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Le baromètre Ifo du moral des entrepreneurs allemands est remonté en novembre, mettant fin à six mois de baisse et accréditant la thèse d'une stabilisation de la première économie européenne après un accès de faiblesse au printemps et à l'été.D'après les chiffres publiés avant-hier par l'institut Ifo qui le compile, l'indicateur s'est établi à 104,7 points contre 103,2 points le mois dernier.Il a surpris les analystes puisque le consensus de l'agence Dow Jones Newswires misait sur un nouveau repli."La situation est appréhendée un peu plus positivement que le mois dernier" par les entrepreneurs sondés "et les perspectives pour les mois à venir s'éclaircissent", a commenté l'Ifo.Le retournement de tendance parmi les entrepreneurs allemands tient en effet autant à leur évaluation de la situation actuelle (110 points en novembre après 108,4 points en octobre) qu'à leurs attentes (99,7 points après 98,3 points), ce qui est de bon augure pour un regain de l'investissement privé, relève Christian Schulz de la banque Berenberg. Après le rebond spectaculaire la semaine dernière du baromètre ZEW, qui prend le pouls des milieux financiers allemands, la reprise du baromètre Ifo constitue un deuxième signal positif pour la conjoncture de la première économie européenne, très poussive au deuxième et troisième trimestres. Soulagement Elle rassure d'autant plus que l'indice PMI a révélé jeudi dernier une dégradation de l'activité privée dans le pays en novembre.A la Bourse de Francfort, les investisseurs ont salué la nouvelle avec un sursaut de l'indice Dax. "Enfin une stabilisation", a réagi Carsten Brzeski, économiste de la banque ING, qui voit dans l'Ifo l'indicateur le plus fiable parmi ceux publiés ces derniers temps, et en tire la conviction que l'économie allemande va accélérer au quatrième trimestre après son passage à vide des dernier mois.Autre motif de satisfaction: l'humeur des chefs d'entreprises s'est améliorée dans tous les secteurs, qu'il s'agisse de l'industrie manufacturière, du BTP, du commerce de détail ou du commerce de gros, où l'évolution a été la plus spectaculaire."La baisse du taux de change de l'euro et la nette baisse du prix du pétrole y ont probablement contribué, tout comme sans doute la politique monétaire de la BCE", analyse M. Schulz de Berenberg. La progression de l'Ifo "laisse espérer que l'économie allemande ne va pas se diriger vers une récession mais au contraire se sortir progressivement début 2015 de la quasi-stagnation des derniers mois", pronostique Michael Holstein, de DZ Bank. Les risques demeurentLes spécialistes tempèrent toutefois leur exaltation. "L'incertitude, surtout au regard de la situation géopolitique, reste élevée et constitue donc un risque pour les perspectives conjoncturelles", relève Thilo Heidrich de Postbank. Pour M. Brzeski d'ING, "l'économie allemande reste dans une phase de transition longue entre la fin d'une cycle de réformes vertueux et les défis liés à une économie vieillissante". Et si la hausse du moral des entrepreneurs en novembre est un "soulagement, il continue de suggérer une croissance seulement lente", estime Jennifer McKeown, de Capital Economics. L'Allemagne a échappé de peu à la récession au troisième trimestre -caractérisée par deux trimestres de recul du PIB-, grâce à une petite hausse du produit intérieur brut de 0,1%, après un repli de 0,1% au deuxième trimestre. Berlin table sur une croissance de 1,2% en 2014 et 1,3% en 2015. L'apprentissage s'érode, l'économie s'inquièteDes jeunes de moins en moins nombreux et de plus en plus attirés par l'université: l'Allemagne, souvent citée en modèle, observe avec inquiétude l'érosion de son système d'apprentissage, craignant à moyen terme une pénurie de main d'?uvre qualifiée. Avec son 1,39 million d'apprentis en 2013, le modèle "dual" allemand reste une référence. Il permet aux jeunes Allemands d'être relativement épargnés par le chômage: 7,9% selon Eurostat, contre 20,7% au Royaume-Uni, 24,8% en