Algérie

All he needs is love



Le président Bouteflika est populaire, un peu comme l?était Boumediène en son temps ou dans une moindre mesure Chadli, le Président qui a pourtant offert le plus de libertés à son peuple. Le président Bouteflika est populaire, pas auprès des gouvernants, des médiateurs et « clapeuses » de service qui de toute façon aiment tous les présidents avec le même zèle, mais auprès de larges couches de la population. La joie retrouvée consécutive à son rétablissement ne trompe pas. Pourquoi les Algériens aiment-ils à ce point leur Président ? C?est qu?il est associé au retour de la paix et à la mise en place d?un solide équilibre entre « les valeurs ancestrales du peuple algérien » et les « objectifs de modernité », slogans un peu creux, mais qui désignent néanmoins ce mariage de raison entre un conservatisme très étriqué au sommet et un libéralisme relatif dans l?économie de base qui permet à chacun de s?enrichir en théorie. Mais si Bouteflika est populaire, c?est surtout qu?il réussit à faire croire qu?il était victime d?un complot permanent - d?où l?hypothèse de l?empoisonnement - de cercles étrangers d?une part, où l?on trouve pêle-mêle les Français en tenue de colons, Enrico Macias et Ariel Sharon jouant de la guitare empoisonnée montés sur des chevaux de Troie. D?officines internes d?autre part, où l?on retrouve dans le désordre des communistes laïques à tête de veau, des généraux corrompus armés de mauvaises intentions et des ennemis irréductibles de l?Islam chantant des hymnes à la gloire du paganisme. Et là, tout s?explique, notamment le fait que ça ne gêne absolument pas les Algériens d?envoyer en prison en leur nom syndicalistes, émeutiers ou journalistes puisque ces derniers font partie du camp ennemi, celui qui veut remettre en cause l?ordre qui s?établit. Les Algériens aiment donc leur Président. Mais celui-ci aime-t-il les Algériens ?


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