Déchéance d'une noble profession dans les petits calculs d'épicier, ou décadence d'une société dans les affres de la négligence et l'irresponsabilité ? Les officines pharmaceutiques ne respectent plus aucune consigne de garde durant la nuit. Vraisemblablement, un accord tacite est passé sur le sujet entre toutes les pharmacies en activité à Constantine, sans que personne ne trouve à redire. Seul les malades, ou leurs proches, crieront au scandale lorsqu'ils seront dans l'urgence de se procurer un quelconque médicament en pleine nuit et seront alors accueillis à rideaux baissés.
A l'image de ce père, contraint aux environs de 23 heures de rejoindre le centre-ville de Constantine à partir de la nouvelle ville Ali Mendjeli pour acheter des médicaments pour son fils malade chronique, qui n'aurait pu supporter la chaleur suffocante sans sa Ventoline. «C'est franchement inconcevable le fait qu'aucune pharmacie de garde ne soit ouverte la nuit au niveau de la nouvelle ville Ali Mendjeli», s'est-il lamenté.
Le même calvaire est vécu par les riverains des autres communes de la wilaya. Hormis le chef-lieu, où des pharmacies veillent assez tard dans la nuit, ailleurs le système des gardes est banni des habitudes, dire plutôt de la pratique exigée par la réglementation.
En cas d'urgence, donc, la population est dans l'obligation de converger vers ce point de salut, traversant parfois une quarantaine de kilomètres en aller et retour, avec tous les aléas du transport public en nocturne, pour enfin dénicher le médicament prescrit. Une profonde indignation est exprimée par les populations face à cette pénible défection d'un service public. Les concernés, les pharmaciens en l'occurrence, avancent l'argument de l'insécurité en paravent à leur faux bond nocturne. «Les risques d'agression sont très élevés durant la nuit», soutiennent tous les pharmaciens sans exception. Mettant en exergue les exemples concrets de vendeurs ayant échappé de justesse à une mort certaine lors de leur agression à l'arme blanche par des toxicomanes, totalement détraqués, en quête de barbituriques... à tout prix. Lequel argument est rejeté par les services de sécurité qui soutiennent de leur côté que le dispositif mis en place par leur soin offre toutes les garanties d'un travail de nuit pour les pharmaciens, ou tout autres commerces. Peut-être alors qu'il faut voir la chose sous un autre angle, celui de la composante humaine des propriétaires d'officines pharmaceutiques, ainsi que celle des vendeurs, dont les rôles sont presque exclusivement tenus par la gent féminine.
«Près de 80 % des gérants de pharmacie sont des femmes», nous confirme le docteur Damèche en sa qualité de directeur de la Santé au niveau de la wilaya de Constantine. «Chose qui aurait été d'un grand handicap pour l'application stricte du service des gardes de nuit», nous a-t-il confié.
Toutefois, il précisera que ses services, «conjointement avec les représentants des pharmaciens (SNAPO) se penchent sur cet aspect de la question pour aboutir à une solution adéquate».
Aussi, celui-ci a insisté sur l'amélioration du système de santé de proximité qui comble à souhait la défaillance des gardes de nuit. «Huit nouveaux services d'urgence, répartis à travers les centres de santé (polycliniques), sont venus récemment s'ajouter aux trois autres déjà en activité, augmentant à onze le nombre de points où la garde est assurée H24», souligne le docteur Damèche.
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Posté Le : 27/08/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : A Zerzouri
Source : www.lequotidien-oran.com