Aliment du bétail : Contrebande, spéculation et marché noir

Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, a évoqué, hier, le phénomène de la contrebande au niveau de nos frontières, notamment à Tébessa, et qui touche les moutons et l'aliment du bétail, subventionné par l'Etat, vers d'autres pays, en citant l'orge. «Je sais que même le son transite frauduleusement par nos frontières», a-t-il souligné avec regret.
Les directeurs des chambres d'agriculture ont, pour leur part, dénoncé, lors d'une réunion tenue hier au siège du ministère de l'Agriculture, l'anarchie qui prévaut en matière d'approvisionnement des éleveurs en aliment du bétail (orge et son). Une situation ayant favorisé la spéculation, notamment dans certaines wilayas du pays, rendant ainsi le prix de la viande rouge et les moutons inaccessibles aux bourses moyennes.
Le président de la chambre de l'agriculture de Laghouat, Mustapha Himoudi, a précisé que les CCLS ont mis du temps pour approvisionner les éleveurs en orge, «un retard de 5 à 6 mois», dit-il en soulignant que même le son n'est pas donné, bien qu'il soit subventionné par l'Etat. «Le son est vendu au marché noir à 2.400 DA le quintal alors que son prix réel chez les transformateurs et de 1.500 DA le quintal, c'est-à-dire, au prix subventionné». Le responsable de la chambre de l'agriculture de Laghouat a pointé du doigt les transformateurs de céréales publics et privés.
Le président de la chambre d'agriculture de la wilaya de M'sila a pour sa part dénoncé des éleveurs et maquignons occasionnels qui achètent l'orge et le son au prix subventionné pour le revendre à des prix exorbitants sur le marché noir. «Certains d'entre eux n'ont ni chèvre ni mouton, mais ils utilisent, avec la complicité de certains, de faux certificats ainsi que d'autres documents, et ils sont les premiers à être servis en orge et son», dira-t-il.
Le représentant de la wilaya de M'sila a souligné que l'orge et le son sont cédés à deux personnes privilégiées - il a même cité leurs noms devant le ministre. Et de souligner que ces deux personnes font des fortunes avec la subvention de l'Etat en vendant le son à 2.400 DA le quintal.
Devant cet état de fait, le ministre de l'Agriculture a donné des instructions à ses cadres et aux inspecteurs de son secteur pour aller sur place afin d'effectuer des inspections pointues. Il a également demandé aux CCLS de gérer mieux cette question d'approvisionnement en orge, car la disponibilité en matière d'aliment du bétail ne pose pas de problème. Le ministre s'est montré intransigeant, «Tout dépassement sera sanctionné, les transformateurs qui vendent le son au marché noir n'auront plus droit aux céréales subventionnées par l'Etat», a-t-il averti.