À l’occasion du 61ème anniversaire du 1er NOVEMBRE 1954, pour que nul n’oublie nos martyrs de la glorieuse Guerre de Libération Nationale, unique en son genre dans le monde Arabe contre le colonialisme Français. Sans oublier, aussi, nos martyrs du devoir national qui ont défendu, au cours de la décennie noire, les acquis de cette révolution. Les forces du néocolonialisme n’ont pas avalé l’indépendance de ce pays, ils ont eu recours aux forces obscurantistes de l’intérieur, sous l’insidieux slogan religieux, appuyaient financièrement par les régimes réactionnaires Arabe pour bannir l’Algérie Novembriste.
« NE RESTE DANS L’OUED QUE SES GALETS »
C’est grâce à un cousin, au cours de nos rencontres de temps à autre, qui me parle souvent d’un certain moudjahid. Vu l’ampleur des faussaires, j’ai hésité au départ de prendre attache avec lui, mais en fin de compte nous nous sommes rencontrés, dès l’instant, une intuition s’est établie entre nous par la concordance de nos points de vue sur les premiers acteurs de la révolution dans cette localité entre 1956 – 1957. Un rendez-vous fut fixé pour le 16 septembre 2015.
Au cours de ce rendez-vous, à cause de l’étendue du sujet et le facteur temps, j’ai pris seulement quelques points de repère de l’itinéraire du moudjahid Si Ali DJILLALI (1).
Biographie de manière succincte :
-Moudjahid DJELLALI Ali pseudo : Tounsi
-Présumé en 1936 Douar Ouled Senousi Mousmen, Tamesna Hassasna Saïda
-A regagné le maquis le 27 mai 1957 Fiche de notification de moudjahid n° 320170
-Blessé dans la bataille de Sidi Moussa Hassasna Saïda, fut prisonnier fin 1958. - Gardé au centre de transit pendant 3 ou 4 mois.
-Jugé par le Tribunal militaire d’Oran en tant qu’insoumis refusant de faire son service militaire dans l’armée française.
- Il est passé par la suite à la prison de Bouchekif puis Bordeaux (Mahdia) Tiaret, il a rencontré dans la prison : Belhadjar Benali – Bouazza Mohamed – Nourai Abdelkader etc.
-Libéré après le cessez-le-feu du 19 mars 1962 suite aux accords d’Evian.
(1) Avec l’âge la mémoire affaiblie.
Ses frères et oncles maternels tombés au champ d’honneur :
- Djillali Djelloul (OCFLN) a disparu en 1958, sans aucune trace à ce jour, suite à son arrestation par l’armée coloniale.
- Djillali Ameur (OCFLN) décédé après sa sortie de prison, suite à ses tortures par l’armée française.
- Hamadouche Hamza (ALN) dans la 1ère bataille Labaa.
- Hamadouche Kadour (ALN dans la 2ème bataille de l’oued Fofot (pont) en 1959
- Badri Belkacem (ALN) le 4 juin 1960 à Oum Djerane.
- Falouli Habib (ALN) vers 1959.
- Souane Mohamed (ALN) dans l’opération de la ferme Fumarolli Oum Djerane Hassasna avec STETNI et Allel Lahcen à la veille du cessez-le-feu.
Pour faire pression, l’armée française a arrêté, torturé les mères des moudjahidine et ont été jetées en prison de la gendarmerie à Kheider département de Saïda:
- Hamadouche Alia mère de Djillali Ali (ALN).
- Falouli Dhaouia mère de Falouli Habib (ALN) martyrs.
- Lazreg Fatna mère de Badri Belkacem (ALN), martyrs.
Et tant d’autres dans le même douar des Ouled Senouci MousmenTamesna.
A) - LA CAUSE DE SON ENGAGEMENT DANS LA REVOLUTION
Suite à sa convocation au début du mois de mai 1957 par l’armée française pour l’accomplissement de son service militaire, il est descendu à Saïda avec ses deux frères Ameur et Djelloul afin de se présenter au bureau du service militaire.
Par coïncidence, ils ont été apostrophés au niveau de la mosquée de Saïda (l’actuel El Atiq) par Monsieur Ameur Benkhouda (2) , comme il les connaissait, après les salutations, leur posa la question « que faites-vous ici ?» Ils l’ont informé du but, sa réaction fut sans détour « mais vous avez notre armée au djebal, il n’y a plus de service militaire dans l’armée française !!! », mai 1957.
