématique du financement de l'abandon de l'énergie nucléaire par l'Allemagne. Cet abandon, qui suppose de faire passer la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique allemand de 20% actuellement à 35 dans 10 ans, devrait coûter environ 250 milliards d'euros, selon les estimations de la banque publique KfW. En dix ans, l'Allemagne va donc devoir adapter son réseau électrique au mode de production décentralisé des énergies renouvelables. Des chantiers coûteux tel le renforcement de la liaison nord-sud mais aussi la construction de nombreuses lignes régionales à basse tension sont au programme, de même que la construction de nouvelles centrales à gaz et à cogénération ainsi que l'érection de multiples parcs éoliens et photovoltaïques. Parallèlement, les entreprises mais aussi les particuliers devront investir de plus en plus dans des équipements et habitations de moins en moins voraces. Par ailleurs, le coût du démantèlement progressif des centrales nucléaires a été évalué à au moins 18 milliards d'euros, auquel se rajouterait au moins 10 milliards pour le retraitement et le stockage du combustible radioactif non compris. La banque de développement KfW a prévu 100 milliards d'euros sur les 5 ans à venir pour répondre aux besoins de financement des entreprises. Mais celles-ci, et leurs actionnaires, devront également participer pour une bonne part à ces investissements. Or, la situation financière des quatre grands producteurs d'énergie allemands ne s'est pas améliorée depuis qu'Angela Merkel a engagé le pays vers la sortie du nucléaire. L'arrêt de toutes les centrales atomiques d'ici à 2022 va les priver de juteux bénéfices. Elles vont devoir en outre investir massivement dans des centrales thermiques non polluantes et dans la production d'énergie renouvelable.
La baisse annoncée de leur rentabilité n'est donc pas faite pour séduire les investisseurs. Déjà, les agences de notation financières ont abaissé la note d'EON et de RWE, qui, à l'avenir, devront donc payer plus cher pour obtenir de l'argent frais. D'où l'idée de la fondation. Dans le scénario évoqué, les exploitants transféreraient librement leurs centrales dans cette fondation. Celle-ci deviendrait responsable de leur gestion et de leur démantèlement ainsi que du stockage du combustible. En contrepartie, la Fondation bénéficierait des revenus dégagés par l'exploitation des centrales jusqu'en 2022. Soit près de 15 milliards d'euros. Soit 13 milliards d'euros de moins que les coûts de démantèlement. La différence serait alors prise en charge par l'Etat en échange d'une reconnaissance de dettes qui ne pourra être effacé que si ces entreprises investissent des sommes bien supérieures dans le renouvelable.
Ceci ne constitue pour l'instant que les grandes lignes d'un plan non officiel mais que d'aucuns jugent difficilement contournable. Michel Vassiliadis, président du puissant syndicat de l'énergie IG BCE, estime ainsi qu'il sera difficile de réussir le pari de la sortie du nucléaire en se passant des capacités des grandes entreprises de l'énergie. Mais Mme Bärbel Höhn, vice-présidente du groupe parlementaire écologiste au Bundestag, ne partage pas ce point de vue : «J'ai rarement vu un plan aussi naïf et transparent. Ce projet de fondation conduit à une externalisation des risques qui reviendra à offrir beaucoup d'argent à EON et RWE », a-t-elle déclaré en affirmant que les exploitants de centrales avaient depuis longtemps provisionné les sommes nécessaires au démantèlement des centrales. Quant à Hermann Albers, président de la principale Fédération des entreprises de l'éolien (Bundesverband Windenergie), il considère que ces plans sont scandaleux car encore une fois, «ils sont négociés en secret» et
«c'est le consommateur qui en fera les
frais» : «Le tournant énergétique peut se passer de structures monopolistiques. Son intérêt réside précisément dans le fait qu'il va promouvoir un approvisionnement décentralisé et favoriser la concurrence», a-t-il déclaré.
A Berlin, les milieux de l'énergie et de la finance discutent très sérieusement de la création d'une Fondation qui reprendrait la gestion des centrales nucléaires allemandes afin d'améliorer les capacités d'investissements des grands opérateurs dans le renouvelable.
