Ali Mendjeli : La mosquée Cheikh Ahmed Hamani démolie

La population de la nouvelle ville Ali Mendjeli assiste depuis quelques jours à la démolition de la mosquée Cheikh Ahmed Hamani.

La déception se lisait sur les visages des passants, dont la plupart lançaient des commentaires amers à la vue des bulldozers qui se chargeaient de raser les murs de ce lieu de prière. «C'est un crime», n'hésitaient pas à lancer certains habitants. «Les malfaçons et la fraude n'épargnent même pas les lieux sacrés», rétorquent d'autres.

Le verdict des experts ayant examiné la construction en question aura été sans appel: de graves malfaçons menacent les murs de la mosquée. Et les risques de son effondrement sur la tête des fidèles ont contraint les autorités locales à procéder à sa fermeture peu avant le dernier mois du Ramadhan, et ce malgré l'insistance des citoyens qui, à travers une longue pétition, ont vainement tenté de stopper la décision des services compétents. Le niet a été catégorique. Plus personne n'accomplira sa prière à l'intérieur de cette mosquée, menacée qu'elle était de s'effondrer à tout moment. «C'est déjà une chance qu'on se soit aperçu des dangers avant que ne survienne une quelconque catastrophe», ont confié des contrôleurs techniques. Car, pour rappel, la mosquée Cheikh Ahmed Hamani qui était en construction, avec un taux de réalisation atteignant près de 80 %, accueillait les fidèles de tous les quartiers de la nouvelle ville Ali Mendjeli, étant l'unique lieu de culte au milieu de cette vaste agglomération. Un fait qui aura pour beaucoup contribué à faire tant de bruit autour de cette démolition. Quelque 3,5 milliards de centimes ont été dépensés dans la construction de la mosquée. Tout un pactole de dons des bienfaiteurs parti en poussière ! Seul le minaret, qui a échappé à la démolition, demeure aujourd'hui dressé au milieu des décombres, témoin d'une entreprise vouée au bricolage. «Le dossier de la mosquée Cheikh Ahmed Hamani nous a donné des leçons très bénéfiques, reconnaîtra un cadre de la direction des Affaires religieuses de la wilaya de Constantine. «Les erreurs du passé ne seront plus reconduites dans les nouveaux projets», certifie-t-on encore. Maintenant, le comité de la mosquée est constitué d'architectes et autres spécialistes qu'il serait très difficile de duper en matière de construction, assure notre interlocuteur. En tout cas, toute cette histoire a porté un sérieux coup à la bonne volonté des donateurs qui participent à hauteur de 90 % du coût de construction des mosquées. L'appréhension de voir le citoyen se détourner du financement des réalisations de lieux de culte est très forte. Les différents comités de mosquées en voie de réalisation en savent pertinemment quelque chose, eux qui constatent une défection chez le citoyen vis-à-vis des appels au don d'argent devant servir à la construction de mosquées. Pour le cas de la mosquée Cheikh Ahmed Hamani, n'est-on pas allé jusqu'à envoyer des lettres anonymes accusant l'ex-comité de la mosquée d'avoir dilapidé 3,5 milliards de centimes ? «Cela est vrai, nous-a-t-on confirmé au niveau de la direction des Affaires religieuses, mais ce sont des allégations. C'est faux !». L'ex-président du comité de la mosquée a lui-même financé ce projet à hauteur de 50 % du coût global de réalisation, a certifié un cadre de la direction des Affaires religieuses, trouvant ainsi aberrant de l'accuser de quoi que ce soit. Le déficit en mosquées au niveau de la nouvelle ville Ali Mendjeli sera comblé dans quelques mois (trois mosquées en voie de réalisation, et deux autres projets bientôt lancés), qui éviteront à la population de longs déplacements vers les mosquées de Zouaghi, ou celle d'Emir Abdelkader. «Il nous faut regarder vers l'avenir, et clore ce triste chapitre de la démolition en question qui ne peut que porter de mauvais préjudices à cette oeuvre de bienfaisance», a-t-il conseillé.