(2) Son fils Abdelkader (ALN), commissaire politique est tombé au champ d’honneur vers la fin de 1958.
Sans hésitation, ils ont fait demi-tour, et une fois au douar Ali DJILLALI a pris attache avec un parent Allel Gacem, qui fut informé, sa kheÏma était un point de passage de la katiba, il lui demande de patienter deux ou trois jours. Effectivement la katiba était de passage au bout de trois jours (mois de mai 1957) et c’est à ce moment-là que Ali DJILLALI fut incorporé dans la katiba. A la question sur la présence de responsables (raïs) ce jour, il a donné les noms suivants : Messieurs Baghazel, Abdeldjebar, Lazreg, Stanbouli et Boukhatem.
A une autre question sur l’équipement et le nombre de djoundis dans la katiba, le moudjahid Si Ali DJILLALI a précisé : qu’elle était composée environ de cent djoundis bien armés avec des fusils khemassia (cinq cartouches), deux à trois fusils 24 à bipied et seulement deux djounoud armés de fusils de chasse, quant à moi, après quelque temps, ils m’ont remis une khemassia.
B) – MON PREMIER BAPTÊME DE FEU était à l’oued des Ouled Khaled à Sidi Mimoun, notre responsable était Si Boumediene de Mesirda que les djounoud lui ont donné le pseudo Aoudj, parce qu’il ne cessait pas de répéter ce mot à chaque fois.
Dans cette opération on n’a eu qu’un seul prisonnier le djoundi Chérif Mohamed. L’accrochage a eu lieu à 11 heures du matin, quant aux dégâts dans les rangs de l’ennemi personne ne peut donner les informations exactes.
C) – L’EMBUSCADE DE L’OUED FOFOT Hassasna, responsable Si Boumediene pseudo Aoudj.
Près de la gouba de Sidi Abdelkader au niveau du pont sur la route qui va de Saïda vers Tamesna et Tircine, le responsable de la katiba a placé des sentinelles (civiles) pour signaler le convoi de l’armée que ce soit d’un côté ou de l’autre de la route. Il y a eu des dégâts du côté de l’armée française, mais personne ne peut donner de chiffres. De notre côté, il y a eu un seul mort suite à son malaise le djoundi Benaïcha qui a été enterré par Bachir Belgacem et un autre, au lieu-dit Dbidiba dans un ancien cimetière.
D) - AU SOMMET DU DJEBEL KHENIFER HASSASNA:
Si BOUKHATEM a provoqué un rassemblement des trois katiba en 1958 au sommet du djebel KHENIFER, dans une petite parcelle de terre sous forme de cuvette, avec un nombre de djounoud très important. Dans son discours à un moment précis, il a souligné que « l’Algérie aura son indépendance même s’il restera qu’une vieille femme, cette dernière la libérera » puis il a ajouté « nous, nous n’assisterons pas à cette indépendance, ce seront d’autres !!! ». Entre nous, nous avons souhaité voir de nos propres yeux cette indépendance qui a été payée très cher par le sang de nos martyrs et le peuple. Dans ce rassemblement des affectations ont été faites de djounoud : Ali Djillali, Falouli Habib et Allaïlat Ahmed dans une autre Katiba de Si Abderrezak à Tafrent, dès notre arrivée il leur dit : « que faites-vous ici ? On ne peut pas muter des djounoud qui connaissent mieux que quiconque leur région ! ». Nous avons par la suite regagné notre katiba initiale.
E) - DANS LE LIEU-DIT LABAA (1ère bataille) responsable Si Boumediene dit Aoudj. Dans cette opération Si Boumediene a provoqué les Sbaïse, qui n’étaient pas loin de notre position, en envoyant un djoundi pour les attirer, les Sbaïse sont tombés dans le piège, il y a eu des dégâts dans leurs rangs, de notre côté rien.
Mais par la suite, a eu l’intervention de l’aviation, l’un des avions a été visé par un tir des nôtres, mais cet avion a piqué sur nous dans le sens de notre alignement espacé l’un à côté de l’autre. Résultat 18 djoundi tués et un blessé, immédiatement nous fumes dispersés dans plusieurs directions. A la question comment par la suite se faisait le regroupement ? La réponse : grâce à la population et nous avons pris notre dîner au lieu-dit OUM TEROUG dans le douar des Nouaoura.