France ou 55,5% en Espagne.Mais depuis quelques années, le dispositif patine. Entre 2007 et 2013, les entrées en apprentissage ont fondu de 16%, passant de 624 000 à 526 000 par an. La faute à une démographie déclinante - 1,4 enfant par femme - et à un certain désamour des nouvelles générations pour le travail manuel. "De plus en plus de jeunes veulent passer le bac et aller à l'université", constate le ministère fédéral de l'Economie. "Dans leurs têtes, et surtout dans celles de leurs parents, les études universitaires permettent de mieux gagner sa vie. Or un ouvrier qualifié est mieux payé que beaucoup de professionnels issus de l'université". Cette évolution préoccupe les entreprises, qui voient se tarir une importante source de compétences techniques. "Depuis quelques années, témoigne Lena Behmenburg, conseillère au patronat allemand, certains de nos membres, comme Bosch ou Siemens, expriment leur inquiétude. En cas de pénurie, ils peuvent trouver ces profils à l'étranger mais ils nous disent que cela ne suffira pas." Résultat: 37 000 postes d'apprentis restent non pourvus chaque année, selon le gouvernement. Plus alarmiste, le patronat avance le chiffre de 100 000, surtout "dans l'artisanat, les métiers physiques et ceux à forte amplitude horaire". Ni aide, ni exonérationDe son côté, la confédération syndicale allemande DGB renvoie la balle dans le camp des employeurs. Selon elle, ils accueillent de moins en moins d'apprentis. En Allemagne, l'apprentissage repose principalement sur les entreprises, qui prennent en charge les rémunérations des apprentis sans aide ni exonération. Selon une étude de l'Institut fédéral pour l'enseignement professionnel (BIBB), un apprenti coûtait, en 2007, 15 300 euros par an à l'entreprise. "Il y a 10 ans, un quart des entreprises formaient, elles ne sont plus que 21% aujourd'hui", assure Mario Patuzzi, responsable de la formation professionnelle au DGB."Ce chiffre n'est qu'une photographie à un instant T", nuance Barbara Dorn, directrice de la formation professionnelle à la fédération patronale BDA. "Beaucoup de petites entreprises forment un apprenti puis font une pause avant de renouveler l'expérience". Mme Dorn préfère citer une autre statistique, qui prend en compte tous les apprentis accueillis sur une période de six ans: "seule la moitié des entreprises sont aptes à former des apprentis mais, parmi elles, 80% le font", soit environ 40% des entreprises allemandes. Cela détruirait le systèmeToujours est-il que certains jeunes ne trouvent pas leur place dans le système "dual". Là aussi, les chiffres divergent: 21 000 selon le ministère de l'Economie, plusieurs dizaines de milliers selon le patronat, entre 250 000 et 300 000 selon le DGB. "Une partie des jeunes n'ont pas les compétences de base suffisantes pour entamer une formation professionnelle", explique le ministère, qui finance une multitude des "dispositifs de transition", qui font office de remise à niveau. Tous ces sujets sont actuellement au c?ur d'une négociation entre partenaires sociaux, qui tentent de s'accorder sur une Alliance nationale pour la formation, qui succèdera au Pacte national pour la formation, signé en 2004 entre le gouvernement et le patronat. Jusqu'à présent, les syndicats sont toujours restés en retrait, reprochant au Pacte de fixer des objectifs non contraignant aux employeurs.Mais les positions restent très éloignées. Le DGB souhaite créer une "garantie de formation", pour chaque jeune et dans le secteur de son choix. En parallèle, les entreprises réfractaires paieraient une contribution pour subventionner les bons élèves. Non, rétorque le patronat. "C'est une proposition aussi vieille que le DGB lui-même et il est seul à la défendre", assène Barbara Dorn. "Cela détruirait le système de formation professionnelle en Allemagne: les jeunes choisiraient leur métier préféré sans respecter les besoins de l'économie, hypothéquant leurs chances d'être embauché plus tard", prophétise-t-elle.




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