Algérie

Alimentation en eau potable: Quand le robinet fait des siennes


Depuis qu'elle a procédé au curieux retrait de son communiqué en date du 17 mai dernier, la Société des eaux et de l'assainissement d'Alger (SEAAL) impose à ses usagers d'interminables coupures d'eau sans prévenir ni de leur moment ni de leur durée.S'il a étonné beaucoup de monde, le retrait du communiqué en question n'a pas apporté de solutions aux coupures d'eau auxquelles la SEAAL procède sans aucun préavis depuis que Ramadhan a pris fin. Devant des situations aussi exécrables que vivent les usagers, la SEAAL aurait mieux fait de les astreindre à accepter ce qu'elle avait décidé le 17 mai dernier, à savoir des coupures d'eau programmées ou comme elle dit «organisées». Elle a expliqué en préambule, le 17 mai dernier, que «l'approvisionnement de la capitale en AEP se fait à partir de trois sources dont 60% des eaux des barrages, 20% des puits et 20% du dessalement. L'absence des pluies durant ces trois dernières années a engendré une baisse des quantités des barrages et un manque de production d'eau pour atteindre 340.000 m3 quotidiennement (de 12 millions m3/j à 860.000 m3/j)». La SEAAL faisait savoir alors que «devant une telle situation, nous informons les usagers que l'alimentation sera quotidienne, sans interruption et de façon organisée à partir du 18 mai 2021 au niveau de toutes les communes d'Alger pour être de 12h à 20h». Elle note qu' «il est important de rationaliser la consommation et de faire preuve de solidarité pour garantir l'eau à tous». Le communiqué était on ne peut plus clair. La SEAAL avait ainsi prévenu ses usagers comme il se devait. Ils étaient au moins fixés pour ce qui est de la plage horaire des coupures d'eau. Ils devaient avoir l'eau certes pendant quelques heures mais de façon quotidienne.
La capitale sous les affres des coupures d'eau
Le retrait par la SEAAL de ce communiqué empeste les relents populistes dans une conjoncture où tout doit être aplani à la veille et pendant des échéances électorales inscrites en tête des priorités du pouvoir en place. Toutefois, depuis le 19 mai dernier, c'est-à-dire deux jours après ce curieux retrait, la SEAAL ne prévient plus d'aucune coupure d'eau. Pratiquement, l'ensemble des quartiers de la capitale en souffre terriblement à ce jour. Contacté vendredi à un peu plus de 22h à son fameux 1594 par lequel la SEAAL se dit «à votre écoute pour répondre à toutes vos questions», le service technique de la société «vous demande d'attendre 4 minutes parce que tous nos techniciens sont en communication», vous répond la voix enregistrée de l'opératrice. Après plus de 6 minutes, la voix vous assure qu'«un technicien prendra en charge votre communication». Après 7mn 40, une voix, celle-là réelle, vous dit le un dixième d'un mot pour tout de suite (être) coupé. La communication reste ouverte mais «sans aucune voix».
A 8mn 55, on raccroche sans avoir parlé aux services techniques de la société. Sur le site électronique de la SEAAL, l'on peut consulter plusieurs rubriques, entre autres «Info Trav' Eau» qui vous promet «toutes les informations sur les coupures».
Le site permet de relever que l'ensemble des communes de l'ouest d'Alger subit des coupures d'AEP qui durent de longs jours. Il renseigne que dans les communes côtières comme Staouéli (complexe touristique de Sidi Fredj compris ndrl) et Zéralda, les coupures sont liées à «un niveau bas du réservoir».
Dans la case «retour à la normale», on lit : «La SEAAL met tout en ?uvre pour rétablir au plus vite la situation».
Alger Centre, Dely Brahim, Belouizdad (Belcourt) et d'autres quartiers souffrent du même problème depuis «le 20 mai à 13h». Le site nous apprend en outre qu'à El Mouradia, Hydra, Bab El Oued, Ben Aknoun, Aïn Taya, entre autres quartiers de la capitale, «aucune coupure».
Quand l'eau joue au yoyo et sur les nerfs
L'on nous précise que les coupures d'eau proviennent plus de l'assèchement des barrages. «Les communes alimentées à partir des stations de dessalement ont leur eau quotidiennement», nous dit-on. Aïn Benian, toute proche d'une station de dessalement, vit elle aussi le spectre des robinets sans eau. A moins, est-il noté, que «les stations sont en travaux de maintenance ou en panne». L'on ne saura rien de la SEAAL, son 1594 ne donne pas suite aux appels des usagers. L'on relève par ailleurs que le dernier communiqué qu'elle a publié sur son site sous la rubrique «communiqués de presse», date du… 21 avril 2015. L'on s'interroge si ce sont les autorités politiques qui ont obligé la société à retirer son communiqué du 17 mai et si elles savent ou non que les trois quarts des habitants d'Alger sont privés d'eau pendant plusieurs jours. Alger n'est pas l'exception puisque des millions d'autres citoyens vivent le même calvaire dans plusieurs wilayas du pays. Vendredi, l'eau est revenue à 7h du matin pour ne couler que quelques minutes et repartir pour de longues heures. Hier samedi, l'eau a été lâchée à 6h du matin, coupée à 6h20, revenue à 6h40 pour repartir à 7h. Quelques heures après, elle revient pour continuer de couler… Rien ne précise si elle va être coupée ou pas. Les usagers demeurent quotidiennement aux aguets pour guetter un robinet laissé constamment ouvert parce que le peu d'eau lâchée joue au yoyo et plus sur les nerfs sans qu'aucune autorité politique ou administrative ne s'en soucie.
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