F) - DANS LE LIEU-DIT LABAA (2ème bataille), une décision a été prise par notre responsable Boumedienne dit Ouadj pour préparer par nous-mêmes notre marmite afin d’avoir notre autonomie (rires), plusieurs moutons égorgés etc., notre Katiba avait campé dans la forêt tout en surveillant des chars qui faisaient des mouvements tout en s’approchant de la lisière de la forêt. D’un seul coup il y a eu un tir par un char d’une distance de 2 km environ dans notre direction, heureusement qu’il n’y a eu qu’un seul djoundi blessé touché à la tête, cela a eu lieu aux environs de 12 heures, donc moment difficile pour se battre, nous avons décroché tout en se dispersant, laissant le tout sur place. A une question pourquoi l’armée française n’a pas osé vous poursuivre ? « Sûrement, ils n’ont pas voulu rater ce festin », rires, puis Si Ali a ajouté « eux aussi ils ont peur de nous et des fois ils nous évitent».
G) - UNE GRANDE BATAILLE DANS LE LIEU-DIT SIDI MOUSSA sous la responsabilité de Si Souiah Salem, ex-sous-officier de l’armée française, ce dernier a déserté de l’armée française dans les AURES, puis affecté dans la région de Saïda.
Le Djeich est retourné dans cette localité, pourtant bien avant il y a eu l’exécution d’un traitre avec son fils dans cette même localité, sûrement suite à une dénonciation, l’armée française a préparé le coup et vers six heures du matin, sept à huit avions et des hélicoptères de transport de troupes ont été sur les lieux. Sous l’effet de la surprise et de bon matin, on avait compris que le grand jour est arrivé. A ma demande de préciser le nombre d’avions, Si Ali se projetait dans cette bataille, a répondu instantanément par « ya sahbi begheite ngoulak miat tayara!! », (mon ami tu veux que je te dise 100 avions !!!), ce qui a provoqué un éclat de rire, il faisait peut-être allusion à des déclarations de certains vrais-faux.
Dans cette bataille le seul qui a sauvé ses éléments c’est Moukil Hadj, ce dernier était un grand baroudeur ancien du Vietnam, qui n’était nullement intéressé par les grades, a pris la direction de la forêt, par contre l’autre partie dans la panique a pris une direction défavorable à part quelques arbustes éparpillés. L’aviation a fait un carnage dans nos rangs mais aussi dans les rangs des leurs.
Résultat : 11 prisonniers parmi eux le responsable de la Katiba Si Souiah Salem, les djounoud : Nouraï Abdelkader, Zelmati Ahmed, Ali Djillali et autres. Quant aux morts d’après les dires 30 environ dans nos rangs.
Au moment de ma capture, et étant blessé, un soldat arabe m’a donné un coup de crosse, et lors de mon évacuation par hélicoptère un autre soldat français voyant mes souffrances m’a remis sa gourde pour boire !!!
H) - BAROUD D’HONNEUR D’UNE NUIT A SAIDA :(à ma question)
Réponse : «suite à la propagande de l’armée française comme quoi ‘’ il ne reste plus de fellaga au djebel ‘’, les Raïs (responsables) ont décidé de démontrer le contraire. Au cours d’une nuit (vers la fin de 1957 ou le début 1958) trois katiba ont participé à cette opération : deux katiba ont été postées du côté des guerraba eloued et la troisième sous la responsabilité de Si Boumediene dit Aoudj, a pris position entre Rebahia et Saïda pour empêcher l’armée française d’intervenir, moi j’étais dans cette dernière ».
I) AUTRES QUESTIONS :
- sur la présence de djoundiate dans la katiba de Si Boumediene dit Aoudj, il a affirmé qu’une djoundia son pseudo Badiaa était dans mon groupe, elle fut arrêtée dans un douar parce qu’elle était malade, suite à un ratissage de l’armée française.
- sur le ou les ralliés ? Il a évoqué un seul cas d’un certain Ould Mayasse, (djoundi courageux). Un jour en étant seul avec Abbes Moussa Ould Menoune de grade officier, ce dernier fut désarmé par ce rallié, qui lui a pris une belle arme exceptionnelle genre de mitraillette, la cause était due peut-être à des divergences personnelles (…) !
