Algérie - Allam Mehdi

Allam Mehdi , bien que parti , son esprit demeure.



Allam Mehdi , bien que parti , son esprit demeure.
Du sud au nord, le Cheikh laissera une empreinte indélébile chez ceux qui l’ont écouté et appris de lui «l’art sain», en parlant de ses oeuvres.

En ces temps où l’hypocrisie se généralise, on avait quasiment oublié son existence durant la dernière période de sa vie, l’enfant de la vallée de la Soummam a succombé, avant-hier, à l’hôpital de Sidi Aïch à l’âge de 63 ans des suites d’une longue malade qui l’a contraint à rester au lit des mois durant.
Dans la période féconde de la fin des années 1960, Cheikh El Mahdi, chanteur et musicien de talent, laisse exploser toute sa fougue artistique en jouant dans les cafés d’Alger, en accompagnant au banjo les grands maîtres à l’instar d’El Anka, Boudjemaâ El Ankis, Guerrouabi, Kamel Bourdib, Amar Ezzahi, Dahmane El Harrachi, Hsen Saïd...pour ne citer que ceux-là. De son vrai nom, Allam Mahdi, «Ech-cheikh», comme l’appellent respectueusement ses disciples, est né à Takriets le 21 novembre 1946. C’est au Centre d’enseignement technique de Sidi Aïch, actuellement technicum, qu’il affirme ses ambitions artistiques. Rejoignant les rangs de la Jeunesse FLN, à l’indépendance du pays, il s’emploie à faire épanouir tout son talent artistique.
Virtuose, il ne tardera pas à être remarqué et intégré dans l’orchestre de l’émission radiophonique «Les chanteurs de demain» animée d’abord par Chérif Kheddam avant d’échoir à Kamel Hammadi. Boosté par ses fréquentations, il enregistrera son premier disque 45 tours. Agma ruh axduyi (frère, laisse-moi tranquille) et Ighouvlan qwen (abondance de maux), qui composent cet opus, donnent déjà la tonalité de ce que sera ensuite toute l’oeuvre du cheikh.
En 1976, il part au Sud, à Hassi Massaoud, à la recherche d’une vie meilleure. Là, il continue à écumer les cafés en chantant en kabyle et en arabe avec d’autres artistes pour une assistance composée essentiellement de gens du Nord qui cherchaient à oublier les chagrins de leur émigration interne. Revenu du Grand Sud avec un peu plus de sagesse et une grande dose de volonté, il dépose en 1986 à la Chaîne II «une bobine» contenant six chansons. Ses autres oeuvres sorties en 1987 et en 1991, malgré qu’elles eussent été bien accueillies ne lui ont absolument rien rapporté financièrement.
A cette insoutenable situation d’artiste pigeonné s’ajoute le drame de la disparition tragique de son fils dans un accident de la route. C’est d’ailleurs pour soulager un peu son esprit tourmenté qu’il travaille davantage pour finaliser un album en hommage à son enfant disparu, qu’il rejoint hélas. Du Sud au Nord, le Cheikh laissera une empreinte indélébile chez ceux qui l’ont écouté et appris de lui, «l’art sain» comme, aiment-ils dire de ses oeuvres. De telles situations qu’endurent nos artistes, dont la pertinence paraît manifeste, se trouvent de nos jours complètement occultées par un rideau de fumée créé par bon nombre d’interrogations. Ces derniers sont loin des feux de la rampe. Plusieurs d’entre eux restent méconnus au pays, surtout en matière de talent et virtuosité. Ainsi, des noms retentissent dans le monde entier, sillonnent les quatre coins de la planète en évoluant dans plusieurs manifestations, reconnus internationalement et qui restent tout de même des «inconnus» ou «sous-estimés» dans le milieu artistique local. Telle est la situation qu’a vécue Cheikh El Mahdi qui a donné une énième leçon de...(à méditer).




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