Algérie

Allah guide vers Sa lumière qui Il veut



Allah guide vers Sa lumière qui Il veut Dans l’une de mes visions contemplatives, je vis ceci: un immense registre ouvert m’était présenté. Sur chaque ligne, un Nom divin était écrit, puis était successivement qualifié sur cette même ligne par tous les autres Noms. Sur la ligne suivante, un autre Nom était écrit et pareillement qualifié par tous les autres et ainsi de suite jusqu’à épuisement de la liste des quatre-vingt-dix-neuf Noms divins. Au contraire, si l’on considère la «face» des Noms qui est tournée vers les mondes crées, ils sont, de ce point de vue, dépendants de ces derniers dans la mesure où ils cherchent à produire leurs effets: celui qui cherche est dépendant à l’égard de ce qu’il cherche.Les cieux, la terre et toutes les créatures, dont la lumière est le Nom al-nur, sont les ombres des Noms et des Attributs projetées sur les prototypes immuablement fixes dans la Science divine (al-a’yan al-thabita fi l-hadrat al-’ilmiyya). Toute ombre nécessite en effet une surface. telle que la terre ou l’eau, sur laquelle elle puisse se projeter. C’est la lumière qui rend l’ombre visible, mais c’est l’objet vertical [éclairé par cette lumière] qui lui donne sa forme. Cet objet vertical correspond, en l’occurrence, au degré des Noms et des Attributs, et la Lumière est l’Etre qui se répand sur les possibles. Puis Dieu a répondu [dans la suite du verset] à la question: cette illumination de la terre, des cieux et de toutes les créatures se produit-elle directement ou par intermédiaire ? Doit-elle être comprise comme une conjonction, une union ou un mélange? Par le recours au symbole de la niche, du verre et de la lampe, Il nous a fait savoir que cette illumination s’opérait, sans union, mélange ni conjonction, par l’intermédiaire de la Réalité muhammadienne (al-haqiqa al-muhammadiyya), laquelle est la première détermination (al-ta’ayyun al-awwat), l’isthme des isthmes (barzakh al-barazikh), le lieu de la théophanie de l’Essence et de l’apparition de la Lumière des lumières. C’est cette Réalité muhammadienne qui est désignée par le «verre». Quant à la «niche», elle représente la totalité des créatures- la Réalité muhammadienne exceptée, car c’est du «verre», et par son intermédiaire, que se répand perpétuellement la lumière. Quant à la «lampe», elle symbolise la lumière existentielle et relative (al-nur al-wujudf al-idafi). Dieu nous a informé ensuite que ce verre, par quoi la lumière parvient à la niche, possède cette finesse, cette plénitude, cette pureté, cette aptitude à recevoir la lumière et à la répandre sur la niche en raison de sa prédisposition parfaite et insurpassable, au point qu’on a pu dire qu’à lui s’appliquait ce distique de Sahib Ibn ‘Abbad: «La coupe était si pure et le vin si limpide qu’ils devinrent semblables, au point qu’on ne savait. S’il y avait là du vin sans coupe ou une coupe sans vin.» C’est là le sens de «comme un astre resplendissant». «Elle tire sa flamme»: il s’agit ici de la lampe, c’est-à-dire de la lumière existentielle relative. «D’un arbre»: d’un principe, d’une source. «Béni»: sa bénédiction est pérenne, et sa surabondance inépuisable. «Ni d’orient ni d’occident»: on ne peut dire de cet arbre dont la lampe tire sa flamme, ni qu’il est «oriental»- ce qui le rattacherait au lever du soleil et à l’illumination - ni qu’il est «occidental»-ce qui le rattacherait au couchant et à l’ombre- car il est l’Essence même. Or, à cette dernière, on ne peut assigner aucun statut particulier puisqu’elle ne peut être saisie par l’intellect et que l’assignation d’un statut à ce qui est inintelligible est impossible. Elle n’est ni d’orient ni d’occident, ni nécessaire ni contingente, ni être ni non-être. Elle ne se manifeste pas par une chose sans se manifester aussi par son contraire. «Peu s’en faut»: cela était près de se produire mais ne s’est pas produit. «Que son huile»: ce qui alimente la «lampe» mentionnée plus haut. «N’illumine»: que l’Essence ne se manifeste que par elle -même et pour elle-même, sans être associée à quoi que ce soit- j’entends par là une association en mode purement conceptuel. «Sans même que la touche le feu»: c’est là une allusion aux formes manifestées auxquelles s’associe ce qui est symbolisé par l’huile, laquelle représente la réalité essentielle de la lampe. La lumière de la lampe n’apparaît pas si elle n’est pas en contact avec le feu. A son tour, le feu n’éclaire pas et ne se manifeste pas sans la présence de quelque chose qui l’alimente, et cette chose elle-même ne se manifeste que si le feu est en contact avec elle. «Lumière sur lumière»: la lumière attribuée aux cieux et à la terre est identique à la Lumière absolue que ne limitent ni les cieux ni la terre. «Sur» (‘ala): signifie «Nous» (bi-ma’na nahnu). «Allah guide» par Ses instructions et Ses théophanies «qui Il veut» d’entre ses serviteurs «vers Sa lumière»: Sa lumière absolue, et non la lumière relative attribuée à telle ou telle chose. «Allah fait des symboles pour les hommes»: afin que leur soit évidente la réalité des choses car «Allah connaît toute chose» et sait comment en tirer un symbole. Mais aux hommes Il a dit: «Ne faites pas de symboles d’Allah» (Cor. 16: 74). Il a formulé cette interdiction en raison de leur ignorance, car ils ne sauraient comment faire ces symboles; mais cette interdiction ne s’applique qu’au Nom Allah, qui est le Nom totalisateur. Quant aux autres Noms, il n’y a pas d’interdiction. Suite et fin L’Emir Abdelkader


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