Algérie

Ali Yahia Abdennour : «Il faut aller vers une autre Constitution»




«C'est un ministre des Affaires étrangères auquel les affaires étrangères lui sont étrangères», ironise me Ali Yahia, président d'honneur de la Laddh et membre de la CNCD, lors d'une conférence de presse animée, hier, à  la maison de la presse Tahar Djaout, à  Alger.
Pour lui, l'Algérie n'est pas sur une autre planète. «L'histoire s'accélère et elle est un danger pour les dictateurs. Elle est déjà à  la porte de l'Algérie et elle risque de l'emporter. Nous, nous voulons un changement pacifique. Il n'y a pas de zaïm et il n'y a pas de dieu, la révolution appartient au peuple», affirme-t-il. Sur la question de la levée de l'état d'urgence, Ali Yahia Abdennour qualifie la décision de non-événement dans la mesure où les Algériens ne peuvent toujours pas manifester librement. «Nous sommes en état de siège, mis en place par un arrêté non publié en 1993. Cet arrêté donne aux commandants des Régions militaires les pouvoirs d'intervention», relève-t-il. «Il fait remarquer que «les libertés politiques sont toujours mises entre parenthèses».
C'est pourquoi, dit-il, que la CNCD réclame «un changement du régime et non un changement dans le régime». «Nous voulons que le système parte. C'est une condition sine qua non pour la résolution des problèmes des Algériens», lance-t-il. Selon lui, le pouvoir algérien se complaît dans cette situation. «Non seulement il ne règle pas les problèmes, le pouvoir réprime ceux qui demandent leur règlement», martèle-t-il. Abordant les questions de la généralisation de la corruption et le bouillonnement dans les différents secteurs, il affirme que la source de ces problèmes est unique. «Le dénominateur commun de tous ces maux, c'est le pouvoir», tranche-t-il. Interrogé sur la faiblesse de la mobilisation lors des trois dernières marches, notamment à  Alger, il rappelle que les Algériens «qui ont subi la violence depuis 1962 ont toujours peur». «Le jour où on lèvera réellement l'état d'urgence et l'on permettra aux Algériens de manifester pacifiquement, ce jour-là vous verrez si le peuple nous rejoindra ou pas», rétorque-t-il.
Dans ce sens, Ali Yahia Abdennour dénonce la propagande orientée contre la CNCD et exercée par la télévision et les radios officielles. «La télévision appartient à  tous les Algériens, mais, malheureusement, elle est au service du pouvoir», déplore-t-il. L'orateur interpelle, dans la foulée, les journalistes de ces médias lourds. «Les journalistes ne sont pas des fonctionnaires de l'information. Ils doivent se défendre et protéger leur métier contre la désinformation», ajoute-t-il. Il revient également sur la nature du régime algérien. «D'un côté, il y a le président de la République et de l'autre, il y a l'armée et le DRS. Mais c'est toujours l'armée qui fait et défait les présidents en Algérie», estime-t-il, en citant les cas de Ahmed Ben Bella, Chadli Bendjedid et Liamine Zeroual. Le régime algérien, ajoute-t-il, recourt également aux fraudes électorales pour se maintenir.                                     
 


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)