La révélation de l'existence d'un projet de création d'une « Bad bank » publique pour gérer le crépuscule des 17 centrales nucléaires allemandes provoque une polémique autour du financement de la sortie du nucléaire. Dans son édition du vendredi 7 octobre, le quotidien économique Handelsblatt a confirmé qu'il détenait les plans d'un tel projet. Elaboré par la banque d'investissements Lazard, celui-ci fait actuellement l'objet de discussion entre les milieux gouvernementaux et les grandes entreprises de l'énergie. Selon le journal, cette Bad Bank prendrait la forme d'une fondation à qui l'on transférerait la gestion des centrales appartenant à EON, RWE, Vattenfall et EnBW, les quatre grands exploitants allemands du nucléaire. L'objectif final serait de déléguer la charge du démantèlement à cette fondation afin de rétablir la crédibilité financière de leurs propriétaires et ainsi d'augmenter leurs capacités d'investissement dans les énergies renouvelables. Ce plan, qui est encore qualifié de « secret », pose la problématique du financement de l'abandon de l'énergie nucléaire par l'Allemagne. Cet abandon, qui suppose de faire passer la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique allemand de 20% actuellement à 35 dans 10 ans, devrait coûter environ 250 milliards d'euros, selon les estimations de la banque publique KfW. En dix ans, l'Allemagne va donc devoir adapter son réseau électrique au mode de production décentralisé des énergies renouvelables. Des chantiers coûteux tel le renforcement de la liaison nord-sud mais aussi la construction de nombreuses lignes régionales à basse tension sont au programme, de même que la construction de nouvelles centrales à gaz et à cogénération ainsi que l'érection de multiples parcs éoliens et photovoltaïques. Parallèlement, les entreprises mais aussi les particuliers devront investir de plus en plus dans des équipements et habitations de moins en moins voraces. Par ailleurs, le coût du démantèlement progressif des centrales nucléaires a été évalué à au moins 18 milliards d'euros, auquel se rajouterait au moins 10 milliards pour le retraitement et le stockage du combustible radioactif non compris. La banque de développement KfW a prévu 100 milliards d'euros sur les 5 ans à venir pour répondre aux besoins de financement des entreprises. Mais celles-ci, et leurs actionnaires, devront également participer pour une bonne part à ces investissements. Or, la situation financière des quatre grands producteurs d'énergie allemands ne s'est pas améliorée depuis qu'Angela Merkel a engagé le pays vers la sortie du nucléaire. L'arrêt de toutes les centrales atomiques d'ici à 2022 va les priver de juteux bénéfices. Elles vont devoir en outre investir massivement dans des centrales thermiques non polluantes et dans la production d'énergie renouvelable.
La baisse annoncée de leur rentabilité n'est donc pas faite pour séduire les investisseurs. Déjà, les agences de notation financières ont abaissé la note d'EON et de RWE, qui, à l'avenir, devront donc payer plus cher pour obtenir de l'argent frais. D'où l'idée de la fondation. Dans le scénario évoqué, les exploitants transféreraient librement leurs centrales dans cette fondation. Celle-ci deviendrait responsable de leur gestion et de leur démantèlement ainsi que du stockage du combustible. En contrepartie, la Fondation bénéficierait des revenus dégagés par l'exploitation des centrales jusqu'en 2022. Soit près de 15 milliards d'euros. Soit 13 milliards d'euros de moins que les coûts de démantèlement. La différence serait alors prise en charge par l'Etat en échange d'une reconnaissance de dettes qui ne pourra être effacé que si ces entreprises investissent des sommes bien supérieures dans le renouvelable.
Ceci ne constitue pour l'instant que les grandes lignes d'un plan non officiel mais que d'aucuns jugent difficilement contournable. Michel Vassiliadis, président du puissant syndicat de l'énergie IG BCE, estime ainsi qu'il sera difficile de réussir le pari de la sortie du nucléaire en se passant des capacités des grandes entreprises de l'énergie. Mais Mme Bärbel Höhn, vice-présidente du groupe parlementaire écologiste au Bundestag, ne partage pas ce point de vue : «J'ai rarement vu un plan aussi naïf et transparent. Ce projet de fondation conduit à une externalisation des risques qui reviendra à offrir beaucoup d'argent à EON et RWE », a-t-elle déclaré en affirmant que les exploitants de centrales avaient depuis longtemps provisionné les sommes nécessaires au démantèlement des centrales. Quant à Hermann Albers, président de la principale Fédération des entreprises de l'éolien (Bundesverband Windenergie), il considère que ces plans sont scandaleux car encore une fois, «ils sont négociés en secret» et
«c'est le consommateur qui en fera les
frais» : «Le tournant énergétique peut se passer de structures monopolistiques. Son intérêt réside précisément dans le fait qu'il va promouvoir un approvisionnement décentralisé et favoriser la concurrence», a-t-il déclaré.


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