- pour les soins et la disponibilité des médicaments, Si Ali a donné le nom d’un toubib HAKIM, dont il ignore le reste, qui était un bon médecin. En ce qui concerne les médicaments, apparemment, il n’y avait pas de problème.
J) - D’OU VENAIT LE RAVITAILLEMENT DU DJEICH ?
Vu que la population était parquée dans les camps entourée de fils barbelés et des miradors de la SAS, il répond « le peuple était à la hauteur de la révolution » et il donne quelques exemples :
a) – les gens trouvent le moyen d’ouvrir les beramile, (petits seaux en bois, forme de tonneau, pour transporter de l’eau), ceci leur permettait de mettre le pain dedans.
b) – la SAS exigeait aux propriétaires des animaux afin d’évacuer le fumier en dehors du camp de rassemblement de la population, le pain était caché sous le fumier.
c) – les bergers ont joué un rôle très important dans le domaine de l’information et du ravitaillement du djeich.
d) – Les moments difficiles pour le djeich:
- les déplacements épuisants pendant la nuit, souvent on faisait des marches jusqu’à 30 km environ,
- le ralliement de certains et les mouchards parmi les civils.
K) - CAUSE DE LA DISPARITION DU RESPONSABLE SI SOUIAH SALEM
Précision de Si Ali : «pendant le passage dans le transit, ils nous faisaient sortir pour creuser une grande tranchée de la piscine de la légion jusqu’au niveau du regroupement de la gendarmerie de Saïda sous la garde de soldats légionnaires, parmi nous il y avait Souiah Salem et trois autres qui parlaient la langue française, par le temps, la confiance fut tissée entre eux et certains gardes légionnaire. Puis un jour, parmi ces derniers il y a eu désertion, la mèche fut donnée aux enquêteurs par un légionnaire, dont l’enquête a abouti à l’identification des auteurs qui ont été à l’origine de cette désertion. Le motif qui les a trahis, c’est l’échange de leurs montres! Cet échange a été en quelque sorte un gage (mot de passe) pour les légionnaires vis-à-vis du djeich ». Depuis ce jour, le responsable Souiah a disparu avec les trois autres.
A la question comment vous étiez informés ? Si Ali a ajouté « Si Souiah nous faisait part de toutes ses tentatives, il y avait une confiance totale entre lui et ses hommes».
L) - DECENNIE NOIRE 1990
Si Ali, ce qu’il l’à peiné après l’indépendance, d’ailleurs, cette peine est restée gravé dans sa mémoire, c’est pendant la période noire de 1990. Il a été malmené par les différents services, pendant 20 jours, et ce qu’il l’a encore blessé d’après lui « c’est le scénario qui a été échafaudé par un ex-Harki O. Ben. S. devenu par enchantement un ‘’patriote’’, maintenant on l’appelle (Si flêne) (Monsieur…), ce sinistre était plus cruel que Youcef Benbrahim », « dont j’ignore les raisons de cette humiliation jusqu’à aujourd’hui !!! ». Pour le soulager, et tout en ironisant, je lui ai dit «que peut-être les services ont été induit en erreur par les vrais-faux » qui sentaient une gêne que tu étais encore en vie !!!!!!!! Eclat de rire. Sur mon insistance, à la fin de notre entretien, je lui ai demandé de dire son dernier mot, après un silence (…), et avec un soupir prolongé a répondu par cet adage populaire :
« YA3YA ELBATEL YABTOUL OUA JI ELHAQ FOUGAH ».
(Quel que soit l’arbitraire, le droit prend le dessus).
GLOIRE A NOS MARTYRS.
La première photo : du moudjahid Ali DJILLALI à gauche.
La deuxième photo :du chahid SOUIAH Salem publiée par Mr Hocine Ouali sur le site : « écrire l’histoire révolutionnaire de Saïda ».
La troisième photo : De gauche à droite : Ali Djillali, Bouazza Tayeb et le fils de Si Ali, Hadj Benameu
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Posté Le : 03/11/2015
Posté par : aladhimi
Ecrit par : BOUAZZA Miloud
Source : Facebook